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L’EMDR

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L’intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires ou plus couramment EMDR, d’après l’anglais Eye Movement Desensitization and Reprocessing, est un type d’intervention à visée  psychothérapeutique mis au point par Francine Shapiro à partir de 1987. Elle est utilisée aujourd’hui comme un des traitements pour la prise en charge du stress post-traumatique (ESPT).

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La particularité de l’EMDR réside dans la stimulation sensorielle généralement appliquée sous une forme bilatérale alternée et le plus souvent par le biais des mouvements oculaires. On parle alors de stimulation bilatérale alternée ou SBA. … Si la découverte de l’EMDR est très récente (1987), cette technique n’est pas sans lien avec des techniques plus anciennes de réadaptation visuelle utilisée pour leurs bénéfices comportementaux et cognitifs, comme l’optométrie cognitive américaine ou l’optométrie comportementale initiée par A.M. Skeffington à partir des années 19204. En France, une telle perspective a été initiée par le neuropédagogue Georges Quertant (1894-1964) au cours des années 1930 et 1940 avec une méthode originale de thérapie visuelle comportementale.

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La thérapie EMDR repose sur le constat que le simple fait de parler d’un traumatisme n’est pas suffisant. Une personne traumatisée ne souhaite d’ailleurs pas évoquer le cœur de la scène traumatique dans la crainte d’être sur-traumatisée. L’EMDR se fonde donc sur un protocole sécurisant accompagnant le patient dans son rappel du traumatisme. Ce rappel du trauma ne sollicite pas seulement le registre verbal mais tous les registres représentatifs : perceptions, cognitions, émotions, sensations corporelles. L’efficacité propre des mouvements oculaires bilatéraux (ou dans celle d’autres stimulations sensorielles bilatérales alternées) dans ce protocole psychothérapeutique, repose sur un modèle neurologique dans lequel l’activation alternée des hémisphères cérébraux faciliterait un travail de reconnexion des étapes du traitement de l’information (émotionnels, mnésiques, comportementaux) qui ont été dissociés par le trauma. D’autres modèles sont en discussion, amenant d’autres explications possibles à l’efficacité de l’EMDR.

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La thérapie EMDR repose sur le constat que le simple fait de parler d’un traumatisme n’est pas suffisant. Une personne traumatisée ne souhaite d’ailleurs pas évoquer le cœur de la scène traumatique dans la crainte d’être sur-traumatisée. L’EMDR se fonde donc sur un protocole sécurisant accompagnant le patient dans son rappel du traumatisme. Ce rappel du trauma ne sollicite pas seulement le registre verbal mais tous les registres représentatifs : perceptions, cognitions, émotions, sensations corporelles.

Francine Shapiro a créé le concept TAI, pour traitement adaptatif de l’information, qui suppose que l’individu intègre ses expériences actuelles (les informations sensorielles et cognitives entre autres) à la somme de ses expériences passées. Le traumatisme correspond dans ce modèle à des informations que l’individu échoue à intégrer et donc en une mise en échec du système TAI. Les informations mal traitées (celles relatives au trauma) se présentent ainsi régulièrement et spontanément à la mémoire du patient dans leur état d’origine, aussi longtemps que ce traitement de l’information ne s’est pas effectué de manière acceptable et compatible avec le psychisme du patient.

Selon une hypothèse, en effectuant des associations libres, dans des séquences d’attention duelle, à partir de tous ces registres du noyau traumatique, des connexions mnésiques (mémoire implicite/explicite, procédurale/déclarative) et informationnelles peuvent s’établir et le patient peut dépasser l’événement traumatique. Selon une autre hypothèse[réf. nécessaire], l’association libre est insuffisante et de plus ne se manifeste pas régulièrement au cours des traitements des traumatismes psychiques par l’EMDR. Pour arriver à mettre en place des connexions susceptibles de modifier la nature du noyau traumatique, il est utile d’adjoindre une stimulation sensorielle, comme par exemple les mouvements oculaires. Cette méthode permet donc au souvenir traumatique d’être réinséré et intégré dans le processus de synthèse de la mémoire épisodique avec le statut de souvenir révolu.

L’un des piliers de la thérapie (outre le rappel du traumatisme) est donc de faire réaliser par le patient des stimulations alternées des deux hémisphères cérébraux (dites stimulation bilatérale alternées, SBA) par exemple par le recours à des mouvements oculaires. Il a depuis été démontré que des SBA autres qu’oculaires pouvaient être employées, comme les stimuli tactiles ou sonores. En d’autres termes, le fait d’amener au cours de la séance d’EMDR le patient à conserver un état d’attention double — à la fois sur le souvenir traumatique (pareillement donc aux thérapies comportementales) et sur une SBA (visuelle, tactile, ou auditive) — a pour effet d’envoyer en direction des centres de la peur (notamment l’amygdale) des informations progressivement apaisantes. En effet, il a été prouvé que les mouvements oculaires s’accompagnent d’une activité cholinergique, c’est-à-dire de relâchement. Un lien s’établirait donc entre l’état de mal-être revécu par la personne centrée sur son souvenir et l’état de bien-être apporté par les mouvements oculaires dans un contexte sécurisant. Ce lien expliquerait le retraitement de l’information dysfonctionnelle propre aux traumatismes psychiques. Comme il existe une constante relation entre les cerveaux limbique et cognitif, une baisse de la tension émotionnelle génère une plus grande possibilité d’associer. Progressivement, la même représentation perturbante est reliée à un ensemble de pensées non génératrices d’émotions et le patient peut considérer autrement ce qui jadis était à l’origine de son trouble de stress post-traumatique (TSPD).

L’efficacité propre des mouvements oculaires bilatéraux (ou dans celle d’autres stimulations sensorielles bilatérales alternées) dans ce protocole psychothérapeutique, repose sur un modèle neurologique dans lequel l’activation alternée des hémisphères cérébraux faciliterait un travail de reconnexion des étapes du traitement de l’information (émotionnels, mnésiques, comportementaux) qui ont été dissociés par le trauma. D’autres modèles sont en discussion, amenant d’autres explications possibles à l’efficacité de l’EMDR.

Protocole

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La thérapie EMDR utilise un protocole de traitement codifié en 8 phases[9] :

  1. Diagnostic et planification : la première phase de la thérapie consiste à s’assurer que l’EMDR est un traitement adapté au patient. Un aspect de cette évaluation concerne la capacité de la personne à faire face aux souvenirs de l’événement traumatisant qui seront ravivés pendant la thérapie. Le thérapeute prépare alors avec le patient un plan de traitement ;.
  2. Préparation et relaxation : le thérapeute doit ensuite préparer son patient à l’EMDR en lui expliquant le déroulement de la thérapie. Il s’assure que le patient maîtrise quelques techniques de relaxation et est capable de contrôler les émotions succédant à une expérience désagréable ;
  3. Évaluation : la phase suivante permet de déterminer les souvenirs qui feront l’objet du traitement. Pour chaque événement traumatisant conscient ou chaque situation anxiogène dans le présent, liée à un événement traumatisant, conscient ou non, le patient doit choisir une image qui représente l’événement ou la situation, une idée négative associée à l’événement (« cognition négative ») et une idée susceptible d’élever l’estime de soi (« cognition positive »). Le patient évalue alors la validité de l’idée positive sur une échelle numérique. Il associe également l’image anxiogène et l’idée négative et évalue l’ampleur de sa détresse sur une échelle numérique (de 0 – tout va bien à 10 – détresse intense). Cette détresse émotionnelle se traduit par un malaise physique qu’il est invité à localiser sur son corps ;
  4. Désensibilisation : le patient se fixe sur l’image traumatisante, l’idée négative et le ressenti corporel. Le thérapeute lui demande de suivre en même temps avec les yeux ses doigts ou un point lumineux qu’il déplace dans l’espace alternativement d’un côté à un autre. D’autres stimuli (bruits successifs à gauche et à droite, claquement des doigts, stimulation tactile, etc.) peuvent être également utilisés lors de cette phase. Le patient est encouragé à suivre les associations mentales qui se font naturellement pendant cet exercice et ce sont ces associations progressives qui sont censées être au cœur du traitement, par exemple en ramenant à la conscience des événements oubliés. Cette phase du traitement continue jusqu’à ce que le patient évalue sa détresse à 0 ou à 1 sur l’échelle introduite lors de la phase précédente ;
  5. Ancrage : la phase suivante vise à associer l’idée positive à ce qu’il reste du souvenir de l’événement traumatisant. Quand l’évaluation de la détresse atteint 1 ou 0, le thérapeute demande au patient de penser à l’objectif fixé en début de séance. Les mouvements oculaires continuent jusqu’à ce que le patient évalue la validité de la cognition positive à 6 ou à 7 sur la première échelle utilisée durant la phase 3. Les étapes 3 à 5 recommencent à chaque séance pour une nouvelle image traumatisante ;
  6. Bilan corporel (body-scan) : le patient garde à l’esprit l’événement traumatisant et l’idée positive à laquelle il a été associé durant la phase précédente et passe en revue systématiquement ses sensations corporelles. Le but de cette phase est de repérer des « tensions » ou des « sensations négatives » qui subsisteraient et d’aider à les dissiper toujours à l’aide de séries de mouvements oculaires ;
  7. Conclusion : à la fin d’une séance, le thérapeute doit faire en sorte que son patient se trouve dans un état émotionnel stable, que le traitement soit terminé ou non. Il prépare également son patient à réagir correctement (relaxation, etc.), au cas où le souvenir de l’expérience traumatisante surgirait entre les séances ;
  8. Réévaluation : au début de la séance suivante le thérapeute demande au patient de repenser au but fixé lors de la séance précédente. En fonction des réactions du patient, il évalue l’effet de la thérapie et adapte son déroulement en conséquence. Vers la fin de la thérapie, le patient est invité à tenir un journal concernant les souvenirs travaillés pendant les séances et les associations qui lui viennent à l’esprit en dehors des séances.
 
Indications

La thérapie EMDR s’adresse à toute personne (du bébé à l’adulte) souffrant de perturbations émotionnelles généralement liées à des traumatismes psychologiques. Il peut s’agir de traumatismes tels les violences physiques et psychologiques, les abus sexuels, les accidents graves, les décès, les maladies graves, les incendies, les catastrophes naturelles, les situations de guerre et attentats, etc. Il peut s’agir aussi d’événements de vie difficiles sources d’émotions ou de comportements inadaptés ou excessifs dans la vie quotidienne (enfance perturbée, séparations, interruption de grossesse, deuils, difficultés professionnelles, etc.). Son intérêt a été plus particulièrement étudié et évalué dans la prise en charge des troubles de stress post-traumatique, et fait l’objet d’une attention particulière en France dans le cadre de la prise en charge des militaires souffrant d’ESPT, chez lesquels il a été remarqué l’effet aggravant des trauma psychiques répétés dans les situations de combat.

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En France, la Haute Autorité de santé considère que le traitement de choix des troubles de stress post-traumatique (TSPT) est constituée par « la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) centrée sur le traumatisme ou la désensibilisation avec mouvements oculaires (EMDR). Tout en rappelant que l’EMDR est contre-indiquée en cas de pathologie psychotique »

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