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Chondrus crispus

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Carraghénane en français

Algues récoltées et consommée par les irlandais depuis des millénaires. Après l’avoir séchée, ils la faisaient bouillir, puis l’ajoutaient à des tartes ou des boissons médicinales. Ses vertus médicinales sont connues de longue date. Au 19ème siècle, cette algue était utilisée par les Irlandais pour guérir les rhumes et la grippe. Car les carraghénanes font partie des rares substances végétales à être gélatineuses. C’est le cas aussi des pectines, du konjac et de l’agar-agar, une autre algue rouge. Pendant la seconde guerre mondiale, lorsque l’agar-agar venu d’Asie se raréfie, l’Occident se tourne largement vers les algues rouges des côtes européennes. Aujourd’hui, les carraghénanes sont massivement utilisés par l’industrie alimentaire pour leur pouvoir gélifiant. C’est l’additif naturel E407, que l’on trouve dans des glaces, des charcuteries… là où il faut épaissir ou stabiliser un aliment.

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Mais ce sont les propriétés médicinales des carraghénanes qui sont les plus intéressantes. Et pourtant, elles ont failli passer totalement à la trappe.

Dans les années 1950, des virologues américains testent une série de substances pour évaluer leur potentiel antiviral. Ils utilisent pour cela des œufs de poule embryonnés. Or, pour introduire les substances correctement dans l’œuf, il leur faut une sorte de « gel ». C’est alors qu’ils utilisent, un peu par hasard, un gel à base d’algues rouges. Peu à peu, à force d’observer des résultats étranges, ils finissent par comprendre que l’algue rouge elle-même a un effet antiviral !

Et en 1958, ils le démontrent dans un article scientifique pionnier3 : les algues rouges carraghénanes ont un effet protecteur contre le virus de la grippe B et le virus des oreillons ! Malheureusement, cette découverte majeure restera sans suite pendant une vingtaine d’années. Cela montre, une fois de plus, à quel point la recherche médicale se désintéresse des antiviraux naturels. Comme s’il n’y en avait que pour les vaccins ou les molécules « innovantes » hors de prix.

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Puis, au cours des années 1980, quelque chose d’étonnant se produit. Coup sur coup, des équipes de scientifiques européens montrent l’efficacité des carraghénanes sur plusieurs virus. Cela commence par des chercheurs français de l’Institut Pasteur de Dakar, au Sénégal : ils découvrent que les carraghénanes sont efficaces pour inhiber le virus de la fièvre jaune4.

Deux ans plus tard, des scientifiques espagnols révèlent la puissance antivirale des carraghénanes contre les virus de l’herpès (HSV-1 et 2)5.

Dans la foulée, des chercheurs belges montrent – toujours in vitro – que les carraghénanes sont également actifs sur le virus du sida (HIV-1)6.

Enfin, en 1991, des scientifiques français révèlent l’efficacité des carraghénanes sur le virus de l’hépatite A7.

Tous ces chercheurs sont ébahis de voir que cette substance naturelle est aussi efficace contre de très nombreux virus… tout en étant inoffensive pour l’être humain aux doses utilisées ! 

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Pourtant, une fois de plus, la recherche s’arrête pendant des années8. Puis, une petite révolution commence à partir de 2006. Car des chercheurs montrent l’effet antiviral de ces algues rouges sur les virus respiratoires : rhinovirus, coronavirus et virus de la grippe. C’est une découverte majeure car cette algue rouge avait un autre intérêt : être visqueuse… comme notre mucus !

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Sources

[1] https://www.foodingredientfacts.org/irish-moss-the-history-of-carrageenans-roots

[2] https://www.irishtimes.com/news/health/irish-moss-to-the-rescue-1.572926

[3] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/13614432/

[4] Digoutte, J.P. & Hème, G. (1985), Activité virostatique des carraghénanes sur le virus fièvre jaune. Rapp. Fonct. Techn. de l’Inst. Pasteur, Dakar, 130-132

[5] https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC174948/

[6] https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC175964/. En 1990, la même équipe belge découvre l’efficacité du carraghénane sur des arénavirus redoutables, responsables de fièvres hémorragiques https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2088208/

[7] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1665574/

[8] En pleine crise du Sida, tout juste pense-t-on à tester un gel à base de carraghénane à insérer dans le vagin, simplement pour voir s’il est bien toléré (ce qui est le cas). Une étude qui sera utile, dix ans plus tard, quand on réalisera l’efficacité exceptionnelle des carraghénanes contre les papillomavirus, in vitro (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16839203/) ce qui conduira à tester un gel vaginal pour stopper ce virus sexuellement transmissible, avec un certain succès https://www.thelancet.com/journals/eclinm/article/PIIS2589-5370(23)00215-8/, https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29684633/.

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