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L’existence d’un lien entre occlusion est posture est actuellement bien documenté, ce qui est encore discuté c’est l’importance relative du capteur « dentaire » par rapport aux exocapteurs.
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Les expériences visant à démontrer l’efficacité des gouttières sur la « puissance » ou sur la « force explosive » de certains sportifs dans des disciplines différentes n’ont pas montré de résultats réellement objectivables néanmoins un certain nombre d’athlètes les ont adopté. Voir l’article (Que font les meilleurs joueurs de tennis avec leur langue ?)
Ce que nous souhaitons mettre en évidence c’est la nécessité du changement de paradigme indispensable pour aborder les troubles de la posture. Tant que l’on reste dans une optique « causaliste » la décision thérapeutique est centrée sur le choix du capteur en cause. Si on adopte le concept de synchronicité les options thérapeutiques s’ouvrent.
Le but de cet article est de montrer qu’il est tout à fait cohérent d’affirmer que :
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« L’HOMME SE TIENT DEBOUT SUR SES DENTS »
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Que nous disent les posturologues à propos du « Système postural »
En posturologie, le système postural est l’organisation, en système multimodalitaire, de différents éléments concourant à l’élaboration du tonus musculaire de soutien d’un individu.
Rappel : La notion de « système » fait référence à un assemblage d’éléments qui se coordonnent pour concourir à un résultat. En grec « sustêma » signifie ensemble. Ce mot provient du verbe « synistanai » qui veut dire combiner, établir, rassembler.
Tout système se caractérise par : – des entrées (elles sont ici sensorielles) – un organe de traitement et d’intégration (ici le système nerveux central et ses voies) – une sortie (ici la modulation du tonus musculaire).
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Définition :
Le système postural d’aplomb fait référence à un assemblage d’éléments qui se coordonnent pour concourir à la stabilisation (relative) de l’homme debout au repos.
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Description
On sait que l’homme debout au repos se stabilise dans son environnement en utilisant les informations sur sa position dans cet environnement qui lui sont fournies par l’œil, l’oreille interne et le pied, les trois « exo-entrées » du système, affirmation que les posturologues conventionnel complètent en ajoutant : « et jusqu’à présent nous n’en connaissons pas d’autre ». .Le postulat de base est donc : seuls des organes sensitifs et sensoriels en rapport avec l’environnement peuvent permettre la stabilisation précise de l’homme dans cet environnement.
Une étude un peu plus approfondie permet de douter de la véracité de cette affirmation : en effet, l’œil tourne dans l’orbite alors que le vestibule est bloqué dans le massif pétreux. Les informations de position fournies par la vue ne peuvent donc pas être comparées aux informations de position fournies par l’oreille interne si la position de l’œil dans l’orbite n’est pas connue du système postural.
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L’oculomotricité, qui donne cette information, est donc une entrée nécessaire du système postural bien qu’elle n’ait aucune relation directe avec le monde extérieur; c’est une « endo-entrée » du système postural. Le même raisonnement s’applique au rachis, en particulier à ses deux parties les plus mobiles, cervicale et lombaire, ainsi qu’aux articulations des membres inférieurs qui donnent la position de « l’exo-capteur plantaire » par rapport aux « exo-capteurs » céphaliques. L’information proprioceptive de tout l’axe corporel est donc aussi une « endo-entrée » du système postural, bien qu’elle n’ait aucune relation directe avec le monde extérieur.
A la question de l’occlusodontiste: « Peut-on dire – en restant dans la logique des posturologues- que l’entrée dentaire constitue une exo entrée » ? La réponse est non, car cette entrée ne répond pas à la définition donnée plus haut d’organe sensitif et sensoriel en rapport avec l’environnement En revanche, bien que rarement citée elle constitue bien une des « endo-entrées ».
La simple énumération de ces informations multimodalitaires laisse entrevoir le nombre considérable d‘intégrations que le système nerveux doit réaliser pour déterminer sa commande posturale et il doit les réaliser en temps réel sinon l’homme debout vacille. Il n’est donc pas absurde d’émettre l’hypothèse que cette interaction sensorielle puisse par elle-même faire problème. Tout médecin d’ailleurs a rencontré de ces malades qui se plaignent d’avoir du mal à tenir debout, soit qu’ils titubent, soit qu’ils souffrent dans cette posture, alors qu’un examen soigneux oto-neurologique, neurologique, ophtalmologique, etc., ne décèle rien d’anormal. Tous leurs capteurs sont « bons » et pourtant ils [les patients] ont du mal à tenir debout. On peut nier les problèmes de ces malades… mais on peut aussi penser que leurs problèmes, s’ils ne sont pas au niveau des capteurs, sont ailleurs, [et pourquoi pas ?] au niveau de l’intégration sensorielle.
Remarque : le discours, ci-dessus et ci-dessous, vient corroborer l’inutilité [ou au moins le peu d’intérêt] d’une approche « causaliste » – qui est utilisée par certains thérapeutes pour décider qu’il faut commencer par traiter telle ou telle « entrée » du système – …. et la pertinence d’une approche « synchroniciste » – qui considère, elle, que ce sont les problèmes d’intégration et donc le fonctionnement du système intégrateur qui doit être considéré en premier !
Ce qui est important c’est le fait que : Aucune exo-entrée du système ne fournit une information posturale suffisante à elle seule.
On peut remarquer par ailleurs que l’efficacité posturale du signal rétinien est logiquement liée à une intégration sensorielle. De soi en effet la signification posturale du glissement rétinien est strictement ambiguë, ce glissement peut être provoqué par un mouvement du corps, mais aussi par un mouvement de l’environnement ou par un mouvement de l’œil. La signification posturale du signal rétinien doit donc être décryptée par sa comparaison aux signaux venus des autres exo-capteurs – vestibulaires et plantaires – en tenant compte des données oculomotrices et proprioceptives. Sans cette intégration sensorielle le signal rétinien n’a aucune valeur posturale. Prenons l’exemple d’un voyageur assis dans un train et qui ne voit par la fenêtre de son wagon que le train rangé au côté du sien. Lorsque le train voisin démarre le voyageur a soudain le sentiment que c’est son train qui démarre … illusion qui ne dure qu’un temps très court …. Le temps que met le système d’intégration pour comparer les données du capteur oculaire avec celles du capteur vestibulaire qui, lui, déclare : « non, non, il n’y a pas d’accélération ! »
Ceci est d’autant plus vrai que notre système visuel est très facile à tromper. Nous illustrerons simplement cela par cette image
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Des expériences ont aussi été réalisées avec des gymnastes dans le but de rendre évidents les effets de simples prismes modifiant leur entrée visuelle sur l’intégration de leur schéma corporel… Ces expériences ont permis de démontrer que chez un gymnaste bien entrainé et capable de réaliser un équilibre sur les barres parallèles le simple fait de perturber l’entrée visuelle par des prismes le rend complètement inapte à reproduire le même résultat ! (illustrer ! j’ai pas de quoi !)
Acceptons cette idée qu’aucune des exo-entrées du système ne fournit une information posturale suffisante à elle seule ainsi que son corollaire : le travail d’intégration des données fournies par les endo-entrées est tout aussi indispensable.
La question de l’occlusodontiste devient alors : Disposons-nous de preuves de l’influence de l’endocapteur dentaire en posturologie ? La réponse est OUI !
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Source : la thèse de J. MEYER.
Meyer a fait une étude (thèse de 3ème cycle Paris 1977) sur la participation des afférences trigéminales dans la régulation de l’activité tonique posturale orthostatique – chez les tireurs (arc, carabine) de haut niveau. Un sportif de haut niveau doit avoir une perception très fine de son « schéma corporel ». Tout dérèglement, même minime de l’activité tonique posturale se traduisant par une baisse des performances. Ceci est particulièrement facile à mettre en évidence chez les tireurs en observant la valeur de (S)= surface de projection du centre de gravité d’un sujet installé sur une plateforme de stabilométrie.
A propos de la surface (S) -Meyer a utilisé le « statokinésimètre » de BARON- l’ordre de grandeur est en moyenne pour un sujet jeune en bonne santé d’environ S = 20mm² et pour un membre de l’équipe de France de tir à la carabine de S = 6 mm² ! Chez le tireur à la carabine pris en exemple par J. Meyer, qui avait vu ses performances chuter, la valeur de S était passée de 6 à 10 mm²… après avulsion de la dent en cause et intégration des nouvelles données par le système, la valeur de S est revenue à 6mm² en trois semaines… et les performances ont suivi.
MEYER avait déjà démontré dans une étude avec J.B. Baron que l’anesthésie ou la stimulation de certains récepteurs trigéminaux au niveau du desmodonte ou des muscles masticateurs entraîne une perturbation de l’activité posturale. Dans sa thèse il a montré que des perturbations desmodontales (même en l’absence de stimulus douloureux bucco-dentaires) trouvées chez des tireurs de haut niveau étaient responsables des baisses de performances qui les avaient amenés à consulter. Ceci confirme la participation des informations trigéminales dans la régulation de l’activité posturale. Accessoirement Meyer note qu’il faut un délai de trois semaines pour que les sujets « refassent » leur schéma corporel et retrouvent leur niveau de performance antérieur. (Note JPM il semble que ce délai de trois semaine corresponde à un temps obligatoire d’intégration des nouvelles données par le S.N. central( ?)… c’est un constat à propos duquel nous n’avons pas d’explication …mais qui n’est pas sans intérêt thérapeutique)
On peut donc affirmer avec Meyer que l’endocapteur dentaire joue un grand rôle ce qui me conduit à affirmer à la suite de Meyer et Baron (et Gagey et quelques autres…) que ce que nous faisons tous les jours dans la bouche de nos patient a une répercussion sur leur tonus postural !
Et ces répercussions sont d’autant plus importantes que le degré d’appréciation du capteur dentaire est petit : Des études ont été faites chez des sujets disposant de rapports d’occlusion excellents et d’un mode de fonctionnement bien maitrisé. On équipe les premières molaires inférieures de ces sujets d’inlay occlusaux porteurs d’une cavité susceptible de recevoir des pièces usinées (rectifiées) dont on connait très précisément l’épaisseur. On met en place successivement une série de ces pièces usinées d’épaisseur variable et il suffit ensuite de demander au sujet de l’expérience s’il ressent une surépaisseur ou pas lorsqu’il amène ses dents finement au contact. Cette étude a permis de déterminer que le système occlusal est capable d’apprécier, en moyenne, une surépaisseur de 2 à 5 microns.
Comme dirait Fabrice Lucchini : « deux microns … c’est ENORME ! »
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A suivre …..
Notre but est de mettre à disposition des internautes (étudiants, professionnels de la santé et patients) les renseignements disponibles dans le domaine des médecines douces (en anglais, l’on parle de « complementary and alternative medicine »), au sein d’un concept global d’équilibre du terrain, pour qu’ils participent avec nous au débat ouvert sur la médecine de demain … dans une approche systémique de la santé, des symptômes et des remèdes !
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