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Nous empruntons ce terme une célèbre émission de France inter, qui rend bien notre démarche de voyage : rencontrer la flore, les gens et le système de soins d’un pays particulier, si possible assez différent du nôtre. Notre petit groupe de 6 professionnels de la santé (un médecin, trois praticiens de médecine manuelle, un botaniste et une naturopathe) a passé 12 jours à Cuba en cette fin de février 2017. Nous nous sommes retrouvés à Madrid, pour un vol aller de jour : 10h vers la Havane.
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Une « image d’Epinal », pour une île « à part » !
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Cuba, avec un embargo nord-américain qui dure depuis une cinquantaine d’années et le choix d’un système de santé et d’éducation socialiste nous a passionné ! Chaque village ou quartier de ville est équipé d’un centre médical de premier niveau qui fonctionne avec le triptyque « médecin – infirmière – assistante sociale » qui se répartissent les différentes actions de médecine préventive d’un bon niveau (1500 patients environ par médecin) : hygiène, polyvaccination (malheureusement !) et suivi diététique et médicamenteux, essentiellement des médicaments d’urgence et des plantes (ici, naturopathie = « medicina verde »). Quelques complexes homéopathiques sont aussi couramment utilisés (lab. Alivia).
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Notre équipe de passionnés avec un jeune médecin cubain (pas très au fait de la nocivité de certains vaccins !)
Le second niveau médical est constitué par les spécialistes qui interviennent plus ou moins régulièrement dans les dispensaires de premier niveau. Le troisième échelon est constitué des services spécialisés des hôpitaux universitaires.
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Le reste de notre équipe franco-suisse et notre guide : Gleysis
Guide médical pratique de naturopathie dans les dispensaires
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Les soins et les médicaments sont gratuits (une molécule générique par classe thérapeutique, donc avec une cinquantaine de boites, on couvre la pharmacopée allopathique !), tout cela contrôlé par le gouvernement. Le salaire mensuel d’un médecin (hors frais de garde) est de 50 euros environ (somme qui peut atteindre 65 euros avec les gardes) ! Il existe dans chaque capitale provinciale une clinique pour les résidents étrangers et les touristes, avec des consultations à 25 euros.
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pharmacie locale
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La population est bigarrée et les pathologies « tropicales », c’est à dire avec beaucoup de « glaires » (TAN en MTC). Comme dans toutes les Antilles, la prévalence du diabète et de L’HTA est importante (x 5 par rapport à l’Europe), puis vient l’arthrose. L’île est saine, il n’y a pas de serpents dangereux, ni d’autres endémies que la dengue (moustiques). La prévalence du SIDA est faible (contrairement à Haïti, l’île voisine, au système de santé défaillant).
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Les très belles places de la vieille ville
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La Havane est splendide et en pleine réhabilitation : belles places aux riches arcades et hôtels particuliers somptueux. Les petites villes de campagne sont proprettes (contrairement à beaucoup d’autres coins des Antilles). Il y a des chambres d’hôtes partout. Les plages sont partout accessibles et l’eau autour de 24° ! Seul point noir : l’accès internet, quasiment limité au cœur des grandes villes et payant (il faut acheter une petite carte avec des numéros d’accès … mais qui ne fonctionne que sur Androïd !) et le téléphone aléatoire : nous n’avons reçu que six appels téléphoniques et autant de SMS en 12 jours !
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Coco-taxi : mobylette carénée pour le transport !
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Nous avons eu le plaisir d’être initiés aux principes de la « Santeria », religion syncrétique pratiquée par la majorité des cubains, toutes origines confondues. Les « Orishas » sont les anges médiateurs entre le créateur et les humains, ils ont des noms africains, mais pour ne pas avoir de problème avec l’église, ils leur ont choisi leurs équivalents dans le panthéon catholique ! Les rituels se déroulent à domicile, avec des pierres et coquillages « chargées » des pouvoirs de l’Orisha, rangés dans de belles soupières richement décorées. Les chants et les tambours ponctuent les cérémonies dont la plus importante est l’initiation d’un jeune accompagné du parrain qu’il a choisi et des fidèles du quartier. Nous avons eu le rare bonheur d’être acceptés à deux de ces cérémonies à La Havane, introduits par notre guide, lui-même initié et jouissant d’un certain prestige au sein de sa communauté.
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Orishas
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Le parc automobile commence sa troisième jeunesse, constitué pour un tiers de vieilles américaines ayant été remotorisées avec des petits diesels japonais !
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Les belles américaines …
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Les suspensions ont depuis longtemps rendu l’âme (ce qui incite les conducteurs à ziz-zaguer pour éviter les trous), les freins sont à tambours et les essuie-glaces sont rares ! Bien sûr, pas d’appui-tête, ni de ceinture de sécurité, ni de contrôle anti-pollution (nuage de fumée garanti à chaque démarrage !).
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mais bricolage mécanique de rigueur !
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On observe encore des tas de side-cars russes (600 cc Ural) ou tchèques (350 cc Java) et même est-allemandes (250 cc MZ) des années 70, dans un état de bricolage avancé. Le revêtement des routes est assez moyen, mais la bonne humeur de tous et la vitesse limitée à 100 km/h (beaucoup de véhicules ne les atteignent pas !) limite les risques.
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Laurence en action ?
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Comme la grande majorité de la population n’a pas de moyen de transport, dans les villes, les « vélo-taxis » à 3 roues sont légion, avec 2, 3 ou 4 places. Ils ont tous une grosse batterie de camion, non pour une aide électrique au pédalage, mais pour alimenter la radio (qui fonctionne généralement assez fort) et les lumières du véhicule.
Vélo-taxis
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A la campagne, ce sont les carrioles à cheval, à 2, 4 ou 6 places, qui occupent la chaussée, parfois sur la voie de droite de l’autoroute ! Dans les champs, les paires de zébus tirent des araires (charrues sans roues) pour planter le manioc ou la canne à sucre. Le matin, vous êtes réveillés pour les concours de chants des coqs, des chiens et quelques camions pétaradants.
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On va récolter la canne ?
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La flore est dominée par les monocotylédones (zingibéracées, graminées, palmiers) et les fabacées (ex.: tamarin, robinier, haricots …). On voit aussi beaucoup de solanées (plantes du soleil : tomate, belladone, tabac …) et de myrtacées (sortes de rosacées tropicales). Les épiphytes y sont nombreuses (broméliacées et orchidées). Les feuilles qui dominent sont lancéolées, palmées (5, ex.: le ricin) ou cordacées (en forme de cœur : lianes).
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Orchidées
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Il y a, bien-sûr, tout un tas de fleurs spectaculaires (hibiscus) et de fruits délicieux dont nous n’avons pas l’habitude (goyave, prune de Cythère …).
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Certaines nous ont surpris, comme le « Chardon bénit tropical », qui ressemble à notre chardon européen, mais qui est une papavéracée !
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Ruche de Melipones
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Nous connaissions la renommée du miel de Cuba, abondant et délicieux, car les cultures sont sans pesticides. Ils ont une variété d’abeilles autochtones noires, les « melipones », qui ne piquent pas et font un miel délicieux, ainsi que des réserves de pollens jaune d’or. Les deux mélangés, cela fait une explosion en bouche qui vous garde en forme, malgré la chaleur parfois étouffante vers midi (nous sommes pourtant en hiver !). Ils utilisent une goutte de ce miel, versé directement sur la conjonctive, comme traitement des cataractes débutantes (il parait que ça marche très bien) !
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Recette du Mojito, l’apéritif national ++
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Le système d’éducation est également entièrement égalitaire et totalement pris en charge par l’état. Beaucoup d’étudiants africains en profitent actuellement. Il existe des bourses d’échanges européennes pour les étudiants en fin de cursus (master, doctorat). L’accès internet à l’université reste contingenté : le professeur que nous avons rencontré avait beaucoup de mal à envisager que le e-learning serait bientôt majoritaire, comme partout ailleurs !
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Des fruits à profusion
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Nous avons également passé deux jours dans une communauté paysanne, groupe de plus de 200 personnes, au centre de l’île. Après la période de monoculture de la canne à sucre (qui s’est terminée à la chute de l’URSS), elle a été suivie de la « période spéciale » qui a vu la mise en place d’une réforme agraire avec distribution des terres. Les paysans cubains sont regroupés en divers types de coopératives, pour la mise en commun du matériel et des moyens de production en autogestion, visant à l’autosuffisance alimentaire de l’île. La sécheresse de ces dernières années (ils sont inquiets du réchauffement climatique) les poussant à varier les cultures vers des espèces moins avides d’eau.
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Séchage des feuilles de tabac
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Sorte de « revenu inconditionnel », chaque cubain a un carnet de délivrance (par les magasins d’état, pour une somme symbolique) d’une ration alimentaire mensuelle de riz, haricots, sucre, huile et poulet, ce qui a eu pour effet d’éradiquer la malnutrition de l’île et les mendiants.
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Langoustes (pour les touristes surtout ?)
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Partout, les gens sont souriants, disponibles pour discuter et assez curieux des questions que vous leur posez. Pour 10 à 15 euros, on vous propose un repas complet : petit consommé, plat de riz et haricots noirs, avec au choix : poulet, porc, bœuf, poisson, langouste et même crocodile (chair blanche ressemblant un peu au poulet), accompagné de manioc, tomates, choux, bananes plantain (frites) ou patates douces et dessert (flan caramel, coupe de fruits ou glaces). Les boissons sont en sus, mojito (l’apéritif national au rhum et à la menthe) et bière blonde pour 2,5 euros environ.
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« Guantanamera … Guantanameraaaa … ma ville … » grand classique de la salsa !
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Il y a de petits orchestres dans de nombreux bars des centre-villes, ce qui rend le « paseo » (la promenade du soir en famille) tout à fait sympathique. Nous avons aussi été initiés aux joies des « domino cubains », comme les nôtres, mais qui vont jusqu’au double 9 !
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Soirée dominos avec les paysans de la coopérative (attention au double 9) !
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Préservés des ravages de Monsanto par le blocus US, les centres de permaculture se sont multipliés. La permaculture a le vent en poupe : sur les 1400 m2 que nous avons visité, ils font 7 récoltes annuelles et produisent 20 tonnes de légumes et plantes médicinales. Le développement et recyclage local sont privilégiés, les forêts sont préservées. Ils ont lu notre paysan philosophe Pierre Rahbi pour ses travaux sur le compost et sa philosophie de « décroissance heureuse ».
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Le « désespoir des singes »,
qui en devenant (très) grand va perdre ses épines et devenir un …
gigantesque Fromager, espèce proche du Baobab
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Les fermes de plantes médicinales se développent également. Nous avons visité celui de Cienfuegos, qui cultive 300 espèces sur 35 hectares, la plupart distribuées gratuitement au sein de leur dispensaire, et 22 qui sont commercialisées par la voie pharmaceutique. Ils recueillent aussi quelques plantes sauvages dans la forêt des collines qui domine le centre, dont de la vanille sauvage, ce qui est rarissime, l’insecte pollinisateur n’existant théoriquement qu’au Mexique ! Certaines indications utilisées nous ont surpris, ainsi le Sureau qu’ils donnent pour les cas de THADA, le Basilic comme hypotenseur et hypoglycémiant et les jeunes pousses de Tomate, contre la cystite. Bien évidemment, partout où nous sommes allés, nous avons échangé des graines …
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Visite au jardin des plantes médicinales
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En discussion avec la directrice et échange de graines ++
Pour ceux qui veulent les détails de notre périple, nous avons fait : La Havane (Habana), puis vers l’ouest : la vallée de Soroa-Vinales, curieuses collines calcaires (inscrites à l’UNESCO, où nous avons vu la fabrication des cigares (feuilles collées au miel !) et visité une grotte (la cueva d’el indio). Puis vers l’est : Matanza, Santa clara, Remedios (cathédrale du 15ème), Sancti Spiritus, puis Trinidad (merveilleux petit bourg féodal), pour passer par Cienfuegos (belle baie) et retour par la baie des cochons (célèbre depuis la tentative de débarquement de la CIA) où nous prenons notre dernier bain avant la Havane et l’avion de retour vers Madrid (8h de nuit seulement, à cause des vents en haute altitude).
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Jouets en canettes recyclées
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Sur la photo ci-dessous, vous remarquerez que je porte la chemise brodée à 4 poches, la Guayabera, typique de Trinidad.
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Devant la marina de la baie de Cienfuegos (il reste de la place comme vous pouvez le voir !)
Nous espérons revenir y faire un tour prochainement, pour approfondir nos contacts, avec ceux d’entre vous qui souhaitent faire ce type d’expériences sympathiques.
« Hasta la victoria, siempre ! » comme le disait le Ché ?
Dans l’attente de vos questions et propositions …
Notre but est de mettre à disposition des internautes (étudiants, professionnels de la santé et patients) les renseignements disponibles dans le domaine des médecines douces (en anglais, l’on parle de « complementary and alternative medicine »), au sein d’un concept global d’équilibre du terrain, pour qu’ils participent avec nous au débat ouvert sur la médecine de demain … dans une approche systémique de la santé, des symptômes et des remèdes !
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