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J’entends souvent dire « Je n’aime pas Noël ! »

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Quand cela se passe dans les meilleures conditions et dans le cœur, pour beaucoup, Noël est un retour à la petite enfance avec tout son cortège de gâteries et de lumières qui scintillent. L’ambiance est pétillante. Pour beaucoup, il est le temps de retrouvailles et des repas en famille. Pour beaucoup, c’est une fête incontournable. Tout le monde se prépare à honorer cette tradition. La question de la religion n’en est plus vraiment le moteur mais le sacre de la famille y est toujours privilégié.

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C’est la fête ?

Cependant, depuis quelques années cette fête, qui devrait être spirituelle, porteuse d’un message fort de solidarité et de générosité, est conditionnée à une plus triste destination : la surenchère des cadeaux, la surenchère des dépenses alimentaires… Le festin et la frénésie des achats annoncés bien des semaines avant, par les temps de privation de beaucoup, ne peut pas que se placer sous le signe de l’insouciance. La disproportion des achats des uns laisse songeur par rapport à la misère des autres. Et que dire quand Noël est lié à un mauvais souvenir, quand il rappelle la solitude et l’isolement, quand il devient obligation plus que joie et partage ? C’est alors une véritable épreuve !

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Je rencontre dans mon cabinet plus de tristesse et de lassitude que d’émerveillement. Noël dont on nous rabat les oreilles à partir de la mi-novembre prend souvent un goût amer. Et personne n’ose le dire. Qui oserait dire haut et fort « je n’aime pas Noël » ? Je perçois l’angoisse de la course aux cadeaux plus que la joie de vivre un instant unique et sacré. Je perçois l’angoisse de la confrontation à sa famille et la loi du « je vais bien, tout va bien » ou pire encore des règlements de compte. Comme si cette fête ne poussait pas à vivre en vérité mais pousse plutôt à s’adapter à la tradition et du politiquement correct.

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On a le droit de ne pas croire ou de plus croire en la magie de Noël. Le cliché de la famille unie peut être insupportable et réveiller pour certains de vieux conflits tout comme réveiller aussi le vide laissé par des proches récemment décédés.

Bien sûr que c’est difficile d’assumer de ne pas aimer cette fête quasi universelle. Et ce n’est pas de circonstance de parler de sa déprime alors que tout semble aller pour le mieux pour la plupart des gens. Sans compter que le bonheur des autres peut exacerber cette tristesse.

Pouvons-nous redonner ses lettres de noblesse à cette fête ?

Certains y parviennent. Il y a d’autres possibilités, il y a l’occasion d’être très créatif, d’inviter des amis, d’aller partager quelque chose de vrai dans une association… Dire non aux achats compulsifs, dire non à la gabegie, dire non à ceux que nous ne souhaitons pas croiser… Vous n’êtes pas obligés d’accepter des invitations, de vous laisser dicter les règles figées et dévoyées. Vous pouvez même partir en voyage. En tout cas, n’hésitez pas à renoncer aux repas avec la famille élargie si ce n’est pas soutenable, restez juste en petit comité. Avec la simplicité de la rencontre, profitez-en pour responsabiliser vos enfants avec un cadeau essentiel. Vous pouvez même faire vos achats en conscience auprès d’associations humanitaires, auprès d’artisans et dans un état d’esprit équitable. Réinventez Noël !!!

Un peu de psychologie :

Le sentiment d’être pris au piège et de nourrir l’hypocrisie collective crée aussi colère et angoisse. Il s’agit de trouver comment se donner les moyens de faire autrement si cela ne convient pas. Ce qui est le plus difficile en fait, c’est sans doute de quitter l’idéal de cette fête. C’est oser renoncer à revivre ce rituel. Car ce n’est pas simple de gérer cette nostalgie des temps anciens à l’odeur de cannelle et des batailles de boules de neige… la féerie.

Nous y voilà ! Nous renouvelons ce faire-semblant pendant le temps des enfants, puis des petits-enfants. Mais nous le renouvelons surtout pour nous. C’est une grande perte et une grande désillusion quand, petit enfant, nous comprenons que le père Noël n’existe pas et qu’il va falloir faire avec. Cela correspond à la dure période de devenir raisonnable (vers 6/7ans), de se séparer du lien fusionnel avec maman et/ou papa et de se plier aux règles des adultes. Cela fait beaucoup de sacrifices en même temps.

Mais encore :

Le père Noël est un symbole fort qui s’apparente au divin. Enfant, nous prions pour qu’il exauce nos vœux, nous lui écrivons et nous savons qu’il est celui qui peut punir et priver si nous n’avons pas été sages. Il est en miroir de ce que les adultes sont tenus de transmettre. Ils se servent de cette croyance pour faire régner l’ordre. Le père Noël fait figure d’autorité comme les parents parfois dépassés et qui tentent de raisonner leurs chérubins avec cette épée de Damoclès. C’est un substitut parental, à la fois nous le craignons et nous l’aimons. Nous retrouvons toute l’ambivalence de notre rapport à l’autorité. C’est une nécessité mais aussi une contrainte qui nous permet un passage initiatique. C’est apprendre à être raisonnable. C’est une mise en conscience que tout n’est pas permis, que tout n’est pas possible.

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Devenue la fête du pouvoir d’achat et de la permissivité, cela lui fait perdre par ricochet une forme de crédibilité. Les enfants ont le droit d’exiger un maximum de cadeaux mais n’avons-nous pas le devoir de ne pas tout leur offrir pour qu’ils rencontrent la frustration et la valeur de chaque chose ? Même ce jour-là ! Une occasion à la fois de récompenser et de poser les limites. Une occasion de faire une trêve certes mais en donnant du sens. Il y a en Noël une épreuve de la réalité paradoxalement basé sur un imaginaire. Tous les mythes et les contes sont des vecteurs d’enseignement et de compréhension de nos modes relationnels. Réduire Noël à un échange de cadeaux lui enlève cette prérogative. Il n’en reste que l’éphémère d’une scène familiale souvent théâtralisée. La question de la limite et du cadeau qui récompense à sa juste mesure n’a plus sa place.

Voici donc mes appréciations sur cette fête qui perd de sa superbe parce que le symbolique n’en est plus le manifeste. L’aspect matérialiste de cette fête ne permet pas les rencontres sur un fond de sincérité. L’obligation familiale de se rencontrer n’en est que plus pesante.

Se recentrer sur soi et faire ce qu’on a envie de faire, n’est-ce pas le plus beau cadeau de Noël ?

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