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blank       Ananda, le premier disciple, demande à Bouddha :

                        « Maître, vous parlez toujours de sage, mais qui est sage ? »

                        et Bouddha de lui répondre :

                        « Un sage, c’est un homme qui est en paix avec ses intestins« .

La constipation

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C’est une affection chronique répandue, concernant surtout les femmes (1 sur 3 !), qu’il convient de :

  1. préciser : nombre de selles par semaine, s’il y a des envies ou non, leur aspect (sécheresse) et couleur, si les gaz sont importants, l’existence de douleurs abdominales, l’alternance avec des épisodes de diarrhée ? On appelle « dyscinésie » une difficulté à l’évacuation des selles (moins de 2 par semaine), avec sensation de blocage et défécation prolongée (supérieure à 10 minutes) ou nécessité d’une aide manuelle et sensation d’évacuation incomplète.
  2. ne pas négliger une étiologie organique : mégadolicocolon, diverticulose, polypes, rectocèle (= hernie de la paroi rectale), cancer …
  3. la replacer dans son contexte : affection concomitante (grossesse en cours, suite d’anesthésie ?), prise de médicaments : tranquillisants, somnifères ++, personnalité spasmée ou obsessionnelle (constipation en voyage).

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Pour assurer un transit digestif régulier, il faut insister sur les points suivants :

  1. absorber chaque jour un litre de liquide minimum,
  2. augmenter le volume du bol alimentaire (cf. constipation des régimes restrictifs) par des substances riches en cellulose : légumes verts, fruits durs (pruneaux, figues…), son (mais pas trop, car irritant), psillium …
  3. rééduquer l’intestin : se présenter à heure fixe aux toilettes, pour rythmer le réflexe évacuateur. Ne jamais se retenir pour éviter une perte de temps.

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Les solutions proposées par les classiques dans l’urgence sont :

  • les laxatifs qui augmentent la quantité d’eau dans les selles : macrogol, lactulose, lactilol. On les appelle des laxatifs « osmotiques » ;
  • les laxatifs qui font gonfler la quantité de selles : mucilages tels que psyllium, le son et l’ispaghul. Ils rendent les selles molles. On les appelle des laxatifs « de lest » ;
  • les laxatifs qui lubrifient les selles, pour mieux les faire glisser dans les intestins : huile de paraffine. On les appelle laxatifs « émollients »;
  • les laxatifs qui déclenchent des contractions du gros intestin. On appelle ces stimulants des « purgatifs » (rhubarbe, ricin, séné, aloès, bourdaine, bisacodyl …). Ils déclenchent le besoin d’aller à la selle, mais à terme irritent l’intestin ! Ces effets néfastes sont présents y compris quand ces produits sont pris sous forme de simples tisanes à base de plantes.
  • il existe des « laxatifs de secours » qui se présentent sous la forme de suppositoires ou de produits à injecter dans le rectum (mini-lavements). Ils agissent principalement par inflammation du rectum, et ne doivent pas être utilisés régulièrement.
  • Les laxatifs à base de magnésium sont « hybrides ». Ils sont à la fois stimulants et hydratants. Ils irritent la muqueuse de l’intestin, provoquant des douleurs. Ils peuvent entraîner des troubles de l’hydratation et une baisse du potassium dans le sang. Ils peuvent abîmer le foie et les reins. Le magnésium, de plus, est contre-indiqué en cas d’insuffisance rénale (risque d’hypermagnésémie).

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Pour traiter la constipation BOERICKE a proposé une liste de 90 médicaments homéopathiques ! 

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Corrigez avant tout le trouble fonctionnel : cinq grands mécanismes sont à rechercher :

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1 – la constipation spasmodique (excès de Yang –> désirs inefficaces, douleur anale fréquente)

  • Nux vomica (s) … hyper-actif survolté –> spasme anal. Alimentation trop riche (ou médicaments), digestion difficile avec somnolence
  • Sepia (mg) … digestion lente et difficile, langue chargée, selles dures et sèches, dépression et « bearing-down »
  • // Collinsonia (mg) … en cours de grossesse (ou dysménorrhée), hémorroïdes pruriantes
  • // Lilium tigrinum (mg) … sensation constante de boule dans le rectum. Vécu hystériforme du problème !
  • Platina (au) … constipée »en voyage », changements d’habitudes, douleurs anales « en anneaux »
  • Constipation émotionnelle = Ignatia amara 30CH quelques granules …

Tous ces remèdes peuvent s’aggraver en :

Plumbum (pb) … paraisie digestive, selles en « crottes de mouton », constipation puis faux besoins et coliques.

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2 – la constipation atonique (vide de Qi -> inertie rectale : pas de besoins)… fatigue ++, cause à chercher

Kalium carb. (insuffisance cardio-respiratoire) … tout aliment semble se transformer en gaz (Sycose)

  • // Kalium aluminium sulfuricum … constipation opiniâtre
  • // Hydrastis (k) … auto-intoxication, après abus de laxatifs, sur fond dépressif.

Baryta carb. … obésité et HTA, ralentissement général avec constipation chronique 

// Opium (ba) … parésie et sécheresse de la muqueuse intestinale + flatulence (après tranquillisants ou somnifères)

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3 – la constipation par sécheresse (vide de Yin du rein -> vide d’eau -> chaleur)

Bryonia alba (ph) … langue blanche, fièvre avec soif intense

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Lycopodium (al) … sécheresse et inactivité rectale, ballonnements abdominaux, hémorroïdes

  • // Berberis (al) … antécédents de crises de goutte ou calculs urinaires, selles décolorées
  • // Evonymus atropurpureus (al) … flatulences, hémorroïdes et céphalées
  • // Alumina … grosses selles, dures et noueuses avec mucus, anorexie, langue sèche et crevassée

Sedum acre (ac) … constipation sur hémorroïdes, avec fissure anale (pré-K ?)

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* Sécheresse + spasmes :

Phosphorus … constipation des vieillards (épuisé, vertiges …)

// Chelidonium (ph) … constipation alternant avec diarrhée, douleur vésiculaire à irradiation postérieure

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Natrum mur. (na) … langue « en carte de géographie », selles dures et sèches

// Thuya occ. (na) … selles à ressort, faux besoins –> obsessions jusqu’à « sentir bouger quelque chose dans son ventre »

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NatMur

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Causticum (am) … besoins fréquents et inefficaces, rectum inactif : les selles passent mieux debout.

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* Sécheresse + atonie (vide de Qi) :

Silicea … efforts souvent inefficaces : la selle remonte (selles « à ressort »)

// Sanicula aqua (si) … l’atonie rectale du mégadolicocolon (eau de source laxative), parfois avec incontinence d’urine.

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4 – la constipation par glaires (-> alternance constipation/épisode de diarrhée), souvent cas d’une utilisation prolongée (abusive) des laxatifs :

  • Aesculus (s) … hémorroïdes, pesanteur ano-rectale
  • Antimonium crudum (as) … patient glouton –> nausées, ténesme et alternance diarrhée/constipation
  • Dulcamara (na) … remède typique du « Tae Yin »: contexte d’eczéma, toux, asthme et bronchite
  • Graphites (ch) … patient mou, gras, frileux, gaz fétides, prolapsus rectal, hémorroïdes.
  • Mercurius vivus … selles visqueuses, ténesme

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5/ La constipation par atonie rectale

Cas des maladies neurologiques évoluées (parkinson, SEP …)

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On appelle « dyscinésie » une difficulté à l’évacuation des selles (moins de 2 par semaine), avec sensation de blocage et défécation prolongée (> 10 minutes) ou nécessité d’une aide manuelle et sensation d’évacuation incomplète. Recherchez une anomalie anatomique (ex.: rectocèle = hernie de la paroi rectale), mais plus souvent corrigez un trouble fonctionnel : Causticum (sécheresse + parésie périnée), Kalium carb. (prolapsus rectal), Lac defloratum

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Cas particuliers des enfants :

Remèdes les plus indiqués chez l’enfant : on parle de constipation du nourrisson au sein s’il y a moins de 2 selles/jour :

  • Calcarea carbonica … amélioré quand il est constipé
  • Magnesia muriatica … constipation pendant la dentition (agitation), sécheresse et spasme, langue jaunâtre
  • Causticum (am) … reste des heures sur le pot et au moment où il se lève, on voit la selle qui sort
  • Podophyllum (s) pour la constipation des enfants après une crise de diarrhée.
  • Silicea … maigrichon au gros ventre, transpirant de la tête et des pieds (vu plus haut)

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Nosodes (chonicité) :

Psorinum (atonie rectale) ou Tub. Res. (faux besoins),

plus âgé = Luesinum (sécheresse et fissures anales)

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Homéopathie complexiste (lab. Reckeweg – Allemagne) :

  • « R 37 » Colinteston  antispasmodique et déconstipant (Alumina D12, Bryonia D4, Colocynthis D4, Lachesis D30, Lycopodium D4, Mercurius D8, Nux vom. D6, Plumbum D12, Sulfur D12)
  • « R 7 » Hepagalen  la relance des fonctions hépato-vésiculaires (Carduus mar. D2, Chelidonium D2, China D3, Cholestérinum D6, Colocynthis D6, Lycopodium D4, Nux vomica D4).

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Phytothérapie :

La Bardanne (Arctium lappa), la Bourdaine (Rhamnus frangula), la Rhubarbe (Rheum officinalis), le Séné (Cassia angustifolia) et beaucoup d’autres plantes contiennent des anthraquinones. Elles ne doivent pas être utilisées trop régulièrement, car le risque de paresse intestinale secondaire et de fuite potassique est réel.

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Le psyllium, également appelé « plantain des Indes », est une graine qui contient un « mucilage », donc une sorte de gel doux, qui hydrate le bol alimentaire, calme l’inflammation de la paroi des intestins, et fait des miracles contre les constipations persistantes. Plus qu’un laxatif, c’est un régulateur du transit, qui agira également contre la diarrhée si elle se produit. Ses graines absorbent, en effet, l’eau en excès dans l’intestin, permettant de retrouver des selles moins liquides. Il réduit aussi les gaz dans l’intestin. On le recommande en cas de problème de côlon. Il est aussi recommandé en cas d’hémorroïdes, car les selles sont plus molles et s’évacuent plus facilement. À prendre après un accouchement, en particulier. Les graines ne sont pas digérées par l’organisme. Elles gonflent dans l’estomac, contribuant à donner un sentiment de satiété et donc à faire perdre du poids à ceux qui en ont besoin. En revanche, ses fibres servent de nourriture à la flore intestinale. Ce sont des prébiotiques. On le trouve dans le commerce sous la marque Métamucil.

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Chez l’enfant on peut conseiller :

  1. bébé : jus de citron
  2. petit : deux gouttes d’huile d’olive dans le biberon 
  3. plus tard : poudre de réglisse, une cuillérée à café dans un peu d’eau

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Oligo-éléments : Mn-Cu + Zn-Ni-Co + Mg           

Lithothérapie : Grès rose D8 (suppositoires ou ampoules)

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Anthroposophie :

  • « Choléodoron » = Chelidonium + Curcuma xanth. 1DH aa   5 gouttes après les 3 repas
  • « Hépatodoron« = Fragaria vesca + Vitis vinif.

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Organo et Sérothérapie :    Foie + Vésicule biliaire + Colon

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Ayurveda : en cas de constipation récalcitrante, une cure de Triphala, à raison de 6 à 8 gélules le soir avant le coucher accompagnées d’un verre d’eau tiède, fera merveille.

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Diététique : privilégiez les fibres et les légumes riches en eau …

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L’hydrothérapie du colon

Nom savant pour un lavement rectal (15 à 25 litres d’eau tiède, avec deux tuyaux, l’un conduisant l’eau, l’autre évacuant les matières fécales diluées) – comptez environ 1h à 1h30. Sensation étrange et séance relativement indolore. Sa pratique permettrait d’optimiser les fonctions d’élimination des colitiques et des constipés. 

Inconvénients : évitez les séances à répétition qui peuvent perturber la flore digestive.

Contre-indiqué en cas de diverticulose, de MICI ou d’intervention chirurgicale récente sur l’intestin.  

NB. La croyance que les résidus fécaux provoquent une intoxication de l’organisme ne repose sur aucune base scientifique (le colon n’a nul besoin d’être propre – sauf pour les patients et praticiens obsessionnels !)

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