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Récit de vie et histoire de vie :

Ce que lon réprime, simprime
Ce à quoi on résiste, persiste
Ce que lon fuit, nous poursuit
Mais ce à quoi on fait face… sefface.

Récits de vie, histoires de vie, approches biographiques … ces notions se réfèrent à des démarches mises en œuvre par les chercheurs en sciences humaines. Les ethnologues sont parmi les premiers à y avoir recours et ils font connaître leurs travaux au grand public grâce à certains récits devenus célèbres. On peut citer notamment :

– « Soleil hopi : l’autobiographie d’un Indien hopi » de Don C. Talayesva ;
– « Les Enfants de Sanchez » de l’anthropologue Oscar Lewis ;
– « Le Cheval d’orgueil : mémoires d’un Breton du pays bigouden » de Pierre Jakez Hélias.
– « Mémoires d’un paysan bas-breton » de Jean-Marie Déguignet

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Le récit de vie est un moment dans le processus de production d’une histoire de vie : le récit de vie, c’est celui de l’énonciation écrite ou orale de sa vie passée par le narrateur.

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L’histoire de vie commence pleinement avec le travail de ce matériau, le repérage des structures selon lesquelles la vie et le récit peuvent être organisées, la mise au jour du sens dont la vie et le récit sont porteurs.

  1. Récit de vie : discours ordonné de la vie ou de l’histoire : cette énonciation est déjà structurante, elle sélectionne, trie, classe, hiérarchise les évènements présentés en fonction de la place que le narrateur leur reconnaît dans sa vie et son histoire.
  2. Histoire de vie : c’est d’abord la narration écrite ou orale de faits temporels constitutifs de la vie du sujet, que ce sujet en ait été l’acteur, le témoin direct ou que ces faits lui aient été rapportés et transmis par un tiers.

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Le récit a déjà un effet de structuration, mais c’est le travail d’analyse et de réflexion théorique qui fait l’intérêt de l’histoire de vie … Cette méthode structurante peut être utilisée en relation d’aide +++

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Le travail d’analyse revêt au moins deux formes :

  • D’abord, il réfléchit et interroge du point de vue de leur cohérence interne, les faits temporels relatés par le récit. A ce titre il consiste à émettre des hypothèses quant aux relations d’influence, de continuité, de rupture, d’unité et de contradiction etc… qui peuvent exister entre eux.
  • Ensuite, il réfléchit ces mêmes faits du point de vue de leur cohérence externe : il émet des hypothèses quant aux influences externes, émanant de l’environnement qui ont pu s’exercer sur eux (influences familiales, faits sociaux et politiques)

—> questionnement, hypothèses, analyses = historicité non explicitement présente dans le récit.

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Le travail de structuration permet de passer de la vie à l’histoire de vie, le récit de vie étant la médiation entre les 2.

Quantité d’événements requise pour qu’il y ait histoire de vie et question du point de départ

Point de départ : Pas de datation type, chaque narrateur commence son récit et son histoire que lui-même estime originaires, la question de l’origine doit rester relativement ouverte en laissant le narrateur identifier la génération et la branche familiale par lesquelles il commence son récit. L’important, c’est ce qu’il voit ou tient comme origine de son histoire.

Quantité d’évènements ? : on est ici dans le qualitatif et non seulement dans le quantitatif. L’important c’est l’agencement des évènements.

Le travail historique histoire de vie s’attache à des processus complexes dont il envisage les causes probables et les significations certaines..

Mise à jour des processus causaux : on fait apparaître que tel ou tel événement antérieur est lié à tel ou tel événement ultérieur, le premier ayant déterminé le second

On fait des hypothèses probables, les évènements passés passent par le filtre du narrateur, et s’ils ne satisfont pas vraiment le souci de vérité, ce qui importe c’est que c’est la façon dont le sujet les a ressenti et le sens qu’il leur a attribués. C’est l’analyse qui permettra de « recadrer » la signification qu’on put avoir ces évènements dans la vie du narrateur.

Toutes les articulations, même non cohérentes, mêmes contradictoires, sont structurantes pour l’histoire de vie. Plus les articulations sont contradictoires, plus elles sont signifiantes.

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HistoireVie

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Exemple de schéma de travail réalisé avec le patient : le passé (avec ses répétitions), les aptitudes et contraintes présentes, le projet futur à construire (comment et pourquoi ?) …

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Le travail va se faire autour de trois questions :

  • Qu’est ce que je veux ?

question du projet = 4 raisons à l’histoire de vie :

  • dialectique « passé-présent-avenir » : on ne peut concevoir un projet sans intégrer quelque chose du présent et du passé (exemple : orientation professionnelle !)… la démarche histoire de vie permet de saisir l’ancrage dans le passé, d’identifier d’où vient ce projet (de profession par exemple)
  • historicité : capacité qu’a un individu par un retour réflexif sur son passé, de se projeter dans l’avenir
  • des centres d’intérêt au projet…. recenser ce qui au cours de la vie a été source d’intérêt, de plaisir… ou a contrario d’ennui, de déplaisir… les centres d’intérêt peuvent être investis dans un projet même vague, mais qui va se préciser tout au long de la narration et finir par apparaître comme une évidence.
  • Bilan : le recensement des ressources personnelles et professionnelles… c’est un des moyens de la réalisation du projet.
  • Qu’est ce que je peux ?

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Les moyens : suis je en mesure de réaliser ce projet ? Quelles sont les expériences qui constituent le cours de ma vie, en identifiant les actions précises de chacune d’elles et les savoirs, savoirs-faire ou autres capacités que ces actions supposent et attestent. Préparation d’un CV… savoir que nous sommes oublieux de bien des expériences que nous avons faites, car nous ne voyons pas dans ce que nous faisons présentement les capacités et compétences qui nous viennent de ces expériences passées.

Notre oubli se fonde sur une méconnaissance de nos expériences, on ne voit pas ce que nos expériences contiennent de savoirs et de savoir-faire, on a tendance à sous évaluer celles ci, faute de l’avoir pensée, analysée, décrite avec précision (expériences informelles, bénévolat, loisirs, action sociale, qui « ne servent à rien ! ») = réévaluation à la hausse de l’image que le sujet se fait de lui-même( hors diplômes et succès scolaires).

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  • Comment vais je faire ?

L’apprentissage relie l’inconnu au connu… et l’histoire de vie va donner du sens au désir d’apprendre, il lui donnera un but.

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GuérirBlessures

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Le « bricolage identitaire »

L’identité ne va plus de soi…: les histoires de vie contribuent à ce travail identitaire.

On se définit par une image de soi étayée sur nos propres référents identitaires, on attribue à cette image plus ou moins de valeur et on en éprouve plus ou moins de satisfaction ou de souffrance. Par exemple, le statut socio professionnel que nous occupons sera investi comme source de fierté ou de honte selon les aspirations qui sont les nôtres.

Par ailleurs, l’estime de soi dépend de la reconnaissance que le sujet s’accorde à lui-même mais aussi de l’ordre de la reconnaissance qu’autrui lui accorde.

Estime de soi par soi + estime de soi par les autres.

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L’histoire de vie permet la définition de soi :

  • la structuration des évènements est structurante pour le sentiment identitaire.
  • Le repérage des appartenances sociales et spatiales (référents temporels, et territoriaux) sont des étayages du sentiment identitaire.
  • La mise à distance des blessures identitaires

La reconnaissance des acquis

L’inventaire des expériences : lutter contre l’oubli et la tendance à ne considérer que les seules expériences officielles de profession ou de formation comme source d’apprentissage ou d’acquisitions.

  • lieux de mémoire: définir son histoire et les expériences qui la constituent en se référant à l’espace (lieux + contexte institutionnel, nature de l’expérience (formation, profession) = pas seulement les domaines formels de l’école et de la profession, mais aussi les domaines informels de la vie, les activités bénévoles et les loisirs.
  • Nécessité d’une présentation orale de l’itinéraire : effort pédagogique de clarté, l’exposé oral suscite en plus la mémoire en écho
  • Puis on dresse un tableau-synthèse chronologique de ses expériences (trajectoire socio-professionnelle)

Avec :

  • L’axe des expériences de formation
  • L’axe des expériences de profession
  • L’axe des expériences de vie, loisirs, activités bénévoles etc. …

Ce support permet de faire l’inventaire des expériences, et de voir commet chacun des trois domaines de l’existence interagit avec les deux autres : par exemple, souligner l’impact de telle ou telle orientation professionnelle sur la vie privée ou la coïncidence chronologique des évènements.

Il structure la reconnaissance des apprentissages expérientiels.

On va ainsi pouvoir ensuite procéder à l’explication du contenu des expériences en termes d’activités réalisées et de compétences transférables.

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Etapes et expériences marquantes du parcours de formation /  professionnels / familiale, relevant davantage de la sphère du privé (un pour chaque domaine) :

Enfance ———> Adolescence ——–> formations ————>   1er travail —–> Autres travaux ——–> Aujourd’hui ——> projets pour demain ……… schéma à compléter avec le patient

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L’identification des acquis

Une fois l’inventaire réalisé, il convient d’identifier les acquis construits ou révélés par les expériences inventoriées

Il faut d’abord sélectionner dans le tableau-synthèse trois expériences qui paraissent avoir été les plus marquantes : celles où l’on a l’impression d’avoir réalisé et acquis un certain nombre de choses. Le patient fait une préparation écrite individuelle au cours de laquelle il décrit avec précision, les activités très concrètes réalisées au cours de l’expérience.

On peut alors identifier : les apprentissages effectués, les acquisitions nouvelles apprises au cours de cette expérience, les acquisitions anciennes utilisées à cette occasion.

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Différence entre apprentissage et acquisition :

  1. Apprentissage : savoir ou savoir faire que je mets en œuvre une seule fois.
  2. Acquisition : savoir ou savoir-faire mis en œuvre à plusieurs reprises dans le même contexte ou un contexte différent.

L’acquis englobe et déborde la notion de compétence. La compétence, voire un référentiel de compétence se réfère au contexte socio-professionnel. La difficulté tient à la précision de la précision des activités effectuées : écrire à la première personne du singulier, en essayant de se voir tel qu’on était à l époque (par exemple qui a monté l’expérience etc ..)

Intérêt : dessiner une unité, un ensemble d’éléments reliés entre eux. Les domaines de la vie professionnelle, de la formation et de la vie privée n’apparaissent plus comme disjoints.

L’orientation « histoire de vie » renforce l’autonomie du sujet : en effet, c’est lui qui décide d’entreprendre cette démarche, c’est lui qui fournit le matériau, c’est lui qui décide des expériences sur lesquelles portera la reconnaissance des acquis.

Importance du processus d’acquisition : implication du sujet dans la construction de sa compétence, plus désir intérêt, motivation du sujet.

Le travail réflexif sur le passé permet d’envisager des projets

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Contrat … Il définit 3 principes de l’échange patient/praticien

  • intérêt ou sens annoncé à la mise en route d’une histoire de vie
  • modalités techniques et déontologiques de l’échange
  • Capacité de chacun à utiliser ces modalités techniques

Caractère impliquant de l’histoire de vie : donc connaissance minimale des objectifs et des modalités de la construction de l’histoire de vie. Nécessité de légitimer le recours à cette procédure qui protège des rapports de pouvoir +++

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PluieAmour  transfert et contre-transfert ?

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Contrat

Article 1 : But et objectif principaux

Développement personnel et connaissance de soi. Aide au choix « intime » et professionnel. Répondre aux questionnements identitaires. Bilan des compétences.

Art 2 : Règle d’autonomie des participants

  • L’engagement à la mise en route d’une histoire de vie est fondé sur le volontariat de la participation, qui doit être authentique et effectif, et l’expression de vos attentes, vos désirs,
  • Il doit représenter un désir réel de travailler sur vous ?

Art 3 : La règle de confidentialité

Elle est obligatoire et liée à la profession de psychologue,

Le patient est libre de raconter sa propre histoire de vie ce que bon lui semble à qui il veut.

Art 4 : La règle de propriété des productions.

Il ne peut y avoir utilisation par le psychologue de la production du patient sans son accord.

Art 5 : Consignes et modalités techniques du travail proposé.

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Une séance de travail de 45 mn tous les 15 jours environ. Le travail oral sera enregistré, ceci afin de permettre la transcription des échanges. La psychologue effectuera cette transcription et présentera à la séance suivante les écrits relatant la séance précédente afin qu’ils soient analysés, repris et éventuellement rediscutés par et avec le patient.

Ce temps d’analyse représentera environ la moitié du temps (45 minutes) de la séance, mais cela sera variable selon les demandes et les besoins. Le principe est d’aborder une étape différente du travail, une reprise du récit, quand l’essentiel semblera avoir été analysé et dit. On procède par étapes. On peut toujours revenir en arrière… ou sauter des étapes, si le narrateur en exprime le désir.

Le patient garde toute liberté de mettre fin au travail « histoire de vie » s’il le souhaite. Seules les séances réellement effectuées seront facturées. Il n’y a aucune obligation contractuelle de résultat, ni de durée (ni pour le patient, ni par la psychologue !).

Ainsi, la psychologue peut également proposer l’arrêt de la thérapie « histoire de vie » si le patient ne montre aucun engagement réel dans la démarche.

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L’histoire de vie est terminée quand un résultat, déclaré satisfaisant pour le patient, est atteint.

Une production écrite complète lui est alors remise.

La psychologue garde dans ses archives un exemplaire du document pour archivage. Document pour lequel toutes les règles de confidentialité liées à l’exercice professionnel s’appliquent. Les cassettes audio sont détruites et ne peuvent être réclamées ni remises au patient ou ses ayants droits.

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Art 6 : Facturation et coût de l’histoire de vie

Le tarif appliqué en Suisse est celui préconisé par la Fédération Suisse des Psychologues :

  • soit 46 frs / 15 mn = environ 135 frs par séance de 45 mn à 1 heure
  • le travail de transcription par la psychologue sera facturé à demi-tarif soit 23 frs les 15 mn
  • un décompte exact du temps passé sera remis au patient
  • les facturations seront effectuées et adressées au patient toutes les fins de mois (avec un BV)
  • Le remboursement des actes de psychologie (psychologue FSP reconnue par Santé-suisse) est variable selon les assurances complémentaires du patient.

Le récit de vie aborde les domaines de l’existence :

  • Les relations familiales et interpersonnelles.
  • L’expérience de l’école et de la formation des adultes
  • L’insertion professionnelle
  • L’emploi
  • L’articulation des domaines d’existence
  • Les domaines spécifiques

 

En conclusion, cette méthode, d’abord développée en psychologie sociale, s’est avérée extrêmement puissante et rapide pour une remise en cause des choix et comportement des patients : ce qui a du sens, ce qui n’en a pas, le pourquoi des buts et des comportements, les scénarios d’échec, la reproduction des situations aux différentes étapes de la vie, etc …

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