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Tout au long de ma vie, personnelle comme professionnelle, j’ai noté à quel point les praticiens de santé que j’ai rencontrés étaient rapidement mal à l’aise quand au cours d’une consultation, le patient « se laissait aller » à exprimer une quelconque émotion. En jeune kinésithérapeute, puis étiopathe, ostéopathe, naturopathe, je n’échappais à ce malaise : on m’avait appris à être une technicienne du soin, mais jamais « quoi faire avec », ni même ce qu’étaient les émotions…
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Par ailleurs, je m’étais intéressée très tôt à l’Analyse Transactionnelle (AT) et je trouvais là une belle présentation de ce que pouvait être la vie psychique d’un individu et la façon dont il construit sa vie intra-psychique, sa relation à lui-même, à l’Autre, et au monde. J’ai donc commencé un travail personnel en AT, qui se révéla devenir une belle aventure que je souhaite à chacun : à la rencontre de moi-même, de ma psyché, de ses blessures, de ses qualités et de ses points faibles, en absence de tout jugement de valeur, et en toute bienveillance… J’appris que pensées et émotions ne se confondaient pas, et que ces émotions faisaient partie de ma vie, à part entière, qu’il était bon pour chaque individu d’y être attentif, et que chaque émotion correspondait à des circonstances, des besoins, et des expressions bien définies. Les connaissances en neurosciences vinrent étayer ces concepts, et je vais m’employer ici à tenter d’en faire une modeste synthèse. En espérant qu’à la lecture de ceci, vous puissiez avoir moins peur des émotions de vos patients au cours de vos consultations.
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Il s’agit d’une réaction de l’étage limbique du cerveau à l’environnement extérieur. C’est une réaction incontrôlée, sans intervention de la partie consciente du cortex cérébral, utilisant des neuromédiateurs bien spécifiques, ayant pour but la survie, la sauvegarde de l’intégrité de l’individu. Elles sont au nombre de 4, et selon les auteurs, on peut en définir une 5éme : la Joie, la Peur, la Colère, la Tristesse, et certains rajoutent le dégoût. A noter qu’on retrouve cette classification en MTC : La Joie associée au cœur, La Peur au rein, la Tristesse au Poumon, la Colère au foie, et le dégoût peut être associé à la fonction d’adaptation de la Rate. Toutes les autres émotions sont des combinaisons de ces 4 principales. Exemple : le mépris = colère et peur, la déception = tristesse et colère, la honte = peur du regard des autres,… voir le schéma ci-dessus. Et il est pour moi complètement erroné de parler d’émotion positive, ou négative. Les émotions sont ressenties de façon plus ou moins agréable, allant de la joie la plus profonde, à la situation de stress la plus inconfortable et douloureuse. Toutes les émotions sont légitimes, il n’y a pas à les juger, il y a à les comprendre, à aider le patient à les traverser (comme on traverse une rivière en barque), et à y adapter un comportement adéquat.
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Une émotion, quand elle est authentique, correspond à la réaction de l’étage limbique de l’encéphale à une situation donnée. Pour incomplet qu’il soit, le schéma suivant donne une petite idée du type de réaction en fonction de l’environnement :
Et c’est là que les choses se compliquent. Soit la personne a grandi dans un environnement sain psychologiquement, et l’enfant aura appris naturellement ce que sont les émotions, et à quoi elles correspondent, à les vivre et les exprimer sereinement et de façon authentique, soit l’environnement de la petite personne a été perturbé, et celle-ci aura appris soit à ne pas ressentir une ou plusieurs émotions, soit à ressentir et exprimer une autre émotion à la place de l’émotion légitime, plus « acceptable » dans la famille. Ce qu’on appelle en AT « l’émotion parasite ou racket ». On retrouve souvent des familles où il est interdit d’être et de dire la colère (et on va alors s’adapter, voire se suradapter à des situations qui ne nous conviennent pas, et substituer la soumission, la tristesse ou la peur à la colère). On peut trouver aussi des familles où la peur n’est pas admise (on va retrouver alors des comportements « à risque », où la perception du danger est ressentie plus comme une stimulation, un défi), et la prudence et la tempérance n’auront pas leur place. Quand la Joie n’est pas admise (souvent les 2 parents sont dépressifs), l’enfant va s’interdire de ressentir le plaisir et la joie, par crainte de faire encore plus souffrir les parents. Ce ne sont là que quelques exemples, et toutes les situations sont possibles, surtout si les émotions interdites sont plusieurs. Et on peut facilement envisager qu’avec de telles confusions, la personne se retrouve à l’âge adulte, dans des sentiments et des comportements inadaptés voire toxiques selon les stimulations reçues de l’environnement.
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Deux comportements sont possibles : soit le thérapeute ne veut pas s’occuper des émotions du patient (attention à ne pas les nier, ou les moquer !), et il enverra le patient vers un spécialiste ou psychothérapeute, et c’est tout à fait adapté ; soit le thérapeute se sent suffisamment compétent pour faire avancer son patient à propos de sa souffrance morale, au moins le temps de la consultation, sans forcément rentrer dans un processus de psychothérapie à part entière, juste dans la relation d’aide. Ca suffit parfois à débloquer bien des conflits intra-psychiques chez les patients, et à les amener à avoir un regard et un comportement différents sur leur pathologie. Sans oublier que la relation thérapeutique patient/soignant s’en trouvera plus riche et plus dynamique pour les deux.
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Le thérapeute qui choisit de faire un travail sur ses propres émotions va en retirer de multiples bénéfices. Tout d’abord, à se connaître bien lui-même, afin d’être suffisamment à l’aise avec ses propres émotions et son histoire personnelle, voire avec ses motivations profondes à choisir le métier de soignant. Le premier bénéfice sera de ne pas projeter sur le patient, de façon inconsciente, sa propre problématique ; ce qu’on appelle le contre-transfert. Soit il a résolu ses problèmes (quel heureux homme ou femme !), soit il en est assez conscient pour les garder pour lui, et ne pas les projeter sur son patient, et libérer ainsi la relation thérapeutique d’une charge qui n’a rien à y faire.
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Ce travail va en outre, lui permettre de ne pas forcément tout de suite chercher à soulager l’émotion du patient, mais simplement à le laisser s’exprimer, de façon attentive et bienveillante, à identifier les émotions présentes, à confronter avec tact s’il pense qu’il y a une émotion parasite : l’émotion exprimée par le patient n’est pas en lien avec ce qu’il raconte de sa vie au même moment. L’exemple le plus flagrant est de pleurer en racontant quelque chose de gai, ou encore de rire en racontant quelque chose de dramatique (ce qu’on appelle le « rire du pendu »). L’émotion n’est pas en adéquation avec le discours. Il est important de faire part de cette inadéquation au patient avec tact et sans jugement. Ce racket-system est une défense psychologique que l’individu, peut-être même la petite personne a mis en place dans sa construction psychologique, à un moment où être en contact avec la vraie émotion a été trop douloureux, inacceptable, inenvisageable. C’est un mécanisme de protection, de survie parfois, et doit être respecté comme tel. Le fait de l’expliquer simplement au patient, va lui permettre de ne pas culpabiliser de cette « supercherie » émotionnelle dans un premier temps, et de comprendre ensuite en faisant appel à ses souvenirs comment et pourquoi il a mis ce système en place. Et dans un troisième temps, de s’autoriser à approcher, à ressentir la vraie émotion et à en libérer l’expression. C’est alors parfois un changement spectaculaire pour le patient, qui va alors poser un regard différent sur lui-même, sur les autres, et sur la vie en général. Et donc sur ses somatisations.
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Autre avantage, pour ceux qui travaillent en MTC, amener le patient à travailler consciemment sur ses émotions dynamise fortement le travail énergétique et l’harmonisation de la circulation du Qi. On gagne alors un temps précieux sur la résolution des problèmes somatiques du patient.
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Il est vrai que si la problématique du patient est vraiment lourde et complexe, il est nécessaire d’adresser celui-ci à un spécialiste en psychothérapie. A chacun sa spécialité !!!
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De multiples écoles et mouvements en psychologie, psychothérapie, et psychanalyse existent. Beaucoup sont passionnantes ! Et de plus, la qualité humaine intrinsèque du thérapeute est primordiale. A chacun de faire connaissance avec les thérapeutes de sa région pour adresser ses patients au mieux !
Notre but est de mettre à disposition des internautes (étudiants, professionnels de la santé et patients) les renseignements disponibles dans le domaine des médecines douces (en anglais, l’on parle de « complementary and alternative medicine »), au sein d’un concept global d’équilibre du terrain, pour qu’ils participent avec nous au débat ouvert sur la médecine de demain … dans une approche systémique de la santé, des symptômes et des remèdes !
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