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La Thérapie Familiale de Virginie Satir

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La conception :

Le Mental Research Institut (MRI), plus connue sous le nom d’École de Palo Alto, s’est tournée depuis 1959 vers la recherche clinique et la formation de thérapeutes. Les découvertes sur la communication s’y sont développées grâce aux travaux de Gregory Bateson et Paul Watzlawick  qui rejoint l’équipe, en compagnie de Jay Haley et John H. Weakland en 1961. Le mouvement systémique de Gregory Bateson avait un but de recherche très large : la famille, les équipes, les groupes…

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Virginia Satir s’occupait spécifiquement de la famille et de la formation. Elle quitte le MRI en 1968 pour devenir la première directrice de l’Institut Esalen. Elle en était l’un des trois principaux thérapeutes, avec Milton Erickson et Fritz Perls, dont la pratique a été par la suite modélisée par Richard Bandler et John Grinder pour créer la PNL (programmation neuro-linguistique). Virginia Satir (née en 1916 et décédée en 1988) créé un approche à la fois théorique et pratique : la « thérapie familiale » qui se veut une approche systémique des interactions au sein d’une unité donnée : la famille.

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Les caractéristiques :

Il s’agit d’une approche visant à interagir au sein de l’unité qu’est la famille. Le manuel est conçu pour s’adresser aux Psychothérapeutes, professionnels et aux praticiens agissant dans la branche de la santé mentale, mais aussi aux éducateurs.

Le système permet de détecter des capacités de changement souvent méconnues. De la même manière, il sera un outil pour les parents ayant des problèmes conjugaux et familiaux. Dans ces caractéristiques figurent également l’inclusion et l’exclusion dont soi avec soi, soi avec un autre individu, et soi avec d’autres. Ce qui est sûr, c’est que les enfants ayant vécu dans des triangles primaires harmonieux seront plus aptes à s’intégrer dans des communautés sociales diverses.

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Concernant la congruence et l’incongruence, ce sont des situations auxquelles l’enfant doit faire face. Dans le système familial, il existe un sentiment d’incongruence qui s’atténue au fur et à mesure des ajustements multiples internes. Une fois cette étape passée, l’enfant apprend à reconnaître la congruence des indicateurs familiaux et s’adapte à l’incongruence. Dans une famille, il y a des règles familiales qui déterminent la conduite de chaque membre, et qui définissent les attentes de rôles à l’encontre de chacune. Ces règles sont en général des éléments protecteurs.

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Enfin, la communication est un élément-clé dans la relation humaine et familiale, et sa réussite réside dans la souplesse et la fonctionnalité. Virginia Satir a identifié quatre manières distinctes de communiquer, ou « positions », que les gens adoptent en situation de stress. Chacune de ces catégories est caractérisée par une posture particulière, un ensemble de gestes, des sensations internes, ainsi qu’un vocabulaire et une syntaxe correspondants.

  • Le suppliant
  • Le blâmeur
  • L’ordinateur
  • Le distracteur

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Les principes :

Le programme est élaboré sur la base d’un modèle évolutif. Pour établir l’harmonie entre l’homme et la nature, il doit subsister, entre ces deux parties, des interactions entre lui et l’univers, lui et les autres individus, lui-même et les autres composants de son individualisme. Il existe 8 composants dénombrés dont le physique, l’intellectuel, l’émotionnel, le sensuel, l’interactionnel, le nutritionnel, le contextuel et le spirituel. Cet ensemble a été regroupé et optimisé pour être transformé en thérapie. Dans ce principe, l’individu est considéré comme une mosaïque de parties avec ses bons et ses mauvais côtés formant un tout qui constitue une synthèse.

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Virginia Satir a étudié la possibilité de transformer les mauvais côtés en une ressource exploitable. Aussi, au lieu de les refouler, ils seront utilisés pour contrôler et améliorer le comportement de l’individu. De cette manière, il n’y aura pas de retours incontrôlés ou douloureux émanant de ces mauvais côtés. Ainsi, ils deviendront des ressources matures offrant de nouvelles possibilités de s’épanouir. Le thérapeute doit apprendre à utiliser des mouvements de colère, en ressort thérapeutique. Par ailleurs, en pratique, chaque membre du groupe doit découvrir une facette de la personnalité de l’hôte, qui sera le patient, ou le thérapeute. Le recadrage suit après.

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Les indications :

La thérapie s’adresse particulièrement à une personne qui a des problèmes relationnels au sein de sa famille. En principe, la famille est le meilleur environnement propice à l’épanouissement personnel d’un individu.

Dans une famille, la vie et les sentiments comptent plus que tout. Il est censé être un nid douillet, pleine de lumières et de couleurs éclatantes pour faire la joie de ses membres. Chaque membre y a une place unique, et peut discuter entre eux de tout et de rien. La communication est directe, claire et ouverte avec une écoute envers chaque partie. Chaque personne a une valeur inestimable aux yeux des autres. Au sein de cette unité se reflètent la vitalité, l’amour et l’attachement des uns envers les autres.

Certes, des disciplines sont instaurées, mais elles sont aussi souples, humaines, qu’adaptées et soumises à des modifications convenues entre les membres. Dès lors, le cas échéant, si ces conditions ne sont pas réunies, des tensions peuvent survenir et la famille se sent mal. Ainsi, faire appel à une thérapie familiale est recommandé.

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Les champs d’applications thérapeutiques :

La thérapie familiale de Virginia Satir entre en jeux quand un des membres de la famille fait face à un éventuel conflit. Cela peut résulter de son entourage et de leurs relations réciproques. Les tensions sont palpables dans l’atmosphère familiale et la solidarité n’a plus lieu. Chacun se confine dans son propre coin, sans avoir envie de connaître les difficultés que rencontrent les autres. Dans ces cas précis, Virginia Satir insiste sur le côté humain et prône que la thérapie relève d’une question de survie d’une extrême urgence.

L’intervention permet d’éviter éventuellement un crime, une maladie mentale, une addiction à l’alcoolisme ou à la drogue, une délinquance et d’autres problèmes sociaux. Ainsi, la thérapie concerne un effort particulier envers le développement familial, à l’épanouissement individuel de chaque membre et à la construction d’individus plus humains. Bref, la thérapie est une éducation familiale ayant pour objectif de remettre l’harmonie.

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Le couple, fondement de la construction familiale

De la qualité de la relation conjugale (que cela soit pour vivre ensemble ou se séparer) va dépendre la qualité de l’éducation des enfants. Il en est de même de la qualité du développement individuel de chacun des membres de la famille. Chacun doit pouvoir trouver, dans son couple et sa famille, un équilibre convenable entre ses besoins d’appartenance au groupe, et ses besoins d’individuation et de développement personnel.

Chacun des membres du couple arrive dans sa nouvelle histoire avec des habitudes relationnelles, des définitions des fonctions de mari, d’épouse, de père et de mère, acquises dans la famille d’origine. La nouvelle entité conjugale s’inspirera de ces habitudes, soit pour les reproduire, soit pour instaurer des contre-modèles, soit encore pour en inventer d’autres. Qu’il s’agisse de poursuivre ensemble des jeux relationnels ou d’en initier de nouveaux, le couple peut connaître plus ou moins rapidement des difficultés de fonctionnement. Ne pas pouvoir se parler des différents crée de la frustration et du conflit.

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Plus les individus ont une faible estime d’eux-mêmes, moins le conflit est ouvert. Les attentes réciproques sont exorbitantes au regard des capacités de chacun. Chaque membre du couple attend plus d’être nourri et protégé par l’autre, au détriment de la capacité à prendre soin de soi, et du don de soi nécessaires à l’amour. Si la « maturation » des individus ne leur permet pas de dépasser ces difficultés, ou d’y mettre fin par une séparation, les enfants présents ou à venir courent le risque d’être entraînés dans des conflits ouverts ou larvés qui naissent des frustrations découlant des attentes déçues. Ils sont, dans un premier temps, appelés à pallier aux carences du conjoint(e), avant d’être associés à la guerre. Ils vont répondre à l’appel du jeu, y trouvant pour eux-mêmes quelque avantages (exemples : plus d’attention, plus de cadeaux, être préféré aux autres, plus de liberté …).

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blank   Solange en cours

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Les enfants deviennent régulateurs de la relation conjugale

Un enfant entraîné dans la guerre conjugale, va y entrer progressivement.

  • Dans un premier temps, il va identifier « une victime » du conflit. Il va être sensible aux signes extérieurs de souffrance, aux discours clairement ou subtilement plaintifs. Il va se proposer comme consolateur de ce parent. Il y sera encouragé par l’acceptation de son don.
  • Le temps passant, sa participation va devenir progressivement active. L’empathie va se transformer en coalition avec la victime contre « le bourreau ». Il va attaquer ce parent par ses comportements, encouragé par l’attitude passive du parent victime.
  • Le dernier temps de ce processus va voir les deux parents s’unir à nouveau pour désigner l’enfant comme dysfonctionnel dans ses comportements. Ils vont demander l’intervention de professionnels, voire demander son placement, devant la montée en puissance des symptômes de l’enfant qui attaque. L’abandon de l’enfant par le parent instigateur va déclencher des sentiments de rage extrême chez ce dernier.

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Ce jeu familial peut être ouvert, visible, comme dans les problématiques de violence conjugale ou d’alcoolisme d’un parent. Un enfant, en particulier, va développer des comportements protecteurs du parent « faible ». Il va défendre sa mère battue, humiliée et malheureuse. Il peut développer des comportements de violence à l’encontre du parent abuseur, s’interposer, se battre avec lui. Il peut aussi être missionné par « la victime » pour prendre soin du bourreau, comme aller chercher leur père au bar, ou s’occuper des plus jeunes et du père en cas d’alcoolisme de la mère. Ces tâches assumées cachent mal le mépris à l’encontre du parent défaillant, quand on n’observe pas des comportements d’humiliation et de violence à son égard.

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Le jeu peut aussi être voilé, confus. C’est le cas de la mère divorcée qui, tout en laissant les enfants aller chez leur père le week-end parce qu’elle ne veut pas le priver de ses droits, laisse subtilement entendre que les problèmes de comportement de l’enfant sont à mettre sur le compte de ce père « qui ne sait pas correctement s’en occuper ». La situation inverse existe aussi.

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Le jeu peut être caché. La seule chose apparente est l’implication excessive d’un parent dans la relation avec un enfant « à problème ». L’autre parent étant absent de la scène parentale. Rien n’est dit, ni montré de la relation conjugale. Ce sont plus souvent les mères qui se retrouvent surimpliquées, le père ayant déserté le territoire de l’éducation, voire de la sphère familiale dans son ensemble. Cette situation est assez fréquente dans les familles où un enfant développe des troubles psychotiques; mais aussi dans la situation de parents divorcés. Elle masque souvent la poursuite de la guerre, même si une étude américaine semble montrer que la « disparition des pères » dans les deux ans qui suivent le divorce, pourrait aussi être mise en lien, a contrario, avec leur surimplication. Pour ne pas souffrir de la mise à distance liée à l’attribution prioritaire du droit de garde à la mère, ils préfèrent rompre la relation avec les enfants. Il est possible d’imaginer que ce n’est pas sans ressentiments. Les troubles de l’enfant ne pouvant être rattachés à rien de visible sur le plan familial, ils vont être attribués à l’enfant lui-même. C’est l’enfant qui va être stigmatisé, comme dans la psychose par exemple. Plus banalement, on parlera de « troubles du comportement », que l’on va relier à une structuration déficitaire de la personnalité de l’enfant.

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La danse macabre

Que le jeu soit ouvert ou plus ou moins caché, il n’en est pas moins « inconscient ». Les protagonistes ressentent qu’ils sont en grand danger, et développent des attitudes et des stratégies de survie. Ils ne sont pas machiavéliques mais profondément menacés. La guerre conjugale pourrait se faire au travers d’autres médiateurs, sur d’autres « champs de bataille », comme l’argent, le travail, la passion du jeu, les relations extra-conjugales, etc… Mais quand la guerre conjugale s’est déplacée sur le terrain de la parentalité, il ne sert à rien de vouloir faire entendre à ce couple qu’ils doivent prendre soin de leur relation. S’ils avaient pu le faire, ils n’auraient pas pris un enfant en otage. Il n’y a donc pas accès aux enjeux du couple. La guerre étant la seule façon de pérenniser une relation que l’on ne renonce pas à changer, elle peut aller jusqu’à rendre les parents complètements imperméables aux besoins de leurs enfants. Ces situations aboutissent parfois à d’authentiques maltraitances. Elles arrivent dans les bureaux des professionnels parce que l’enfant « soigneur du problème des parents », va développer des symptômes visibles et repérés. A force de prendre en charge le problème de ses parents, il va « devenir » un problème. Des acteurs du réseau externe sont alors appelés dans la danse.

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La société, maître de ballet

La porte d’entrée dans le système est constituée par la demande des parents, ou d’un tiers, d’aider l’enfant porteur du symptôme.

Suivant le degré de perméabilité des parents aux souffrances de l’enfant, la société a organisé des réponses différentes, qui fonctionnent parfois de façon séparée, voire clivée.

Si nous considérons un niveau 0 représenté par des parents complètement absorbés par leur guerre; ils y consacrent toute leur énergie, ce qui les rend complètement imperméables aux besoins et aux souffrances endurées par leurs enfants. Le niveau 10 serait représenté par des parents en guerre, mais également en souci pour leur enfant et capables de demander de l’aide. Ils ont simplement du mal à entrevoir en quoi leur comportement a un impact sur leur enfant.

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La société a mis en place 3 niveaux de réponses sur cette échelle :

1 – Dans le bas de l’échelle de conscience, ce sont les acteurs sociaux qui vont détecter la souffrance de l’enfant, voire les violences qu’il subit dans un environnement de guerre généralisée. Cet enfant peut alors être signalé aux services administratifs ou judiciaires comme en danger ou maltraité. Les parents peuvent avoir besoin que la société introduise la crise par le signalement, et leur rappelle qu’il n’est pas possible de tout faire vivre à un enfant. La juridiction fondée à traiter ces problèmes a encore (mais pour combien de temps ?) pour mission de privilégier la réponse éducative sur la sanction pénale. Le traitement judiciaire sera donc associé à un traitement éducatif, que l’enfant soit placé ou maintenu dans sa famille. Mais en l’absence du minimum de ralliement de la famille à ces traitements « contraints », la réponse judiciaire de protection de l’enfant sera le seul outil. L’introduction du judiciaire va se faire à « jeu ouvert », quand il est possible de relier les troubles de l’enfant avec un danger et un conflit visible (violence, délinquance, maltraitance). Dans cette zone de réponse sociale, les parents seront confrontés d’abord à leurs responsabilités, puis aidés. Les services judiciaires et sociaux des tribunaux devraient, pour ce faire, travailler en étroite collaboration. Or le déficit des moyens humains mis à la disposition des familles engendre de terribles catastrophes humaines :

  • Des mainlevées sur constat d’échec, l’enfant étant abandonné à sa famille.
  • Des juges qui ne jugent plus, ne convoquent plus en audience, laissant les éducateurs faire toutes les tâches (dire la loi, éduquer, placer !).
  • Des services judiciaires et départementaux qui se renvoient les dossiers à traiter.
  • Des mesures prises pour se donner bonne conscience, sans projet, sans suivi.
  • Des signalements hâtivement classés.

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2 – Dans le niveau intermédiaire de l’échelle, les parents peuvent être en guerre, mais soucieux de ce qui arrive à l’enfant. Ils peuvent demander de l’aide à l’autorité administrative ou judiciaire. L’autorité saisie peut mettre en place une aide éducative, si elle ne souffre pas d’un cruel (pour les parents) manque de moyens. Je crois que beaucoup de parents adressent des S.O.S aux professionnels qu’ils consultent communément, comme leur médecin, l’assistante de service social, la puéricultrice de la Protection Maternelle et Infantile, celle de la crèche, les enseignants, etc… Mais beaucoup de ces appels restent sans réponses. Les raisons sont sûrement multiples :

  • La demande des parents est évasive, manque de précision, et le professionnel ne se sent pas autorisé à l’investiguer, ou n’en a pas la compétence.
  • Le professionnel se sent interpellé pour agir lui-même, sans avoir la compétence pour répondre. Il ne sait pas à qui adresser son client. Le pire serait que le professionnel non compétent agisse quand même, transformant la difficulté en problème.
  • Il n’existe pas de lieux où une parole privée peut être entendue, sauf dans les cabinets de psychothérapie auxquels beaucoup de parents n’auront pas accès (culture, argent), où encore en psychiatrie où ils n’iront pas, parce que ce n’est pas assez grave et qu’ils ne sont pas « fous ».
  • Les lieux de prévention primaire comme le service social de polyvalence de secteur et la P.M.I ont été réorientés vers le traitement de l’exclusion. Croulant sous cette tâche, ils condamnent bien de jeunes parents à rester seuls avec leur problème naissant.
  • La prise en compte actuelle des difficultés parentales par la société, n’est orientée que vers une parole publique sous la forme de groupes de parents, animés trop souvent par des professionnels n’ayant aucune formation quant à l’approche du groupe familial.
  • Il faut une bonne assise personnelle pour aller s’exposer dans ces réunions qui relèvent parfois plus de l’exercice de « la confession » que d’un travail d’élaboration des problématiques et d’un cheminement vers la recherche de solutions.

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3 – En haut de l’échelle, plus le jeu est caché, moins il est possible de relier les troubles de l’enfant avec lui. Les enfants courent alors le risque de voir leurs symptômes attribués à un déficit personnel, intrapsychique. Ils seront orientés vers les circuits « spécialisés », comme les instituts de rééducation ou les services de psychiatrie. Dans cette zone de réponse sociale, les parents seront parfois aidés. Mais la priorité du traitement étant consacrée à l’enfant, ils peuvent aussi rester sans interlocuteurs pour les difficultés qu’ils connaissent, même s’ils le demandent aux professionnels qui ont pris en charge l’enfant. Ces derniers les envoient consulter ailleurs, ce qu’ils font rarement.

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La thérapie familiale dans la danse

Dans ces jeux familiaux destructeurs, le thérapeute de famille doit savoir travailler avec les services de justice et de contrôle social. Contrairement aux idées reçues, bien des situations familiales n’ont favorablement évolué qu’avec l’introduction autoritaire d’une mesure d’aide socio-éducative prononcée au moment opportun et clairement motivée.

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La première action thérapeutique est développée par l’enfant qui attire l’attention de l’environnement social avec son symptôme. S’il est seul pris en charge, il a manqué une partie de son objectif qui est d’apporter de l’aide à ses parents.

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Le deuxième intervenant thérapeutique est le juge. Les Inspecteurs d’Aide à l’Enfance pourraient jouer le même rôle, ce qu’ils ne font pas. Les inspecteurs convoquent très rarement les parents pour leur signifier leurs décisions et encore moins les raisons qui les sous-tendent. Il s’agit de confronter les parents à leurs attitudes éducatives inadaptées, voire destructrices, en les enjoignant d’en changer. L’audience, l’ordonnance pourraient être des outils puissants pour amorcer le changement s’ils étaient mieux utilisés. C’est dans le cabinet du juge que la mise en lumière d’attitudes éducatives inadaptées, voire destructrices, est la plus puissante.

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J’aimerais voir plus souvent les juges juger, et mettre à la disposition des familles, des professionnels pour les « aider à changer », et ceci, même si l’enfant est placé. Comment rendre un enfant à sa famille si celle-ci continue sa guerre destructrice ? C’est malheureusement ce qu’il est possible de voir trop souvent. Le pire étant constitué par une décision judiciaire qui, dans un contexte de guerre, donne un avantage à un des clans. Cette décision enclenche immédiatement une escalade dans le conflit.

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Le troisième intervenant thérapeutique est le travailleur social, à qui la famille va devoir rendre compte des changements introduits dans ses façons de vivre et de s’occuper des enfants, pour qu’il en informe le juge. Bien des intervenants sociaux, formés au travail avec les familles, utilisent ce cadre pour accompagner les familles dans la voie du changement. Cet accompagnement est d’autant plus efficace qu’il s’articule étroitement avec des exigences exprimées de manière précise et claire par le juge.

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Le thérapeute de famille, dans ce contexte, travaille souvent en lien avec tous ces acteurs. Son objectif consiste à modifier les interactions parents – enfants, pour une meilleure protection et éducation. Il partage cet objectif avec le juge et les intervenants socio-éducatifs. Il vient en renforcement de leur action, mais peut aussi ouvrir sur une bifurcation intéressante. Certains parents peuvent se réapproprier, grâce à l’intervention socio-judiciaire, la responsabilité pleine et entière de leurs actes, et souhaiter d’eux-mêmes aller plus loin dans le travail.

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L’intervention du thérapeute de famille est plus subtile dans les situations où le jeu est caché. Les parents n’ont, en apparence, aucun problème. Ils se montrent souvent très demandeurs et coopérants, en particulier le parent le plus engagé. Ils se montrent inquiets, intéressés par ce qui arrive à l’enfant. Ils ne sont toutefois jamais d’accord sur ce qu’il faudrait faire. Les désaccords restent feutrés, le désengagement de l’autre parent permet d’éviter le conflit ouvert. La violence faite à l’enfant est plus subtile, psychologique. La plupart du temps, la justice ne prendra pas ces situations en compte car rien ne se voit. L’autorité administrative évitera aussi de s’engager face à des parents à qui il n’y a rien à reprocher comme carences. Ils sont volontaires pour les soins à l’enfant. De plus, dans ces familles, le jeu ne peut se poursuivre que si les parents arrivent à convaincre les professionnels de « la pathologie » de l’enfant.

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Ces situations familiales peuvent aboutir à de véritables collusions contre l’enfantdes parents, des professionnels, des théories et des méthodes d’intervention qui vont tous concourir à le désigner comme dysfonctionnel. Je crois que certaines violences des enfants et des adolescents pourraient s’expliquer par la haine qu’ils peuvent ressentir à l’encontre de tous les adultes qui les ont trahis et abandonnés.

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blank   Virginia Satir

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Que l’aide soit contrainte ou non, le thérapeute familial est celui qui doit repérer le jeu familial, en créant un contexte de travail contenant et sécurisant. Le niveau élevé des haines et des rancœurs nécessite des professionnels chevronnés et supervisés. Les rapports de pouvoir sont intenses. Il peut exister des phénomènes d’emprise : un membre de la famille a réussi à avoir une position dominante qui réduit tous les autres au silence. Il peut exister une contre-indication à la médiation familiale si les forces en présence sont par trop inégalitaires. Le thérapeute doit savoir peser ces forces, et conduire avec intensité l’inévitable bataille à propos du cadre de l’intervention. Il doit également savoir utiliser l’empathie comme la confrontation dans sa relation thérapeutique; savoir dire non à un comportement, signaler le danger ou la maltraitance, sans juger les parents, mais en repérant leurs compétences. Ce sont ces compétences qui vont devenir l’élément le plus actif du contexte de changement.

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Pour cela, il observe les relations en recevant toute la famille, au moins un temps. Mais il peut aussi naviguer sur différents sous-systèmes, les parents seuls, les enfants seuls, les femmes d’un côté, les hommes de l’autre, etc. Ce qui est bon pour les parents est bon pour les enfants et réciproquement.

L’efficience de ce travail passe par le changement d’un certain nombre de nos habitudes professionnelles, je les rappelle brièvement :

  • L’intégration effective par les professionnels de la notion d’autorité parentale devrait rendre obligatoire le travail avec les 2 parents.
  • Dans la suite logique, il ne s’agirait plus de demander à la seule mère de porter la responsabilité des changements nécessaires, le plus souvent en la culpabilisant en même temps d’être trop présente et envahissante (mère dévoreuse ?).
  • Ne plus échanger entre nous des informations sur les familles hors de leur présence. Ce qui ne peut être dit en présence de la famille ne sert pas à faire avancer le droit, la protection, l’éducation des enfants.
  • Je rajoute aujourd’hui la surveillance étroite de notre vocabulaire de professionnel. Construit pour nommer les déficits sous la forme du diagnostic, il contribue à construire et maintenir les enfants et les familles enfermés dans nos visions négatives et déficitaires. Notre conditionnement linguistique participe activement à la chronicisation des problèmes.

Le contrat de travail consiste à mettre les parents dans une position de co-thérapeutes/collaborateurs, dans l’objectif de développer leur sens des responsabilités et les réinvestir dans l’éducation. Ce travail va passer par plus d’implication du parent « absent », et le désengagement du parent trop impliqué.

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Les séances vont servir à les mettre au travail ensemble, échanger, ouvrir sur leurs différences d’idées, négocier petit à petit des attitudes communes, les laisser les expérimenter, les commenter, les changer si elles ne donnent pas les résultats escomptés. Ces changements doivent être petits, pour garantir leur réussite. Il s’agit de rompre avec la spirale des échecs. Le thérapeute de famille va devoir activement rechercher les compétences de ces parents. Ils ne sont en difficulté qu’avec l’enfant qu’ils ont triangulé dans leur conflit. Les autres enfants peuvent évoluer de façon satisfaisante. Les parents peuvent aussi être très compétents dans d’autres domaines de leur vie.

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C’est la réussite d’actions communes qui peut les conduire, dans un deuxième temps, à s’ouvrir sur leurs difficultés personnelles ou de couple. Mais ceci donnera lieu à un nouveau contrat thérapeutique. D’un côté, il y a l’enfant et ses difficultés que l’on vient de traiter. Il est impératif de séparer les problèmes des conjoints dans un autre contrat.

Les familles où les haines sont féroces doivent pouvoir rencontrer des professionnels puissamment empathiques, soutenus dans leurs institutions par une équipe bienveillante et porteuse. Travailler dans ces systèmes réveille des résonances chez chacun de nous. Les financeurs et les dirigeants de ces équipes ont une responsabilité certaine dans le niveau de qualité des « soins ». Je vois trop d’institutions dans lesquelles le burn-out a miné la compétence individuelle et collective, où le souhait de formation est entravé et où n’existe aucune supervision.

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Le recours au dispositif de la sculpture avec les familles

Lors d’intervention auprès des familles faisant appel à la sculpture familiale, l’essentiel du vécu familial est projeté en un tableau visuel, et le processus se déroule en deux étapes.

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Dans une première étape, l’intervenant recherche une personne volontaire, ou désigne une personne qui prendra le rôle de sculpteur. Ce sculpteur devra créer un tableau ou un scénario de famille tel qu’il le perçoit, et il est invité à placer chacun des membres du groupe familial dans l’espace, à leur attribuer une posture physique, ainsi qu’une mimique. L’animateur le soutient dans cet exercice en s’assurant que le sculpteur a bien positionné chacun des membres de sa famille. Il veille aussi à maintenir le silence, et contribue à donner un rythme à l’exercice : il peut, par exemple, ralentir le processus pour favoriser l’émergence d’un éprouvé. Lorsque la sculpture est complétée, chaque membre de la famille est invité à partager ce qu’il a éprouvé dans la posture qui lui a été attribuée et dans l’espace dans lequel le sculpteur l’a placé.

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Dans un second temps, chaque participant est appelé à bouger par rapport aux autres participants dans l’espace afin de réaliser un tableau de la famille tel qu’il la souhaiterait, créant ainsi une chorégraphie familiale : chacun explore sa posture, ses mimiques, son espace jusqu’à ce qu’il trouve une place et une position qu’il juge confortables dans l’espace et en relation avec les autres. C’est une forme d’invitation à une « vision idéale de la famille », permettant ainsi l’expression de fantasmes, de désirs et de rêves.

Une fois ce portrait de la famille établi, les protagonistes sont invités à partager leur vécu, leurs sensations, voire leurs découvertes  (Albernhe et Albernhe, 2008). Le portrait se situe quelque part entre la réalité perçue et la réalité idéalisée, et de là pourront émerger les changements d’attitude, les efforts, les luttes et la croissance. En quelque sorte, la sculpture familiale peut contribuer à établir les objectifs de changement de la famille.

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La mise en action d’une situation choisie par le sculpteur permet donc l’expression d’un langage non verbal qui facilite la compréhension et l’analyse des interrelations des différents systèmes présents au sein de la famille (Caillé et Rey, 2004). L’information n’y est pas discutée, mais expérimentée par l’action et l’observation : souvent, les mots érigent des barrières entre les personnes et peuvent constituer un moyen de les couper de leurs sentiments. Nous observons souvent, lorsque nous demandons à la personne de ne pas parler et de s’attarder sur ce qui se passe en elle, que l’expression des émotions se manifeste par le nonverbal ou par des réactions physiologiques (soupirs, larmes, etc…). Par la suite, la personne exprimera le vécu rattaché à celles-ci (perte, impuissance, colère, etc…).

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Le tableau dans lequel s’inscrit la sculpture peut référer à une situation passée ou actuelle, lointaine ou récente, réelle ou imaginaire ou même à des situations anticipées (décès d’un membre de la famille, divorce possible des parents, naissance d’un nouvel enfant, etc.). Ce choix est laissé au sculpteur, qui a souvent comme consigne de faire un tableau où serait bien représentée sa famille telle qu’il la perçoit selon son expérience. Ce choix se fait aussi à la suite de l’élaboration du génogramme, lequel suscitera de la curiosité et des points spécifiques à explorer. Le sculpteur « modélise » ainsi la situation et expose ses propres opinions, ses désirs, ses craintes,  ses regrets, mais sous forme métaphorique. Les acteurs s’engagent à suivre les directives du sculpteur sans y déroger.

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À la suite de la réalisation d’une sculpture, il est important d’avoir des rétroactions de tous les participants.

Comme le commente si bien Salem, le sculpteur « révèle donc beaucoup de lui-même, mais l’effet émotionnel est souvent très puissant sur tous les membres » (Salem, 2009 : 177). Les participants sont souvent étonnés par l’effet produit par ce dispositif. Malgré les émotions que la sculpture peut faire ressurgir, les enfants ou adolescents se montrent motivés à accomplir un tel exercice. L’utilisation de la sculpture familiale permet de mettre en évidence les significations et les métaphores des relations entre les membres d’une famille. Ces mouvements proposent en quelque sorte une chorégraphie familiale permettant de faire ressortir des séquences comportementales visibles et de rendre explicites les émotions reliées à celles-ci : il s’agit de rendre visible l’invisible, comme le mentionnait La Belle en se référant à Peggy Papp. En prenant ainsi conscience des relations existantes, il devient plus facile de comprendre les rôles qu’une personne exerce à l’intérieur de ces systèmes afin de les modifier. Cette prise de conscience contribue à désamorcer les triangles familiaux pour explorer d’autres façons de se positionner face à sa propre famille d’origine. Par conséquent, cette technique d’intervention permet de contextualiser, dans l’espace et le temps, les relations entre chacun, dont les nœuds relationnels, et de faire émerger la dynamique d’une famille (Douville et Baker-Lacharité, à paraître).

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Prenons l’exemple d’une adolescente dite réfractaire ou opposante : elle mettra l’emphase sur la discorde du couple parental tandis que le père, lui, se placera derrière sa femme en soutien. Cette dernière pourra exposer sa réalité comme se situant à l’opposé de la perception de son conjoint; il est possible qu’elle se sente plutôt comme un bouclier entre les enfants et ce dernier, et qu’elle perçoive son conjoint non pas comme un soutien par sa position effacée derrière elle, mais plutôt comme un boulet à traîner. Le fait qu’elle déplace son conjoint à ses côtés peut indiquer une amorce de changement. La force d’un tel exercice est d’ouvrir sur des possibilités de favoriser la découverte de soi et de permettre à la personne de trouver ses propres solutions.

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L’animateur a pour rôle de guider le sculpteur vers la clarification et la définition de ce qui se passe dans la situation jouée (Duhl,  Kantor et Duhl, 1979; Salem, 2009). Pour permettre au sculpteur de prendre le risque de se révéler, l’animateur protège le processus et lui donne le ton, évitant ainsi que le travail du sculpteur ne devienne une simple représentation livrée à l’amusement des autres. Il guide le sculpteur par ses questions et ses commentaires, utilisant les indices et les informations avec sa sensibilité thérapeutique, mais sans imposer ses propres perceptions : le processus de la sculpture est sous sa responsabilité, mais pas le contenu, car la  sculpture appartient au sculpteur ou à la famille, et non à l’intervenant ou à l’animateur.

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BIBLIOGRAPHIE
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