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La pensée systémique de R. Steiner s’est aussi développée dans le domaine social …
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Compte tenu de la prédilection moderne pour une compréhension matérialiste de la condition humaine, Rudolf Steiner (1861-1925) peut sembler, à première vue, être une source d’inspiration plutôt dépassée. Il y a plus d’un siècle, au milieu des bouleversements révolutionnaires qui suivirent la Première Guerre mondiale, Steiner, philosophe autrichien, ésotériste et réformateur social, appliqua sa conception de l’être humain, qu’il tirait de sa « science de l’esprit » (également connue sous le nom d’anthroposophie) aux défis qui assaillent les sociétés contemporaines. Die Kernpunkte der sozialen Frage (1919), son livre consacré à la question sociale, fut d’abord très bien accueilli. Il se vendit à des dizaines de milliers d’exemplaires dans le monde entier et fit l’objet d’une critique élogieuse dans The New York Times : « Il apporte nouveauté et grandeur […] C’est la contribution la plus originale d’une génération ».
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Lancé dans le Wurtemberg pendant le chaos et l’excitation qui suivirent la révolution allemande de novembre 1918, le mouvement dit de la « tripartition sociale » cherchait à établir une différenciation plus claire – une distinction et non une division – entre les trois domaines : économique, politique et culturel. Steiner distingue ces domaines pour protéger et promouvoir les besoins, les droits et la liberté de l’homme. La proposition reçut d’emblée le soutien d’industriels et de certains conseils ouvriers, et eut quelques retombées positives (comme les écoles Waldorf et l’agriculture biodynamique, aujourd’hui répandues dans le monde entier). Mais le refus de Steiner de laisser le mouvement se couler dans le moule d’un parti établi fit rapidement de lui la cible d’attaques, aussi bien de la droite que de la gauche. L’initiative de la tripartition sociale, tout comme la révolution prolétarienne, finit par échouer, laissant l’Allemagne vulnérable à la montée du parti national-socialiste dans les décennies qui suivirent. L’impulsion de la tripartition sociale pour une organisation sociale plus différenciée et décentralisée reste d’une pertinence aigüe aujourd’hui, à une époque où socialisme et libéralisme se sont révélés incapables de répondre aux besoins contemporains, et où l’ombre du fascisme se profile de nouveau à l’horizon.
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La tripartition sociale décrit la structure d’une société dans laquelle trois sous-systèmes autogérés et autonomes les uns par rapport aux autres se tiennent mutuellement en équilibre. Ces trois sous-systèmes (ou partitions) de la société sont la vie spirituelle, la vie du droit et la vie économique.
À chaque domaine est associé un principe directeur :
Ces idées vivantes pourraient transformer la société contemporaine, la libérer des vieux schémas de pensée obsolètes et lui permettre de faire un pas en avant vers une société plus humaine, plus fraternelle, plus libre.
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Steiner n’entend pas comparer les principes de l’organisme social à des organismes naturels. Il emploie le concept d’organisme, usité dans les sciences sociales de son époque, parce qu’il lui semble le plus adapté pour décrire les processus de la sphère sociale en évolution dynamique permanente. Pour capter ces processus complexes dans leur réalité, il est nécessaire selon Steiner de passer d’une vision abstraite et statique à une vision vivante et dynamique, c’est-à-dire « organique. »
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La tripartition sociale est un thème central pour la connaissance de soi et du monde. Elle ne peut pas être simplement appliquée. Elle est un outil pour comprendre les processus sociaux. Xavier Moretti s’est entretenu avec Joan Melé, qui a travaillé pendant 46 ans dans le secteur bancaire : 30 ans dans le secteur bancaire traditionnel et 16 ans dans le secteur bancaire éthique, aussi bien en Espagne qu’en Amérique latine. Joan Melé est actuellement président de la fondation Dinero y Concienca (argent et conscience).
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Xavier Moretti — Comment la tripartition sociale a-t-elle enrichi ta vie ?
Joan Melé — La tripartition m’a appris à reconnaître que nous sommes tous liés les uns aux autres, que chaque décision que nous prenons nous concerne tous, et qu’elle a un impact sur la terre. En d’autres termes, pour moi, la tripartition n’est ni une formule ni une méthode, mais une façon de voir le monde.
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Y a-t-il des conditions préalables à la réussite de la tripartition ?
En théorie, la réussite est possible partout, mais les personnes impliquées doivent la préparer. Parfois, les écoles Waldorf me demandent : « Pouvez-vous nous aider à mettre en œuvre la tripartition sociale ? » Et je réponds : « Si vous l’exprimez comme ça, je ne peux pas le faire ». On ne peut pas l’appliquer. Je peux seulement enseigner à observer ces processus organiques. Lorsque les gens se réunissent au sein d’une communauté, ils forment un organisme humain. Chaque personne est une cellule de cet organisme. Par conséquent, une tripartition sociale réussie exige un gros travail sur la connaissance de soi. S’il n’y a pas de travail continu de connaissance de soi, nous échouerons – ce ne sera qu’une tentative d’appliquer une formule, et cela ne fonctionnera pas. Aujourd’hui, il est nécessaire de comprendre l’idée de la tripartition pour parvenir à une connaissance de l’homme qui porte ses fruits dans le social. Il faut juste de la volonté. Ce qui est difficile car ce que le monde actuel essaie de faire, c’est que tout soit rapide et facile. Mais ce n’est ni rapide ni facile à faire. Cela demande de la persévérance et du travail.
La connaissance de la tripartition sociale est utile : pour un groupe d’étude, pour une école, pour une entreprise ou pour un pays. Lorsque nous nous réunissons, nous formons un organisme. Nous devons donc comprendre ce qui rend cet organisme malade et ce qui lui donne la santé. Sur ce chemin de connaissance, il y a trois dimensions. D’abord, la partie spirituelle : tu es un être spirituel avec une mission de vie. Mais ta mission de vie n’est pas seulement la tienne et tu dois l’accomplir en relation avec les autres. Tu dois donc apprendre à entrer en relation. Et tu as un corps qui a des besoins qui doivent être satisfaits. Ils sont assurés par la terre. Il y a donc trois sphères : la sphère individuelle-spirituelle, la sphère relationnelle et la sphère de la terre. Dans toute organisation, il faut respecter ces trois dimensions. Si l’individualité d’une personne n’est pas respectée dans une organisation, des problèmes surviennent. Si les relations ne sont pas travaillées, des problèmes surviennent. Si la terre ou les besoins corporels ne sont pas respectés, des problèmes surviennent.
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Si quelqu’un se présente avec l’idée d’introduire la tripartition sociale dans une communauté, mais que les autres ne comprennent pas clairement cette idée, cela peut-il fonctionner ?
Cela ne fonctionnera jamais. Même si la personne qui apporte l’idée la comprend très bien, une transformation ne fonctionne que par et avec les autres. Si l’organisme social perçoit cette idée comme un corps étranger, il la rejettera. Il doit s’agir d’un travail collectif.
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Pour ce qui est de l’argent, comment se comporte-t-il dans l’organisme social tripartite ?
La première chose à comprendre, c’est que l’argent n’est pas un objet, mais qu’il représente une relation entre des personnes. L’argent est inutile s’il n’y a pas de relation. Il y a trois façons d’utiliser l’argent : acheter, économiser, donner ou offrir. Bien sûr, cela a un rapport avec la tripartition, car nous appliquons la « fraternité » dans l’économie comme critère éthique pour une tripartition saine. La fraternité est un mot très mal compris, car il y a des gens qui disent : « La fraternité signifie que l’on doit s’aimer comme des frères et sœurs ». Mais la fraternité est un concept économique, car dans l’économie, il y a ce que l’on appelle le principe d’interdépendance. Tout ce que j’ai mangé aujourd’hui a été cultivé, cuisiné et servi par d’autres. Ce dont j’ai besoin pour vivre est créé par le travail des autres. Et parce que nous sommes interdépendants, nous devons nous soutenir mutuellement.
La fraternité pourrait s’appeler soutien mutuel ou collaboration. Une façon de se soutenir mutuellement est d’utiliser l’argent de manière consciente. La fraternité ne se résume pas à faire payer plus à ceux qui ont plus. C’en est juste un aspect. Mais la fraternité implique d’utiliser l’argent de manière consciente. Je ne peux pas acheter les vêtements d’une entreprise dont je sais qu’elle exploite les gens ou qu’elle pollue l’environnement, etc. Vivre en fraternité signifie penser aux autres : comment ta décision les influencera-t-elle ? C’est pourquoi une économie fraternelle conduit à ne plus parler de prix, mais de valeur : non pas combien d’argent coûte quelque chose, mais quelle est la valeur de ce que j’achète. Pour tenir compte de cette réalité au quotidien, nous n’avons pas besoin de grandes théories, mais de questions. Avant d’acheter quelque chose : Qu’est-ce que j’achète ? Pourquoi je l’achète ? Et où est-ce que je l’achète ?
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Comme l’humanité évolue sans cesse, il est certain que, dans quelques années, de nouvelles forces prédomineront, nécessitant de nouveaux modes d’organisation sociale. Toutes les « solutions définitives » aux problèmes sociaux doivent donc être rejetées. En outre, chaque situation locale nécessitera une application créative de la dynamique de la tripartition sociale, pour répondre à ses besoins particuliers. Les grandes déclarations en faveur d’une humanité universelle sonnent bien et sont accueillies avec enthousiasme, mais en fin de compte, la mise en œuvre et le maintien d’une tripartition saine de la société dépendront de la libre activité spirituelle et du dévouement de chaque être humain. Il est impossible d’imposer de l’extérieur une vie sociale saine, même par le système de lois le plus parfait ou les biens de consommation les plus sophistiqués. L’action juste ne peut naître que d’intuitions éthiques, inspirées de l’amour pour son prochain, et non de la menace d’une censure ou d’une punition extérieure, ni certainement des liens superficiels favorisés par les algorithmes des réseaux sociaux. La véritable solidarité avec l’ensemble de l’humanité, ainsi que la communauté avec la Terre et le cosmos au sens large, ne peuvent être obtenues au moyen de slogans abstraits ou de campagnes publicitaires, mais doivent être construites et maintenues par les accords et associations vécus au quotidien entre individus de bonne volonté et de bon sens.
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Quelle est la tâche des jeunes dans ce contexte ?
La première étape serait de comprendre que le travail est une chose spirituelle. Spirituel signifie que tu as certaines capacités et que tu les développes en travaillant et en les diffusant dans le monde. C’est pourquoi je dis aux jeunes : « Travaille à la connaissance de toi-même. Découvre qui tu es, ce que tu peux faire, et une fois que tu l’as découvert, dis ce que tu veux donner au monde pour que le monde soit meilleur grâce à toi ». Ce que tu fais et ce que tu es payé doivent être deux choses indépendantes. Ne cherche pas un travail pour l’argent, mais parce que tu vois que tu peux t’y construire en tant qu’être humain. Et deuxièmement, fais attention à la façon dont tu utilises ton argent, car les autres dépendent de toi. Nous vivons à une époque qui veut nous inciter à travailler facilement – peu de travail, beaucoup d’argent. Mais mon expérience est que les personnes qui gagnent beaucoup d’argent en ne faisant rien ne sont pas heureuses. Avoir pour objectif d’être utile aux autres est pour moi le meilleur sens de la vie.
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Notre but est de mettre à disposition des internautes (étudiants, professionnels de la santé et patients) les renseignements disponibles dans le domaine des médecines douces (en anglais, l’on parle de « complementary and alternative medicine »), au sein d’un concept global d’équilibre du terrain, pour qu’ils participent avec nous au débat ouvert sur la médecine de demain … dans une approche systémique de la santé, des symptômes et des remèdes !
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