Le sens du toucher

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Le SENS DU TOUCHER ou LE TOUCHER CONSCIENT

Masseurs, thérapeutes de tout horizon, pour faire suite à ma précédente publication concernant le sens caché des affections de la peau (https://carolebertrand.com/peau-miroir-de-lame/), j’ai eu envie d’approfondir le concept du « moi-peau ». D. Anzieu a écrit un livre que je ne peux que vous conseiller et sur lequel je vais m’appuyer pour écrire cet article. C’est bien sûr F. Dolto qui m’a, la première, invitée à réfléchir sur cette enveloppe physique/psychique. A lire aussi donc : « l’image inconsciente du corps ».

Cet article s’adresse aussi à toute personne désirant comprendre le langage du corps.

Nous sommes des êtres de relation donc de parole mais aussi de toucher. La peau est un organe complexe qui révèle souvent les maux du corps. Tout ceci crée notre singularité en tant qu’humain fragile et mortel. C’est de là que découle l’importance de s’écouter et de prendre soin des appels de notre corps, de ses manifestations diverses. Il y a bien un sens. Apprendre à se masser et à masser, permet de se mettre à un niveau d’écoute subtile.

Se toucher, toucher et se laisser toucher est une source de vitalisation psychique et corporelle. Le corps nous renseigne. Toutes les techniques actuelles psycho-corporelles et énergétiques ouvrent à cette sensibilisation. Par la pratique de différents massages et toucher intuitif, nous permettons une libre circulation d’énergie certes mais aussi un regard attentif et bienveillant. C’est comme si nous reprenions l’histoire à un endroit très ancien, refoulé, celui du petit bébé dépendant qui ne fait qu’un avec sa mère. Et même plus loin encore dans les sensations de sa vie intra-utérine.

Le bébé ne nait pas « séparé » !!!

Il lui faut un mois environ pour qu’il commence à prendre conscience de sa différenciation. D’ailleurs on appelle ce temps le stade de « l’indifférenciation ». Il est dans une fusion/confusion avec sa mère comme s’il n’était qu’un. C’est un effet nécessaire et même indispensable à sa survie et qui permet une communication toute particulière entre les deux. C’est une protection vitale pour le bébé (interface) qui ne pourrait pas supporter le « danger extérieur » fantasmé ou non sans ce collage. Ensuite les différents autres stades (oral, anal, phallique…) font qu’il organise, quand tout se passe bien, une prise d’autonomie qui l’invite au processus de socialisation et d’individuation. Les premiers mois sont primordiaux pour que le bébé se sente sécurisé. La façon dont le porte sa mère par l’appui qu’elle lui propose, les sensations de contact, le toucher de la toilette et des câlins lui font prendre conscience de lui. Il finit par exister autrement qu’en sentant tantôt incorporé tantôt incorporant sa mère. Elle le rassure et le protège, lui offre un espace de rencontre et d’accueil qui permet cette présence unique et réciproque. Tout ceci, fait avec spontanéité et bienveillance, étaye le bébé. Dans ces bonnes conditions, si et seulement si, il pourra grandir et s’éveiller au monde.

C’est aussi ce qu’appelle D. Anzieu : la constitution du « moi peau ».

L’extérieur, l’entourage, et notamment le père, viennent l’informer par leur présence, et aussi parce que la mère porte son attention petit à petit sur d’autres personnes que lui, qu’il a à vivre la séparation. Elle est déjà physiquement effective mais, sur la question du symbolique, d’autres mécanismes doivent soutenir ce processus. Il va finir par reconnaître sa propre peau. Celle qui va le « matérialiser » et lui permettre d’accéder à ses propres ressentis. Grâce au vécu des rencontres extérieures à la juste mesure (sans envahissement propice au développement des psychoses), il va construire son « moi ». C’est-à-dire son individualité/individuation. Il va pouvoir se ressentir à l’extérieur et être en relation avec son entourage qui comprend de mieux en mieux ses signaux. Et il va pouvoir aussi, en confiance, vivre sa solitude, se tourner à l’intérieur de lui sans angoisse d’abandon et peur d’isolement. Il prend conscience de son monde intérieur et de ses propres forces/ressources.

Il y a une vingtaine d’années, au début de ma pratique, je considérai le massage comme un outil exceptionnel de bien-être.

La détente du corps procure non seulement des sensations de confort mais il y avait une répercussion certaine au niveau psychique. Je n’en comprenais pas vraiment les liens. En tout cas, ils étaient pour moi plutôt charnels que psychologiques. En fait, chemin faisant avec ma formation de somatothérapeute, j’ai trouvé le maillon qu’il me manquait pour faire de mes soins un véritable accompagnement sur tous les plans. Poser mes mains sur un corps n’a jamais été fait en dépit du respect que je ressentais pour la personne étendue qui se livrait totalement et dénudée. J’ai toujours senti que j’avais une posture délicate et une grande responsabilité. Il fallait allier à la fois la mise en confiance et à la fois la technique qui permettait d’atteindre l’objectif de bien-être. L’apprentissage du toucher conscient a été pour moi une étape cruciale, un aller vers.

Une deuxième étape sur mon parcours professionnel et non la moindre :

Mes enseignements en psychanalyse m’ont encore plus (paradoxalement, car un psychanalyste ne touche pas son patient) fait comprendre de quel corps il s’agissait quand une personne venait se déposer sur ma table de massage. Bien sûr, c’est son corps physique mais pas que… Qu’en est-il de son corps psychique et spirituel, de son corps histoire, ressenti, oubli de soi, oubli du temps de fusion… de son corps mémoire qui gardes les traces de toute cette mémoire personnelle et familiale. Traces inconscientes mais pas désactivées. Traces refoulées mais au plus près de se manifester si des circonstances de la vie rejouent la même partition. C’est comme un réveil douloureux d’un non résolu et qui peut déclencher un symptôme : pathologies diverses et variées, pathologies de la peau comme une mise en alerte, un signal de déséquilibre qui renseigne de la tonalité du conflit interne. C’est un corps parfois morcelé, sans véritable colonne de soutien qui relie le corps et la pensée, un corps vibrant d’angoisse, un corps hyper protégé comme carapacé, un corps hyper sensible, éponge émotionnelle, un corps qui vit mal sa différence, son étrangeté, un corps qui a peur de sa vulnérabilité, de son attrait pour l’autre, un corps pulsion, un corps trop… , un corps pas assez…

Là, évidemment, la notion du moi-peau, si bien évoquée par D. Anzieu, prend toute sa dimension et, professionnels du massage, il y a à vous rendre à l’évidence :

Votre toucher, quel qu’il soit, ramène au tout premier. Votre capacité à accueillir le petit bébé au-delà d’une technique fera de votre soin un toucher conscient, intuitif et relationnel. La demande de votre patient, inconsciente certes, est une prise en charge globale, totale et complète de ce corps manquant, nostalgique et votre rôle peut être de proposer un espace sécurisant, écoutant et parlant (même avec vos mains). Mais attention, ce n’est pas parce qu’il y a demande inconsciente du patient qu’il est prêt à vivre ou souhaite vivre cet accompagnement. Il y a bien sûr à clarifier l’intention du patient. Un massage bien-être restera un massage bien-être avec toutes les précautions d’usage et de respect de l’intégrité du massé. Un massage conscient qui agit au plus profond et sur tous les plans demande à s’identifier à cet endroit. De quel lieu thérapeutique êtes-vous ? Ne mélangeons pas tout.

Donc, pour résumé, un massage bien-être peut rester bien évidemment ce qu’il est, et la qualité de ce soin est ce qu’elle est, à la dimension de votre technique et de votre talent en tant que masseur. Mais restez bien conscient de ce que vos mains enseignent subtilement !

Ou alors, la demande du patient est plus explicite et vous pouvez vous installer dans une toute autre posture. Celle que j’enseigne dans l’approche du toucher conscient et intuitif.

 

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