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HISTOIRES curieuses de MÉDECINE

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Une grève prolongée à Los Angeles en 1976 a mis en lumière cet étonnant paradoxe, qu’il faut toutefois nuancer.

A la fin des années 1970, les médecins américains sont en colère. Les plaintes pour erreurs médicales ont augmenté en nombre et en gravité, les profits des assureurs ont baissé, et les polices d’assurance contre les fautes professionnelles des médecins ont vu leur prix s’envoler: plus 1 000 % entre 1964 et 1974, rapporte en 1986 dans la Case western reserve law !

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Le 1er janvier 1976, des soignants du comté de Los Angeles, chirurgiens et anesthésistes en tête, se mettent donc en grève pour exiger une réaction des autorités fédérales. Le mouvement durera 35 jours, jusqu’au 4 février, et mobilisera jusqu’aux trois quarts des médecins de ce comté de 7 millions d’habitants, affectant tous les services hospitaliers, sauf les urgences.

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Face à cette grève, les médias s’inquiètent: un service téléphonique a beau avoir été mis en place pour envoyer tous les patients urgents vers la ressource médicale la plus proche, la population va-t-elle se retrouver incapable de se faire soigner, et pâtir de ce bras de fer financier? Ce n’est pas la première fois qu’une grève d’ampleur touche le système de soins.

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« Peu de choses inspirent autant de malaise que la perspective de ne pas avoir accès à un traitement médical lorsque l’on est malade », écrivent les auteurs américains et canadiens d’une revue de littérature publiée en 2008 dans Social science & medicine « On s’attend généralement à ce qu’une grève de médecin entraîne un déclin des soins, et une hausse de la mortalité. » Sauf que c’est en réalité… rigoureusement l’inverse qui a lieu !

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En explorant les travaux consacrés à la question sur cinq mouvements sociaux ayant duré 9 jours à 17 semaines, entre 1976 et 2003, les auteurs font un constat: «Tous rapportent que la mortalité soit est restée la même, soit a baissé durant et, parfois, après la grève.» 

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Ainsi, En Israël, une grève ayant mobilisé 8000 des 11.000 médecins de Jérusalem pendant 4 mois en 1983, n’a pas impacté la mortalité même deux mois après sa fin. Un journaliste du Jerusalem Post rapportait en 2000 que les services funéraires avaient eu nettement moins de client lors d’autre grève de 3 mois, raconte le British medical journal «Il y a définitivement un lien entre les mouvements de médecins et la baisse des décès», déclarait le patron de l’une des principales entreprises de pompes funèbres. «Nous avons vu la même chose en 1983.»

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« L’establishment médical est devenu une menace majeure pour la santé » Ivan Illitch, Medical Nemesis, 1975.

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Mais attention, notait en 2000 dans le BMJ le directeur du Centre médical Hadassa de l’Université hébraïque de Jérusalem: « La mortalité n’est pas la seule façon de mesurer les dommages sur la santé. L’absence d’intervention médicale peut conduire au handicap, à la douleur, à une perte de fonction ». Certains reports chirurgicaux, s’ils sont trop prolongés, peuvent par ailleurs être délétères à plus long terme ; on a beaucoup parlé, en marge du Covid, des chirurgies du cancer repoussées et du risque associé de perte de chances de guérison pour les patients, et quelques chercheurs notamment britanniques avancent des chiffres important de surmortalité à venir. Bref, les chirurgiens semblent bien loin de pouvoir poser les scalpels.

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En fait, toutes ces études n’explorent pas l’effet délétère de nombreux médicaments qui sont encore – officiellement responsables – de près de 10% des hospitalisations ! On ne touche pas au mythe salvateur de BigPharma ?!

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Quant à ceux de Los Angeles… Ils n’ont pas obtenu grand-chose, et les assureurs ont pu augmenter leurs primes comme ils le souhaitaient. Tous les médecins ne s’y sont pourtant pas pliés: pour une étude publiée dans The Western journal of medicine , 296 d’entre eux ont été interrogés. Alors que 96% étaient assurés en 1975, ils n’étaient plus que 70% à prévoir de l’être en 1976; le coût moyen de ces assurance passait de 3600 $ en 1975, à 8000 $ l’année suivante, et pouvait aller jusqu’à 40.000 $ annuels pour certaines spécialités! Face à cette difficulté, seule une toute petite moitié (51%) prévoyait de ne rien changer à sa pratique médicale, les autres envisageant de modifier leur activité, de s’arrêter… ou d’aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte !

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