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Des médicaments inutiles et des milliers de morts ?

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Commençons par un état des lieux de la consommation médicamenteuse en France. Chiffres à l’appui, on démontre qu’en moins de vingt ans, celle-ci a doublé, passant de 17 milliards d’euros par an, à 34 milliards d’euros aujourd’hui

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En parallèle, les effets secondaires et les mésusages des médicaments n’ont pas cessé d’augmenter, bien au-delà d’un simple phénomène de proportionnalité. On parle ici de 10’000 morts par an, dues à un “bête” mésusage des médicaments, tandis que 18’000 décès sont imputables aux effets secondaires. Des morts inutiles et parfaitement évitables vu qu’une majorité des médicaments mis en cause sont fréquemment dénoncés comme étant inefficaces et dangereux pour la santé.

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Cette année, l’OMS a elle-même établi une liste de médicaments essentiels6, ils sont un peu plus de 400. Et les milliers d’autres alors ? Pourquoi la sécurité sociale doit-elle payer pour ces substances inutiles ?

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L’efficacité réelle ?

Quand les fabricants annoncent qu’un médicament réduit le risque d’infarctus de 36,7 %, tout le monde comprend que, sur 100 personnes, cela fait 36,7 infarctus en moins. Mais ce n’est pas du tout ça !

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Pour comprendre, permettez-moi de faire une comparaison : imaginez que vous soyez fabricant de ceintures de sécurité. Vous avez mis au point un nouveau modèle de super-ceinture que vous avez installé dans des milliers de voitures. 

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Pour démontrer son efficacité, vous suivez le nombre de morts avec votre ceinture, par rapport au nombre de morts avec une ceinture normale : 

  • sur 10 000 personnes roulant avec votre ceinture, 2 sont mortes dans un accident de voiture, soit 0,02 % ; 
  • sur 10 000 personnes roulant avec une ceinture de sécurité classique, 3 sont mortes dans un accident de voiture, soit 0,03 %. 

Si vous expliquez dans vos publicités que, moyennant un surcoût de 600 euros pour s’équiper de votre super-ceinture, le risque de décès diminue de 0,01 %, pensez-vous que cela va intéresser beaucoup de clients ? Certainement pas ! C’est alors que vous avez une « révélation » mathématique. Plutôt que de comparer les chiffres globaux, vous prenez uniquement le nombre d’accidents dans chaque groupe. Dans un cas, il y a deux accidents. Dans l’autre, il y en a trois. Or deux accidents représentent une baisse de 33 % par rapport à trois ! 

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Vous pouvez en toute tranquillité, et en regardant vos clients dans les yeux, leur affirmer qu’en cas d’accident de voiture, votre ceinture diminue le risque de mortalité de… 33 % !! Pour le cerveau humain, cela signifie que votre ceinture de sécurité sauve 33 vies pour cent accidents de voiture, par rapport aux ceintures normales. Mais ce n’est pas du tout la vérité. 

Vous le savez, votre ceinture n’a réduit le risque que de 0,01 %, et non de 33 %, ce qui représente une « exagération » de 3 300 !!

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C’est comme ça que marchent les statistiques sur les médicaments

Les statistiques sur les médicaments marchent exactement de la même façon. Prenons l’exemple réel du Lipitor. C’est un médicament anticholestérol connu dans le monde médical comme d’une efficacité incontestable contre l’infarctus. Cette efficacité a été établie par l’étude « ASCOT », publiée en 2003 et réalisée uniquement par des financements indépendants de l’industrie. Dans cette étude, il est écrit que ce médicament réduit le risque d’infarctus de 36,7 %. Pourtant, la vérité est qu’il ne réduit ce risque que de 1,1 %, soit 33 fois moins qu’annoncé. 

Ce que les chercheurs ont fait, c’est d’observer 10 000 participants pendant trois ans. La moitié d’entre eux prenaient de l’atorvastatine (Lipitor), l’autre moitié un placebo (faux médicament) :

  • Parmi les personnes prenant le placebo, 97 % n’ont eu aucun infarctus au cours de l’étude. 
  • Parmi celles qui prenaient de l’atorvastatine (Lipitor), 98,1 % n’ont eu aucun infarctus. 
  • La différence entre les deux groupes est donc de 1,1 %. 

Mais en comparant le nombre d’infarctus dans les deux groupes (1,9 % dans le groupe sous Lipitor contre 3 % dans le groupe placebo), vous pouvez affirmer que le groupe Lipitor a eu 36,7 % d’infarctus en moins ! 

Vous pouvez convoquer les journalistes avec la garantie que le monde entier va se précipiter sur votre médicament pour éviter l’infarctus !! 

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Ce procédé est utilisé en permanence dans les plus sérieuses revues médicales

Ce procédé est utilisé en permanence dans les plus sérieuses revues médicales. Personne ne le remet en cause. Dans le cas du Lipitor, c’est ce qu’ils ont fait. Cela n’empêche pas l’étude ASCOT d’être considérée comme une des plus rigoureuses et fiables pour justifier l’usage des statines en prévention des accidents cardio-vasculaires. 

Le résultat est que ce médicament est devenu le plus prescrit et le plus rentable de toute l’histoire de la médecine, générant 10 milliards de dollars de revenus chaque année. En le prescrivant, beaucoup de médecins ont en tête qu’ils éviteront un infarctus à 36 % des personnes qui le prennent. C’est tout simplement faux. Pensez-y la prochaine fois que l’on vous proposera un médicament. 

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Le grand malentendu sur les effets néfastes

Pour les accidents liés aux médicaments – leurs effets néfastes –, les chiffres sont toujours présentés cette fois pour paraître les plus rassurants possibles. Ainsi, on ne vous dira jamais que votre risque d’empoisonnement augmenter de 50 %. Cette fois, on prendra le soin, au contraire, de vous donner des chiffres absolus qui, par la force des choses, paraîtront toujours rassurants. 

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Références :

(1) https://www.alternatives-economiques.fr/evolution-de-consommation-de-medicaments-france-milliards-deuros-0102201467183.html
[2] https://www.lemonde.fr/sante/article/2018/03/22/plus-de-10-000-morts-par-an-liees-a-mauvais-usage-des-medicaments_5274559_1651302.html
[3] https://www.lemonde.fr/sante/article/2013/05/27/les-medicaments-causent-au-moins-18-000-morts-en-france_3418273_1651302.html#:~:text=Les%20effets%20secondaires%20des%20m%C3%A9dicaments,dans%20le%20proc%C3%A8s%20du%20Mediator
[4] https://www.who.int/publications/i/item/WHO-MHP-HPS-EML-2023.02
[5] https://www.maisonmedicale.org/medicaments-mortels-et-crime/ 

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