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Lithospermum officinale

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Nom Commun : Grémil. Noms vernaculaires : Herbe aux perles, millet perlé, graine d’amour, larmille des champs, blé d’amour, thé de Fontainebleau, herbe aux yeux, herbe chérie.

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Origine, étymologie, historique de la drogue :

Famille : Boraginaceae

Lithospermum signifie « graine de pierre », par allusion aux petites graines – des nucules – très dures que la plante produit à l’aisselle des feuilles.

En application de la célèbre « Théorie des signatures », les
semences de grémils, dures comme de la pierre, étaient recommandées contre la gravelle (calculs de la vessie) cf. F.-J. Cazin.

Cette « herbe aux yeux » servait à extraire les corps étrangers de l’œil en plaçant une graine sèche sous la paupière qui provoquait une sécrétion lacrymale, laquelle formait une membrane mucilagineuse à la surface de la graine et permettait l’expulsion du corps étranger.

« Herbe chérie » : la racine contient un pigment rouge vif qui était traditionnellement utilisé dans les campagnes d’Europe par les jeunes filles comme fard à joues et rouge à lèvres.

Les indiens du Nevada employaient pour leurs propriétés anticonceptionnelles les racines de Lithospermum ruderale.
Beaucoup de tribus des indiens des plaines utilisaient les racines pour traiter les problèmes respiratoires et les consommaient cuites comme nourriture.

Habitat-Répartition géographique : Le grémil des champs (L. arvense) est naturalisé à certains endroits, on le trouve dans les champs et les lieux vagues. La variété indigène (L. latifolium) pousse le long des bois et le grémil officinal (L. officinale), se trouve partout dans les lieux incultes, surtout dans les sols calcaires. Elle se trouve dans tout l’hémisphère nord, mais aussi en Asie et Amérique du Nord (Montagnes rocheuses)

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Description de la plante :

Le grémil est une plante vivace de 30 à 80 cm de hauteur. Ses tiges sont robustes, rameuses, couvertes de poils raides, comme toutes les boraginacées, et portent des feuilles à limbe ovale à lancéolé, alternes, rugueuses, et des inflorescences de petites fleurs à corolle jaunâtre, crème ou blanche, en grappes (racème de cymes unipares scorpioïdes) entremêlées de feuilles, qui fleurissent de mai à juillet. Ces dernières donnent des graines ovoïdes, très lisses, ressemblant à des grains d’orge nacré d’où le surnom «d’herbe aux perles ».

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Pharmacopée

Partie utilisée : Semences, feuilles, plante entière.

Principaux constituants : Mucilage, des tanins et des alcaloïdes pyrrolizidiniques, des sels minéraux, des pigments, des sucres, de l’acide lithospermique, divers polyphénols.

Lithospermum officinale contient de l’acide lithospermique4, 5, 6, un acide phénol aux propriétés anticonceptionnelles confirmées par diverses études 11, 12, 13 (diminution ou inhibi- tion des sécrétions androgéniques et œstrogéniques, anœstrus* et atrophie des organes sexuels) par deux actions :

  1. Blocage des hormones gonadotropes (FSH et LH) (antigonadotrope ) et antagonisme à l’égard de la thyroxine

  2. Interfère avec le fonctionnement thyroïdien 7, 8, 9 (action antithyréotrope (TSH) vrai- semblable)

    Plus actions antiovulatoire et antiprolactine.

Cet acide lithospermique, aux propriétés antihormonales, se retrouve dans Lithospermum officinale, Lithospermum ruderale 10, la sauge rouge (Salvia miltiorrhiza Bunge), le lycope européen (Lycopus europeus). Les lithospermates se retrouvent dans orthosiphon (Orthosiphon stamineus) Benth une lamiacée aux propriétés duirétiques.

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Une certaine confusion règne quant à la partie de plante à employer comme contraceptive ; Chez les Amérindiennes, la méthode consistait à prendre pendant six mois la tisane de racine macérée dans de l’eau froide. Dans d’autres tribus, comme chez les Navajos et Shoshones du Wyoming, les femmes consommaient tout simplement un petit morceau de racine chaque jour. Ce qui permettait d’obtenir une stérilité dans le temps en fonction, malgré tout, de la dose variant continuellement. Ces informations contredisent la tradition qui donnait en prio- rité les fleurs et les semences comme parties les plus actives, les racines venant en troisième position avant les feuilles et la plante entière. Deux raisons à cela, d’abord les racines étaient plus efficaces si elles étaient récoltées en septembre plutôt qu’en août, ensuite les fleurs comme les graines qui constituent l’appareil reproducteur de la plante traitent « en simili- mum » le système reproducteur humain. Des herboristes ont pu observer dans le temps l’ef- ficacité des semences seules mais aussi de la plante entière sèche et n’avoir pas eu à connaître de « bébé grémil » !

Des expériences sur des souris et des poules ainsi que sur certaines femmes à partir des an- nées 1940 puis 1950 et 1970 ont conclu à des résultats très satisfaisants, confirmant la dé- couverte que la plante inhibait l’hormone lutéinisante (ou gonadotropine B qui provoque la rupture des follicules et favorise la formation du corps jaune). Preuve d’une possible contra- ception naturelle d’autant que les principes actifs à l’œuvre ne sont pas des substances

Michel Dubray herboriste, monographie le Grémil (Lithospermum officinale), janvier 2023 p. 3

hormonales et par conséquent ne provoquent pas la cohorte des effets indésirables potentiels des contraceptifs hormonaux (anovulants de synthèse).

Ces expériences, pour quelque raison inconnue, n’ont jamais été suivies d’autres essais et de mise en pratique qui pourtant aurait pu promouvoir une forme naturelle de contraception.

On a bien mis au point un extrait lyophilisé qui conserve sa pleine efficacité pendant une dizaine d’années à l’abri de l’humidité. Il ne manque pas grand-chose comme volonté à l’élaboration et mise en place d’un extrait fiable qui pourrait être accessible aux femmes qui sou- haiteraient l’employer.

Les lithospermates inhiberaient l’hépatotoxicité du tétrachlorure de Carbone.

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Propriétés / indications :

Action anti-gonadotrophique 1, 2, 3 par l’acide lithospermique notamment, et effets favorables sur le fonctionnement rénal grâce aux lithospermates.

Augmente la vitesse de filtration glomérulaire, l’excrétion de l’urée et de la créatinine.

Indiqué dans : Syndrome prémenstruel, les phases d’emballement hypophysaire de la périménopause, Hyperthyroïdies,
Calculs rénaux et biliaires, rétention d’eau, urémie, rhumatismes, goutte.

 

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Formes d’utilisation et dosage :

Les jeunes feuilles de cette plante sont consommables.

En teinture de la plante entière ou en gélules.
TM de plante entière : 2 fois 10 gouttes par jour.
Gélules de poudre de graines : 3 gélules à 300 mg par jour.
En infusion : 2 cuillérées à soupe de plante entière séchée pour 500ml d’eau. Infuser 20 minutes ; prendre une tasse après chaque repas.
Selon F.-J. Cazin : décoction, 30 à 45 g pour 1 litre d’eau, deux verres chaque matin, une dizaine de jours.

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Autres utilisations et autres approches non conventionnelles :

Dans certaines tribus amérindiennes, on consommait les nucules. Les Nlaka’pamux de Colom- bie-Britannique mangeaient la racine d’une variété proche, le Lithospermum incisum Lehm.

En France, la racine a servi à colorer le beurre.

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Contre-indications – Toxicité :
En cas de grossesse, d’allaitement, d’insuffisance hépatique, hypophysaire ou thyroïdienne.

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À noter que ce sont des boraginacées qui ont cette propriété antigonadotrope : Grémil (Li- thospermum officinale) ; bourrache (Borago officinalis) ; buglosse (Anchusa officinalis) et con- soude (Symphytum officinale).

La bourrache très proche du grémil contient de l’acide silicique, du calcium et du potassium, des mucilages, des acides gras qui l’indique pour les peaux sèches et particulièrement les verge- tures sera traité dans une prochaine monographie.

Enfin, beaucoup de fleurs des borraginacées passent du rose au bleu marquant ainsi le passage de l’acidité à l’alcalinité. La bourrache, le grémil bleu, la vipérine se reconnaissent à cette couleur azur éclatante.

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* anœstrus : Phase dans laquelle les ovulations ne se produisent pas et où les femelles ne sont pas sexuellement réceptives.

Références :

1 Brinker F. Inhibition of endocrine function by botanical agents, Antigonadotropic activity. British Journal of Phytotherapy. 1997;4:123–145.
2. Francis Brinker, N.D. Inhibition of Endocrine Function by Botanical Agents. I. Boraginaceae and Labiatae. J Naturopath Med. 1990;1:10 PDF intégral

Michel Dubray herboriste, monographie le Grémil (Lithospermum officinale), janvier 2023 p. 4

Buglossoides purpureocaerulea- Grémil pourpre-bleu

3. Kemper F, Loeser A. Blockade of pituitary hormones and regulation of endocrine functions by means of Lithospermum officinale. Acta Endocrinol (Copenh). 1960 Feb;33:251-4. PMID 14408457

4. Kemper F. Experimental bases for a therapeutic use of Lithospermum officinale for block- ing anterior pituitary hormones. II. Arzneimittelforschung. 1959 Jul;9:411-9. PMID 14408458

5. Wernze H, Wernze K. On the inhibition of experimental endocrine exophthalmos by Litho- spermum officinale. Klin Wochenschr. 1962 Mar 1;40:262-4.

6. Kemper F, Loeser A. Regulation of the production of pituitary hormones by the blocking action of Lithospermum officinale. Acta Endocrinol (Copenh). 1958 Dec;29(4):525-30. PMID 13605545

7. H. Sourgens, H. Winterhoff, H. G. Gumbinger, F. H. Kemper. Antihormonal Effects of Plant Extracts. TSH- and Prolactin-Suppressing Properties of Lithospermum officinale and other Plants. Planta Med 1982; 45(6): 78-86. PMID 7202226

8. Michael Auf’mkolk, Jonathan C. Ingbar, Syed M. Amir, Hilke Winterhoff, Hildegard Sour- gens, Rolf D. Hesch And Sidney H. Ingbar. Inhibition by Certain Plant Extracts of the Binding and Adenylate Cyclase Stimulatory Effect of Bovine Thyrotropin in Human Thyroid Mem- branes. Endocrinology Vol. 115, No. 2 527-534. PMID 6745167

  1. Winterhoff H, Sourgens H, Kemper FH. Antihormonal effects of plant extracts. Pharmaco- dynamic effects of lithospermum officinale on the thyroid gland of rats; comparison with the effects of iodide. Horm Metab Res. 1983 Oct;15(10):503-7. PMID 6685685

  2. Ci B, Wang W, Ni Y (2018) Inhibitory effect of Saposhniko-
    via divaricata polysaccharides on fibroblast-like synoviocytes from rheumatoid arthritis rat in vitro. Pak J Pharm 316:2791–8

  3. Gestur Johnsona, S.G. Sunderwirtha, H. Gibian1, a, A.W. Coultera, F.X. Gassner. Litho- spermum ruderale: Partial characterization of the principal polyphenol isolated from the roots. Phytochemistry, Volume 2, Issue 2, June 1963, Pages 145-150

  4. William E. Findley, Barry R. Jacobs. The antigonadotropic activity of Lithospermum ru- derale I. The lack of steroid-like activity at the receptor level. Contraception 1980, Vo- lume 21, Issue 2, Pages 199-205

  5. William E. Findley. The antigonadotropic activity of Lithospermum ruderale II. The inhibi- tion of LRF-induced gonadotropin release. Contraception 1981, Volume 23, Issue 2, Pages 157-162

  6. Ronald J. (1994) [1992]. Sagebrush Country: A Wildflower Sanctuary (rév. éd.). Missoula, MT: Pub de presse de montagne. Flic. 24. ISBN 0-87842-280-3. OCLC 25708726 .

  7. Usage cité par Leclerc, Lieutaghi et Valnet.

  8. Findley WE, Hollstein U, Besch PK. Effect of purified lithospermic acid and its oxidation

    product on luteinizing hormone release in vitro. Biol Reprod. 1985 Sep;33(2):309-15.

Michel Dubray herboriste, monographie le Grémil (Lithospermum officinale), janvier 2023 p. 5

Bibliographie :

  • Eric Yarnell, Kathy Abascal. Botanical Medicine for Thyroid Regulation. Alternative and Complementary Therapies. June 2006, 12(3): 107-112.

  • Noble RL, Graham RCB. Lithosperm-Like Action of Certain Quinones. Can Med Assoc J. 1953 December; 69(6): 576–581. PMID 13106795 [1]

  • Bruneton J. Pharmacognosie, Phytochimie, Plantes médicinales. Ed. Tec et Doc. 1997. p. 224

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