La Naturopathie : philosophie de vie ou compilation de méthodes spécifiques ?

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Depuis quelques années, sous l’influence des certaines fédérations et/ou syndicats de naturopathie, on voit apparaître des tentatives de faire « reconnaître officiellement » la naturopathie par « des normes et des certifications », au prétexte d’éliminer « les charlatans » du métier et protéger les consommateurs de certaines dérives…

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A ce stade-là, il convient de se poser une question fondamentale : « la Naturopathie est-elle une philosophie de vie ou une compilation de méthodes spécifiques… ». Si on peut avancer que certaines philosophies sont accompagnées de pratiques ou de normes spécifiques, il faut bien admettre que la philosophie ne saurait être normée de manière stricte, car elle est basée sur des idées, des croyances et des valeurs personnelles…

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On considère que la naturopathie moderne est née au 19^ème siècle en Europe et en Amérique du Nord, en réponse à l’industrialisation alimentaire et la médicalisation croissante de la santé. Les fondateurs de cette discipline, tels que Sebastian Kneip  – prêtre catholique et naturopathe allemand –  et Benedict Lust – naturopathe américain à l’origine de la promotion de la naturopathie aux Etats-Unis –  , ont cherché à promouvoir des modes de vie saints, basés sur l’observation de la nature et à encourager l’auto-guérison de l’organisme, à l’image des chamans qui sont des guérisseurs traditionnels utilisant des plantes médicinales, des techniques de guérison énergétiques pour aider les personnes à retrouver l’équilibre et la santé.

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La naturopathie, telle qu’elle est connue aujourd’hui, trouve ses racines dans une approche ancestrale de la santé, qui valorise les mécanismes naturels du corps et sa capacité à s’auto-guérir. Si l’on remonte dans le temps, il est clair que les principes fondamentaux de la naturopathie prennent forme avec des figures emblématiques de la médecine antique, notamment Hippocrate. Cependant, contrairement à une idée reçue, la structuration moderne de la naturopathie ne s’est pas faite en France, mais bien en Allemagne. Voici un éclairage sur cette histoire et sur les raisons qui font de l’Allemagne le berceau de la naturopathie moderne.

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Hippocrate : Le père spirituel de la naturopathie

Hippocrate, médecin grec de l’Antiquité, est souvent considéré comme le premier à avoir posé les bases d’une médecine holistique. Il professait des principes qui résonnent fortement avec ceux de la naturopathie : « Que ton aliment soit ton premier médicament », ou encore « Primum non nocere » (d’abord ne pas nuire), des maximes qui soulignent l’importance d’un mode de vie sain et d’une approche douce de la guérison. Hippocrate croyait en la force de la nature pour soigner le corps, et ses enseignements ont profondément influencé la médecine traditionnelle occidentale.

Cependant, si Hippocrate est souvent cité comme une figure d’inspiration pour les naturopathes, il serait réducteur de considérer que la naturopathie, telle qu’on la connaît aujourd’hui, est née à cette époque. C’est bien plus tard, au 19ème siècle, que ce courant de pensée a pris une forme concrète, grâce à des pionniers allemands.

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L’Allemagne : Le véritable berceau de la naturopathie moderne

C’est en Allemagne, à la fin du 19ème siècle, que la naturopathie moderne a réellement vu le jour. Plusieurs facteurs expliquent pourquoi ce pays a joué un rôle si central dans l’émergence de cette discipline.

1. Le contexte social et médical de l’époque

L’Allemagne du 19ème siècle était marquée par une quête de méthodes alternatives aux pratiques médicales conventionnelles, souvent jugées trop invasives et inefficaces. C’était une période où les médicaments synthétiques et les techniques chirurgicales lourdes étaient en pleine expansion, mais aussi fortement critiquées par certains médecins et philosophes. L’idée de revenir à des pratiques plus naturelles s’est alors imposée, notamment chez les personnes sceptiques face à la médecine conventionnelle de l’époque.

2. Les pionniers de la naturopathie en Allemagne

Plusieurs figures majeures allemandes ont façonné la naturopathie moderne. Parmi eux, Vincent Priessnitz (1799-1851) est souvent cité comme l’un des premiers naturopathes modernes. Il développa la cure hydrothérapique, qui utilise l’eau comme moyen de guérison, une technique toujours utilisée en naturopathie aujourd’hui. Son travail fut suivi et enrichi par Sebastian Kneipp (1821-1897)**, prêtre et guérisseur, qui popularisa l’utilisation de l’eau, des plantes, et d’un mode de vie sain pour prévenir et traiter les maladies. Leurs méthodes étaient centrées sur le respect du corps, de l’alimentation, et des cycles naturels, des idées qui allaient poser les bases de la naturopathie contemporaine.

Benedict Lust (1872-1945), un autre Allemand influent, fut quant à lui celui qui introduisit la naturopathie aux États-Unis et contribua à sa structuration en tant que discipline distincte. Il fonda les premières écoles de naturopathie et introduisit le terme « naturopathie » dans le vocabulaire médical.

3. Une approche systémique de la santé

L’un des grands mérites de ces pionniers allemands est d’avoir systématisé la pratique de la naturopathie, en combinant diverses approches comme l’hydrothérapie, la phytothérapie, la nutrition, et l’exercice physique. Ils cherchaient à comprendre le corps dans son ensemble et à utiliser des remèdes naturels pour favoriser l’équilibre et la santé. Cette approche globale correspondait parfaitement à l’esprit de l’époque, où la remise en question des pratiques médicales lourdes ouvrait la porte à des méthodes plus douces.

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Et la France dans tout cela ?

Il est souvent affirmé, à tort, que la France aurait été le berceau de la naturopathie moderne. Certes, la France a joué un rôle important dans la médecine naturelle, notamment avec des figures comme Jean Valnet, pionnier de l’aromathérapie, ou encore Georges Délétang, qui ont contribué à populariser certaines techniques naturelles. Mais contrairement à l’Allemagne, la France n’a pas été au cœur du mouvement de structuration de la naturopathie. L’engouement français pour cette discipline est venu plus tard, notamment après la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’influence des États-Unis, où la naturopathie s’était déjà solidement implantée, a commencé à se faire sentir en Europe.

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Aujourd’hui, un courant de naturopathes français souhaite que ce métier évolue en intégrant essentiellement des techniques déjà utilisées par d’autres branches des métiers du bien-être en y associant notamment des compléments alimentaires issus de laboratoires pharmaceutiques dont certains donnent un appui logistique et financier important pour donner une approche scientifique à la démarche des naturopathes.

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Ainsi, une nouvelle scission se dessine entre les naturopathes en faveur d’une approche de traitement naturel et holistique de la santé et celles et ceux qui veulent aller vers une normalisation de cette pratique en tentant d’apporter une caution scientifique, avec l’appui des laboratoires pharmaceutiques et de certains professionnels de santé.

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Quid de ce « Big Pharma du bio » ? Selon une étude de Grand View Research Inc publiée en 2021, le marché mondial des compléments alimentaires était estimé à 140 milliards de dollars en 2020 et devrait atteindre 230 milliards de dollars d’ici 2028 !

Cette approche « scientifique » exige une certaine moralisation des rapports entre les différents acteurs du marché, à défaut il ferait porter une grave atteinte à la protection des consommateurs de la naturopathie et aux différents secteurs de la naturopathie.

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Article rédigé d’après le blog de Eric Gimbert.

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Conclusion

La naturopathie, bien qu’inspirée par les principes d’Hippocrate, a véritablement pris forme en Allemagne au 19ème siècle, sous l’impulsion de pionniers comme Vincent Priessnitz et Sebastian Kneipp. Leur approche holistique et naturelle de la santé a permis à la naturopathie de se structurer en tant que discipline distincte, avant de s’exporter vers d’autres pays, notamment les États-Unis, où elle connut une nouvelle phase de développement. Si la France a joué un rôle dans la diffusion des pratiques naturelles, c’est l’Allemagne qui peut revendiquer le titre de berceau de la naturopathie moderne.

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Préalable juridique : Les professionnels du bien-être – y compris les naturopathes sont sur le secteur de la SANTE – Dès que l’on parle de maladie et de traitement, il est vivement conseillé de consulter votre médecin traitant qui pourra apporter des remarques sur l’opportunité d’une telle intervention et mettre en garde contre d’éventuelles contre-indications relatives aux prescriptions proposées.