Posologie en homéopathie

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Réflexions sur la posologie en homéopathie

Le délicat problème de la posologie a rassemblé et divisé le monde homéopathique à travers les deux siècles de son histoire. La question n’est toujours pas close, car des pratiques très diverses s’observent, selon que l’on souhaite un effet rapide dans une situation aiguë, ou un effet prolongé dans une pathologie chronique, mais surtout avec le moins d’effets secondaires possible (la fameuse « phase d’aggravation thérapeutique »).

Observons d’abord les produits qui nous sont proposés par les laboratoires :

* La pratique pluraliste semble simple : on utilise surtout des dilutions centésimales sèches, les 4, 5, 7, 9 (tubes), 15 et 30 (doses) CH. Les tubes sont utilisés dans les affections aiguës (la durée d’action des basses dilutions est réduite) ou lorsque l’on souhaite alterner plusieurs remèdes. Les doses dans les situations plus chroniques et lorsqu’un effet plus profond et durable est recherché. Afin d’atténuer l’aggravation thérapeutique, on observe la prescription « en échelle » du même remède (7, puis, 9, 15 et 30 CH).

* Les confrères unicistes utilisent plus volontiers les « kentiennes », qui sont des dilutions korsakoviennes préparées à partir d’une 30 CH. Les doses les plus couramment utilisées sont les 30, 200, M, XMK et LMK. A noter que selon l’enseignement de Kent, la dose sèche unique est la règle, la quantité de globules administré n’ayant aucune importance.

* A l’opposée, les praticiens complexistes (cf. lab. Heel) utilisent des « formules », qui sont des associations de remèdes (polycrests, satellites, nosodes et/ou sarcodes) en dilutions décimales, de la TM à la 200 DH. Celles-ci évitent les aggravations thérapeutiques, mais leur effet tissulaire est bref dans le temps (une à trois semaines).

 


 

Samuel Hahnemann a lui-même beaucoup varié dans sa pratique, utilisant d’abord les 3 DH (selon lui « première dilution homéopathique »), puis les centésimales paires : 6, 12, 24, 30 et 200 CH (4ème édition de l’Organon, 1829), Dans les deux éditions suivantes : 5ème en 1840 et 6ème en 1843 (qui ne sera d’ailleurs publié que longtemps après), il modernisait sa méthode de préparation des remèdes, passant d’une échelle de dilution liquide de 1/100 à une dilution de 1/50 000 liquide et sèche alternée. Il appelait ces remèdes des « quinquagentamillésimales » ou dynamisations LM. Il a utilisé ces deux systèmes de dynamisation jusqu’à ses derniers jours.

Hahnemann était ouvert à toutes les méthodes posologiques, ainsi dans les « Maladies chroniques », il dit l’inverse des premières éditions de l’Organon et parle de posologie descendante. Dans la sixième édition, corrigée et mise au point dans les dernières années de sa vie, il montre que l’on peut absorber les remèdes par la peau, par les muqueuses et en inhalation, un granule dans un peu d’alcool à 95° que l’on fait respirer (méthode intéressante dans le cas d’une hypersensibilité aux remèdes).

L’action des CH est rapide, d’où leur utilisation pour les affections aiguës, mais elles peuvent provoquer une aggravation lorsque la pathologie est grave et que la vitalité est affaiblie. Dans le cas des maladies chroniques congénitales ou dégénératives, il préférait les dilutions LM (de 1 à 30), qui prenaient le relais après les 30 CH. Leurs aggravations existent mais sont brèves et apparaissent parfois en fin de traitement (contrairement aux CH, où elles surviennent dans les premiers jours qui suivent la prise). Ces remèdes sont disponibles en Suisse chez le laboratoire Schmidt-Nagel (Meyrin-Genève).

Modalités de prescription : de la dose sèche à la phase liquide …

A la lecture des consultations d’Hahnemann et nombreux travaux récents, il semble intéressant de prendre en considération les avantages de l’administration des unitaires homéopathiques en phase liquide :

– La quantité minimale nécessaire : contrairement au concept de J.T. Kent, sans doute influencé par Swedenborg, affirmant qu’un ou mille granules, l’effet était le même, il semblerait que la quantité de granules/globules absorbée influe sur la hauteur de la réaction au remède, favorisant les réactions incontrôlables :
« Un remède, même homéopathiquement approprié, est nuisible quand la prise donnée est trop grande en volume et d’avantage encore si celle-ci est trop fréquemment répétée » (Organon 275).

– L’administration selon un léger décalage de dynamisation à chaque prise : certaines affections (ex. : le rhume des foins) réclament des prises fréquentes, on observe alors parfois un épuisement rapide de l’effet du remède (habituation) ou au contraire des symptômes pathogénétiques (qui s’ajoutent à ceux de la maladie). Le passage à la dilution supérieure n’est pas non plus sans inconvénient, car avec un décalage de dilution important, on peut observer un « trou dans la réceptivité » qui risque donc de se produire une aggravation !

La solution proposée est élégante : apprendre au patient à préparer son remède et à gérer sa posologie. Un à deux granules/globules sont versés dans un petit flacon d’eau minérale (Volvic par exemple), le flacon est secoué une dizaine de fois et le patient absorbe une petite cuillère du liquide préparé. Le flacon est conservé au réfrigérateur. La redynamisation du flacon avant une nouvelle prise est la règle, dégageant une nouvelle « force médicamenteuse ». Parfois une seule cuiller suffit à amorcer la guérison, parfois rien ne se produit avant que l’on renouvelle … C’est le grand retour de la posologie en homéopathie !

 

Dans les affections aigues, la répétition des prises est toujours possible … si les symptômes reviennent après une amélioration passagère car « la fièvre et la douleur mangent l’action des remèdes » (P. Schmidt). Utilisez une dynamisation différente à chaque fois si possible.

Si on observe une sédation rapide ou une aggravation nette, il ne faut pas répéter le remède !

 Dans les affections chroniques, on peut utiliser le même principe, en alternant deux ou trois remèdes si nécessaire. Attention, car le patient peut renouveler abusivement la prescription (réaction pas appréciée objectivement) : lui demander de ne garder que les dilutions basses (< 6DH) dès qu’il y a une amélioration nette. 

Dans les cas brouillés (trop de symptômes ou changeants, trop de remèdes), il sera bon de prendre son temps pour faire la synthèse du cas. Un PRS (objectivation de la réactivité sérique aux principaux remèdes homéopathiques) vous donnera dans les huit jours une vision objective des régulations et vous permettra de reprendre le questionnaire clinique avec un autre regard.

Evitez surtout :

  1. de mélanger les symptômes de la maladie chronique avec ceux d’une maladie intercurrente,
  2. de répéter trop vite un remède (risque d’effet pathogénétique)3/ d’oublier de commencer par un Nosode dans une situation de blocage chronique (maladie grave, ancienne et que tout aggrave) 

Antidotes : remèdes nécessaires aux malades réagissant extrêmement violemment à l’administration d’un remède (voir par exemple la liste de Gipson Miller). Ainsi on pourra utiliser, selon les symptômes induits : Apis, Arnica, Asarum, Belladonna, Camphora, China, Coffea, Nux vomica, Staphysagria, Tarentula … 

Remèdes réactifs : remèdes nécessaires aux malades réagissant très peu à l’administration d’un remède bien choisi (insuffisance d’énergie vitale ou blocage des régulations ?). Ainsi on pourra utiliser, selon les symptômes présentés : Ambra grisea, Ammonium carb., Calcarea iodata, Capsicum, Carbo vegetabilis, Gelsemium, Helleborus, Opium, Phosphoricum acidum, Sulfur …

 

Quel est la position de nos amis les praticiens qui se revendiquent de « l’homéopathie diathésique » ?

La plupart des aggravations thérapeutiques sont liées au problème (méconnu en occident) des situations de plénitude/ insuffisance associées en pathologie (cf. la MTC) : il suffit d’associer au remède homéopathique (aux symptômes du moment) en haute dilution (c’est à dire + de 12 CH, nombre d’Avogadro, limite de la matière présente dans le médicament) qui dispersera l’hyperfonction (plénitude) à un remède alimentaire du même pôle organique en basse dilution (c’est à dire 1, 2 ou 3 DH, qui nourrira la structure sous-jacente en souffrance). Cette méthode était d’ailleurs utilisée empiriquement depuis un siècle sous la fausse appellation de « drainage », alors qu’elle bénéficie à présent d’une base théorique et d’un choix optimisé à travers plus de 200 végétaux, grâce à la biologie des PRS.

Les rares situations de « vide » vues au cabinet, c’est à dire les pathologies graves, chroniques et régulièrement aggravées par des remèdes qui semblaient correctement choisis, bénéficieront d’un Nosode, prescrit avant tout autre remède.

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Le corps humain (sorte de machine à fabriquer des dilutions korsakoviennes) dilue et dynamise en permanence les quelques gouttes quotidiennes de la basse dilution prescrite (plante conseillée par le PRS par exemple), ce qui explique parfaitement son effet à long terme. Pourquoi ne pas utiliser une technique proche de celle-ci pour la haute dilution ? Essayer donc la prescription de vos remèdes de haute dilution en phase liquide : outre le fait que cela reviendra meilleur marché à vos patients (deux granules pour une multitude de prises), vous contrôlerez mieux les différents effets du remède !

Références :
Dr. Edouard Broussalian – « Doses liquides : mode d’emploi ».
Dr. David Little – « Comparaisons et indications des CH et des LM »: www.similimum.com


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