Le rôle mal connu de l’occlusion et des articulations temporo-mandibulaires dans la santé
Avez-vous remarqué que chez les édentés le menton se rapproche du nez ? Votre dentiste parlera, alors, de « perte de dimension verticale ». En effet la dimension verticale est la distance entre la pointe du nez et le point le plus antérieur du menton. Les édentés peuvent être perclus de rhumatismes. On attribue ces douleurs souvent à l’âge, puisque les édentés sont souvent des personnes âgées. Ce qui ramène à considérer les rhumatismes comme un mal rédhibitoire dû à la destruction progressive au cours des années des structures articulaires. Quand on pense structures, on se rapporte surtout aux cartilages des articulations.
Quand un professionnel de la santé examine un corps, selon ce qui lui a été enseigné, il ne va pas en premier lieu se pencher sur la structure, la charpente du corps. Il ne regarde pas le corps avec les yeux d’un architecte. Mais l’orthodontie jointe à l’occlusodontie nous apprend autre chose : « que la structure minéralisée du corps est capitale, car elle sous-tend l’ensemble« .
En effet les chaînes musculaires antérieures, postérieures, droites et croisées se rejoignent dans la zone oro-faciale. Si à ce niveau, il y a un manque d’appui pour les maintenir en équilibre, il y aura souffrance. Pourquoi et comment ? En fait l’équilibre de ces forces repose sur l’appui dentaire :
Pour peu qu’une structure d’une des arcades dentaires soit défaillante, l’équilibre des forces est perturbé :
Par la clinique, on s’aperçoit que les troubles viennent essentiellement d’une chute de la dimension verticale. Et qu’augmenter la dimension verticale est bien supportée, alors que la diminuer provoque l’inverse. II s’ensuit un enfoncement des condyles mandibulaires dans la cavité glénoïde de l’articulation mandibulaire, conditionné par le manque d’appui, avec fuite du ménisque qui a un rôle tampon.
La tête du condyle est alors mise directement en contact avec le cartilage de l’ATM et il s’en suit une inflammation, une tension musculaire. En effet les muscles de la mastication vont se contracter pour freiner le frottement et tenter de protéger l’articulation. Car cette zone est capitale. Elle est proche de l’oreille, centre de l’équilibre, de l’audition et de l’alerte, mais aussi près de l’émergence du Système Nerveux Autonome, au trou déchiré postérieur.
Le nerf vague informé par les rameaux du X, dont l’aire est justement dans le fond de la cavité buccale, l’arrière gorge et la base de la langue est gêné par l’inflammation. Or nous ne pouvons pas ignorer son impact par le côté gauche principalement sur le digestif et par le côté droit sur le pulmonaire et le cardiaque. Les ostéopathes le savent bien.
Donc le déséquilibre occlusal retentit d’une part sur l’ensemble des structures osseuses par les chaînes musculaires et sur le physiologique via le SNA. Alors si je puis donner un conseil à nos thérapeutes : « Apprenez à compter les dents de vos patients et à les différencier ». Ce sera déjà un bon début !
Différencier les incisives des canines, les prémolaires des molaires !
Il y a deux incisives, une canine, deux prémolaires et trois molaires, en comptant la dent de sagesse par hémi-arcade. Chaque groupe de dents à un rôle particulier dans le mouvement lemniscal de la mastication et pour que celle-ci soit équilibrée, les formes et les appuis doivent être présents. Les formes supérieures et les formes inférieures doivent s’épouser. Et quand elles ne le font pas, une gouttière occlusale formée à partir des structures de l’une des deux arcades remplira ce rôle, donnera de la hauteur et les appuis nécessaires à la relaxation musculaire, mais encore faut-il que nos condyles mandibulaires soient bien positionnés pour un maximum d’efficacité.
Attention, nous ne parlons pas ici de gouttières d’orthodontie (du type Invisalign) qui visent à bouger les dents sur une arcade. Il y a les gouttières orthodontiques et les gouttières occlusales !
Martine Lapouble