.
La description du corps humain en MTC est….multiple. Il existe bien sûr des descriptions anatomiques pures lors des études de MTC en Chine, comme en occident, et celles-ci doivent être également connues. Mais le corps humain est également décrit sous forme de systèmes différents. L’intérêt de chaque mode de description est d’offrir un support de réflexion différent qui aidera le praticien à établir les causes du déséquilibre que présente le patient.
.
Ainsi, on aura comme systèmes de description, outre les descriptions anatomiques occidentales :
.
Mais peut-être une description simple mais fondamentale, et très utile, est la description du corps humain en …. deux parties : BiaoLi 表理, Superficie et Profondeur. Le corps humain est décrit en deux parties : Superficielle et Profonde avec un lieu de passage entre les deux. Les lieux de passage entre les deux parties sont appelés Cou Li (腠理). C’est là que circulent principalement les méridiens.
Cette description est fondamentale, car c’est une des questions fondamentales pendant le diagnostic : la maladie est-elle en superficie ou en profondeur ?
Cette question, ainsi que les autres questions (chaud ou froid ? vide ou plénitude ?), forment la base pour tout diagnostic en MTC.
.
.
On peut décrire le corps humain comme une succession de différents constituants : on parle des cinq constituants du corps : les wu ti (五体). Il s’agit d’une description du corps humain par constituants anatomiques. Ces cinq constituants sont :
.
A l’extérieur, nous avons la peau (pi 皮) et les poils (mao 毛). Cette couche constitue la barrière du corps. Les Pi Mao sont gérés par l’organe Poumon (fei 肺). Ainsi, il est dit :
La peau est l’organe le plus externe du corps. Il sert de fonction protectrice. Nous verrons que cette fonction est exercée par la fonction protectrice du Wei Qi (卫气).
.
Répartie sur le corps et les membres. Cette chair constitue le « matériau » du corps, gérée par l’organe Rate (pi 脾). Ainsi il est dit :
Il est important d’être « bien » en chair, au sens propre du terme, et ne pas être émacié; plus globalement l’état de nos chairs nous renseigne sur l’état du Qi de la Rate, qui a une fonction ne nourrissement (Ying Qi).
Pour mouvoir notre corps nous avons besoin de muscles, arrimés par des tendons et des membranes. La partie « charnue » du muscle est régie par la Rate (cf. ci-dessus), alors que la partie « dynamique » du muscle est régie par l’organe Foie (gan 肝). Ainsi, il est dit :
Les tendons constituent les « arrimages » des structures du corps.
Ils constituent le squelette du corps, et dépendent de l’organe Rein (shen 肾).
Ce sont les vaisseaux sanguins et les méridiens, qui véhiculent respectivement le Sang et le Qi. Ce sont les « voies de circulation » à l’intérieur du corps humain. Répartis sur l’ensemble du corps, ils sont gérés par l’organe Poumon (fei 肺) et l’organe Cœur (xin 心)
Pour résumer, la description du corps humain selon les 5 constituants (wu ti 五体) présente le corps humain ainsi :
Entre ces deux environnements, extérieurs et intérieurs, il y a une couche appelée les Cou Li (腠理).
.
Chacun de ces constituants est sous la responsabilité d’un ou plusieurs Zang : ainsi
Dans la pratique, en fonction du constituant affecté, il faudra vérifier l’état du Zang correspondant par l’examen clinique.
.
.
.
On peut décrire le corps humain comme un ensemble d’organes et d’entrailles. Cette description est plus fonctionnelle que la première.
Chacun de ces organes et entrailles est lié à des structures et à des fonctions spécifiques, le tout étant en charge de l’ensemble des structures et des fonctions du corps humain.
On distingue traditionnellement d’une part les organes et entrailles « normaux » (relevant du système des cinq éléments) et d’autre part les entrailles « curieuses» (n’en relevant pas).
.
Notre corps est également composé d’organes pleins, les Zang (脏), qui jouent des rôles métaboliques de thésaurisation, de conservation des substances fondamentales du corps. Ainsi, il est dit que :
NB : on remarque ici que ces fonctions sont des fonctions Yin : la thésaurisation correspond à l’épargne, à la mise en grenier des trésors que sont les substances fondamentales; et le mouvement de son Qi est centripète.
Par ailleurs, et cela sera vu lors de l’étude de la théorie des Zang Fu, chaque Zang est également en charge d’autres fonctions spécifiques.
.
De plus, chacun de ces Zang est responsable de chacun des constituants du corps. Ainsi (cf une première description du corps humain) :
.
Notre corps est également composé d’entrailles creuses, les Fu (胕). Ceux-ci sont étroitement liés aux Zang (cela sera détaillé lors de l’étude de la théorie des Zang Fu).
Les Zang jouent un rôle de tuyaux, véritables vecteurs de substances, permettant des actions Yang. Ainsi par exemple :
On voit dans cet exemple le rôle de chacune des entrailles dans les processus digestifs : l’Estomac réceptionne les aliments, comme un grand chaudron, où seront cuits et décomposés les aliments et les liquides ingérés. Puis l’Intestin Grèle en séparera l’utile du déchet (le pur du trouble) : l’utile étant assimilé, et le déchet envoyé vers la Vessie (pour la partie liquide) et le Gros Intestin (pour la partie solide). Ce sont bien des actions relativement Yang.
On remarque que les Zang sont en charge des matériaux « précieux » pour l’organisme, permettant de fabriquer les différents constituants du corps, alors que les Fu sont en plus en charge du transport de substances utiles à l’organisme. Chacun se répartit la tâche.
.
Enfin, le corps comporte également des entrailles curieuses, qui ont des rôles « à part ». On parle des 六奇恒之胕 (liu qi heng zhi fu : les 6 entrailles curieuses). Ce sont :
.
Pour résumer, la description selon le corps humain des Zang Fu présente un corps comme :
A ce « bel » ensemble Yin-Yang ont été ajoutées les entrailles curieuses, avec des rôles plus spécifiques. Il est à noter que les entrailles curieuses sont apparues plus tardivement dans les théories de médecine chinoise.
.
On peut décrire fonctionnellement le corps humain en Trois Réchauffeurs (san jiao). Cette description du corps est également plutôt systémique : elle présente des systèmes plus proches des notions de « médecine occidentale » : systèmes respiratoires et cardio-vasculaires, système digestif, système uro-génital…
Cette description présente le corps en 3 « compartiments » superposés, qui abrite des organes, ont chacun des fonctions spécifiques, et qui communiquent les uns avec les autres.
Il abrite le Cœur et le Poumon. On le décrit traditionnellement comme un « nuage »
Les fonctions du Réchauffeur Supérieur sont
On peut rapprocher le réchauffeur supérieur des systèmes cardio-vasculaire (contrôle et diffusion du sang) et respiratoire (contrôle et diffusion du Qi).
.
Il abrite la Rate et l’Estomac. On le décrit comme un chaudron qui cuit et fait mûrir les aliments.
Il a principalement la charge des fonctions digestives.
.
Il abrite le Rein et le Foie, ainsi que les intestins (gros et petits) et la Vessie
On le décrit comme un égout.
Il a principalement comme fonction de séparer le clair du trouble, et d’éliminer l’eau.
On peut rapprocher le réchauffeur inférieur du système uro-génital, responsable notamment de l’équilibre hydrique du corps.
En anatomie chinoise, les orifices du corps ont une importance particulière.
Symboliquement pour commencer : on parles des orifices Yang et des orifices Yin :
On notera que l’orifice vaginal n’est traditionnellement pas cité, mais on l’intègrera bien sûr dans les orifices yin.
De plus, on parle des orifices du Cœur : symboliquement, cela revient à décrire le cœur comme une maison avec des fenêtres. Celles-ci doivent rester ouvertes, faute de quoi la maison (le cœur), devient insalubre et les pathologies, souvent psychologiques, peuvent se développer. En cas de pathologies, des principes de traitement visent alors à dégager les orifices du cœur.
.
D’un point de vue diagnostique, les orifices du corps ont une importance particulière : en effet, ce sont de véritables voies de communication entre l’intérieur du corps et l’extérieur.
En observant ce qui est excrété par ces orifices, ou en observant l’aspect de ces orifices, on peut avoir des informations sur l’intérieur du corps. D’où son importance capitale pendant l’examen clinique, pendant l’anamnèse et pendant la phase d’observation.
Ainsi par exemple, on interrogera sur :
Et on regardera de même attentivement la langue et le visage (ainsi que ses orifices).
L’ensemble pourra nous donner des informations intéressantes sur l’état de l’organisme du patient et nous renseigner sur ses dysfonctions.
.
Pour les anciens taoïstes, la salive était un précieux nectar interne. On pouvait l’appeler « le Suc de Jade », « le Suc divin », « la Source mystérieuse » ! Ainsi, avaler la salive offrait au corps les mêmes bienfaits que ceux de la pluie qui irrigue la terre (rappelons la place de l’Homme dans la triade Ciel-Homme-Terre). Les techniques taoïste pour avaler la salive permettaient même d’accéder à l’immortalité.
Les taoïstes donnaient même plusieurs noms à la salive en fonction de son état :
(Source : Traité de Qi Gong Médical – Vol 2 – Prf Jerry Alan Johnson – p235)
Giulia Enders, dans son best-seller, « Le Charme discret de l’Intestin », explique que la salive contient des ions calcium (nourriciers), et des mucines, qui protègent nos dents et gencives. Nous constatons donc le rôle nourricier et protecteur de la salive, rôles caractéristiques du Méridien Tai Yin, Rate et Poumon ! En plus de ces substances bienfaitrices, G. Enders mentionne aussi la présence dans la salive d’opiorphine une substance antalgique proche de la morphine, et à propriétés anti-dépressives : alors tous pratiquons le Qi Gong de la Salive !
.
Qi Gong de la Salive
Pour ce faire, de nombreuses techniques existent, mais la plus simple consiste à parcourir les gencives avec la langue, 9 fois dans le sens des aiguilles d’une montre, puis 9 fois dans le sens inverse ; tout d’abord sur la face externe des gencives, puis sur la face interne.
Un autre exercice s’appelle aussi « Grincer des dents » : cela consiste à claquer des dents 36 fois, puis à avaler la salive résultante. Cette exercice peut renforcer l’axe GI-Reins.
On peut se masser les gencives avec une préparation d’eau salée (concentration de sel physiologique, à l’eau de mer par exemple).
On remarque ici également l’association du Yang Ming avec les Reins.
Il est même des ouvrages qui expliquent comment avaler en 3 fois sa salive pendant ces exercices afin de renforcer l’effet du Qi Gong !
.
On interrogera le patient sur ses selles (une des dix questions). On se renseignera notamment sur :
.
Tous ces signes renseignent donc sur l’état du méridien Yang Ming du Gros Intestin qui, rappelons le, doit être aussi « propre et lumineux » que possible et exempt de Xie Qi 邪气.
.
Au niveau de l’anus également on pourra interroger le patient sur :
.
Bref, concernant la digestion on interrogera le patient de l’entrée à la sortie, de la bouche à l’anus, ce qui nous donnera bon nombre d’informations sur l’état du méridien Yang Ming, véritable interface entre l’extérieur du corps humain (son contexte) et l’intérieur (son métabolisme).
Et cela nous donnera également bon nombre d’informations sur le Réchauffeur Moyen, la place de l’Homme entre Ciel et Terre… combien d’entre nous cherchent ainsi leur place ?
.
.
Jean-Laurent BARBIER
Notre but est de mettre à disposition des internautes (étudiants, professionnels de la santé et patients) les renseignements disponibles dans le domaine des médecines douces (en anglais, l’on parle de « complementary and alternative medicine »), au sein d’un concept global d’équilibre du terrain, pour qu’ils participent avec nous au débat ouvert sur la médecine de demain … dans une approche systémique de la santé, des symptômes et des remèdes !
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web. Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.
Vous appréciez les articles de notre site ?
Vous vous intéressez à la santé naturelle et à la médecine fonctionnelle ?
Laissez nous votre email pour recevoir toutes les semaines des articles, des infos et des conseils