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Si nous devions résumer en quelques mots l’oeuvre de Steiner, je dirai que cet homme a, dans tous les domaines, insisté sur la prise en compte des interrelations dynamiques entre les éléments objectifs et subjectifs de notre monde. Si les notions d’équilibre et de complémentarité entre les différentes forces qui animent l’homme et la nature sont respectées, la ré-appropriation du sens de la vie résoudra les conflits (tissulaires, psychologiques ou sociaux) dans un cadre de compréhension élargi (à la limite de la métaphysique).

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Remettons-nous dans le contexte : R. Steiner vivait à une époque passionnante, où la science apparaissait triomphante, chargée des promesses d’un avenir radieux : la découverte des microbes, du téléphone, de la radio, les premières automobiles, les avions, la TSF … Darwin bouleversait la biologie par sa « théorie de l’évolution des espèces« . Von Bertalanffy travaillait sur la « théorie générale des systèmes« , Poincarré faisait évoluer la mécanique vectorielle vers des représentations géométriques, A. Einstein créait la « théorie de la relativité générale » (1920 : la réalité paradoxale défie alors le sens commun), pendant que S. Freud découvrait la puissance dévastatrice des pulsions ! Le champ social était aussi bouillonnant : les idées libérales et communistes s’affrontaient déjà dans les empires germanique et austro-hongrois chargés de contradictions.

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Plus que tout, je perçois R. Steiner comme le poète (c’était un grand phosphorique) du courant de pensée de l’analyse systémique : « la chose n’a d’importance que dans l’étude des rapports des éléments interagissant sur et à travers elle« . Il n’y que lui qui ai eu une formation aussi éclectique (scientifique et philosophique), qui éclairé par la vision de Goethe et son extrême sensibilité (médiumnité : il a été plusieurs fois rapporté comme percevant la mort de parents ou de proche à des centaines de kilomètres !) va appliquer ces logiques à l’ensemble des sujets que l’on lui soumettra, de la religion à l’architecture, de la botanique à la santé, de la politique à l’éducation, de l’astrologie à la mythologie. Sa vision fournit un ensemble de points de repère à l’épineuse question de l’immanence et de la transcendance.

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Note personnelle : Je ne cacherai pas avoir encore un jugement très ambivalent sur l’oeuvre de Steiner, d’abord parce qu’elle ne se laisse pas appréhender facilement. La plupart des conférences sont mal sténographiées (contresens, langage parlé, digressions nombreuses) et je trouve laborieuse la traduction de nombreux ouvrages. Il faut en effet fouiller les concepts qui y sont mis en avant et avec lesquels nous ne sommes pas familiers. De formation scientifique, les notions d’éthérique, d’astral, l’action des planètes sur le métabolisme de l’ensemble des êtres vivants, les « êtres élémentaires » … L’histoire de l’Atlantide et des différentes races qui s’y succédèrent … ne manquèrent pas de me surprendre aussi (je pense que certains textes doivent être pris au sens symbolique). Etudions par exemple l’évolution post-Atlantéenne (avec diminution de l’influence des mondes spirituels – clairvoyance – sur l’homme) :

  1. civilisation proto-indoue
  2. civilisation proto-perse
  3. civilisation égypto-caldéenne
  4. civilisation gréco-latine : impact christique, jusqu’au 15 ème siècle (temps de formation du moi)
  5. époque moderne : anthroposophie
  6. reste deux autres époques à venir …

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Le plus difficile pour moi fut sans doute de concevoir que « l’énergie cosmique pénètre chez la vache par ses cornes pour se concentrer ensuite dans sa vessie » (cf. « Physiologie occulte ») … tout cela me laissait quelque peu dubitatif ?!

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D’un autre côté, je percevais son approche comme étonnamment moderne, intégrant aussi bien :

  • une lecture logique des textes saints (ainsi, dans l’évangile de saint Jean, il traduit « Dieu est le verbe et le verbe s’est fait chair » par «  Dieu est information et l’information s’est faite protéine ! »),
  • une vrai spiritualité grecque (« connais-toi toi-même« ) et chrétienne (« aimez-vous les uns les autres« ),
  • qu’un abord très « chinois » des régulations physiologiques (conception psychosomatique tout à fait moderne)
  • et une véritable pensée écologique des interactions entre les milieux vivants.
  • une ouverture vers des principes modernes d’éducation

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J’ai donc « approché » la société anthroposophique durant plus de dix années, n’offrant deux séjours au Goetheanum et collectionnant les livres du maître et de ses disciples (ex.: G. GROHMANN et W. PELIKAN en Allemagne, V. BOTT et P. CAZES en France). J’ai ensuite enseigné les plantes médicinales dix ans au sein d’une formation de biodynamie (l’école d’agrobiologie de Beaujeu), ce qui m’a permis de rencontrer des chercheurs étonnants, dans les disciplines les plus diverses (agronomie, chimie, bactériologie, philosophie, élevage, boulangerie …) et de nous retrouver parlant un langage commun, qui est celui des causalités de ce monde, alors que l’enseignement classique se limite généralement aux manifestations et à leurs mécanismes.

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Dans les années 1986-87, désirant explorer la « micro-hétérogénicité » du sérum, j’ai étudié la méthode des « cristallisations sensibles » et donc réalisé plusieurs centaines d’examens : il existe une grande difficulté technique à obtenir des plaques utilisables (par exemple sur quatre plaques du même sang, souvent une seule est « lisible », les trois autres se révélant macro-vacuolaires). L’interprétation des images obtenues est, elle aussi, fort complexe et tout à fait subjective, car il est rare de trouver les images « typiques » de telle ou telle souffrance d’organe.

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           Impressions neuro-sensorielles et émotions

           ————— surface du sang —————

           Impressions métaboliques et alimentaires

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Si, comme je vous l’ai dit, certaines notions avancées dans des conférences de R. Steiner et de ses disciples me laissent encore rêveur, tout ce que j’ai pu expérimenter de cet enseignement s’est avéré exact. Mais ce qui peut paraître le plus étonnant, c’est que les avancées les plus récentes de la science confirment sa « vision » du monde : la théorie du « big bang » (en astronomie : cf. les éthers) comme les travaux de Prigogine (prix Nobel de chimie : les « forces formatrices« ) et de R. Shelton (en biologie : les « champs morpho-génétiques« ) semblent d’ailleurs aussi lui donner raison.

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1714 : G. W. Von LEIBNEIZ, inventeur du calcul différentiel et intégral, disait déjà « qu’une réalité métaphysique sous-tend et engendre l’univers matériel« .

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1947 : D. GABOR emploie ces calculs pour décrire la possibilité d’une photographie tridimensionnelle : l’hologramme, qui ne sera réalisé expérimentalement que beaucoup plus tard. Qu’est-ce que l’holographie ?, c’est une méthode de photographie sans lentille dans laquelle le champ ondulatoire de lumière diffusé par un objet éclairé par deux sources laser (lumière cohérente) est enregistré sur une plaque en tant que pattern d’interférence. Quand l’enregistrement photographique (hologramme) est regardé à la lumière, le pattern ondulatoire est visualisé par l’apparition d’une image tridimensionnelle. Second aspect extraordinaire de l’image holographique : n’importe quelle partie de l’hologramme reconstruira l’image entière, mais plus l’ensemble sera important, plus détaillée sera l’information.

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Dans le concept de l’hologramme, nos cerveaux construisent mathématiquement la réalité « concrète » en interprétant des fréquences venues d’une autre dimension, un domaine de réalité primaire, structurée, signifiante. Chaque aspect de l’univers est capable de connaissance, tous les aspects sont inter-reliés. La taille et la complexité ne sont pas des facteurs déterminants dans le domaine de l’information. 

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La structure de l’hologramme est la récurrence : les mêmes aspects vont se retrouver à tous les niveaux du monde perceptible. Le concept des fractales a apporté dans le domaine de la géométrie l’application même des lois de l’hologramme (les objets fractales ont la propriété de se reproduire similaires à eux-mêmes en changeant d’échelle, ex.: la croissance cristalline dendritique, l’arborescence des végétaux …). « La science, c’est remplacer du visible compliqué par de l’invisible simple » dit M. Planque.

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  la tripartition et les cycles

 

Sa pensée féconde m’a grandement éclairé dans l’étude de tous les remèdes de la Matière médicale homéopathique et de leur succession logique dans le parcours du malade, dans la mise au point de l’homéopathie gazeuse (suggérée par Steiner dans ses « conférences aux agriculteurs « ), comme dans l’élaboration des BNS, examens qui est en fait une sorte de « cristallisation sensible » quantifiée, permettant d’appréhender au mieux le déséquilibre des forces en action au niveau des tissus vivants (en numérisant sens et longueur des différents vecteurs qui les traversent).

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Contrairement à certaines critiques qui lui sont faites, la société anthroposophique m’est toujours apparue comme une école philosophique, sans aucune pratique sectaire : tout le monde y est accepté sur un plan d’égalité, toutes les opinions y sont écoutées et l’association ne fait aucun prosélytisme, au contraire, « il faut mériter » par ses lectures et réflexions l’enseignement médical et les produits du laboratoire Weleda.

 

« Il n’y a de vent favorable que pour les marins qui savent où ils vont  » Sénèque.

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Mais tout le monde n’est pas de cet avis : « L’anthroposophie, discrète multinationale de l’ésotérisme« , par Jean-Baptiste Malet (Le Monde diplomatique, juillet 2018). Voici un curieux article très critique, qui ne soulève que les aspects anecdotiques de la pensée de notre ami Rudolf. L’intérêt de l’abord systémique des grandes questions de notre temps n’est même pas évoqué : pauvre journaliste ! Et pauvre rédaction qui nous a interdit de le reproduire ici …

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Certes, R. STEINER qui a abordé tant de sujets (de la religion, à la politique, en passant par l’écologie, l’éducation et la médecine …), parlait surtout par « concepts », il ne faut donc sans doute pas prendre certaines de ses déclarations (qui ont mal vieilli) au pied de la lettre, mais on peut dans ce contexte relever …

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— Le fantasme de « civilisation de l’Atlantide », dont on sait à présent qu’il ne s’agit que du royaume de Santorin et de l’île de Crête, balayés par une éruption et un tsunami, cause d’ailleurs des « 7 plaies d’Egypte » !

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— Sa description des différentes phases de l’évolution terrestre : « ancienne lune … » etc… ne correspondent à rien de scientifique (Darwin venait de publier son « évolution des espèces » ?!) et l’on a du mal à comprendre à quoi la rattacher à ses autres (parfois brillantes) démonstrations.

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— Il a aussi dit que la littérature française était décadente parce que la France avait accepté d’accueillir trop de « nègres » ! R. Steiner ignorait sans doute que parmi ses contemporains, il y avait Senghor et pas mal d’autres écrivains d’origine africaine qui ont enrichi la culture française. Une telle incompréhension vient sans doute du fait qu’il est de tradition germanique (autoritaire/inégalitaire), confronté aux francophones de tradition révolutionnaire (libertaire /égalitaire), qu’il ne comprenait pas bien !

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— A noter aussi sa conférence sur les « races » : les « jaunes, les bruns, les rouges« , les deux dernières étaient des « races moribondes », mais bien sûr, les blancs étaient parfaits !!! 

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— Dans sa conférence du 14.2.23 il dit (je traduis de l’allemand) :« La décadence de la culture populaire française se voit dans la langue française pousse l’âme fortement à la surface de l’être humain. Pas de vraie relation avec l’intériorité. L’âme est commandée. Au moment de prononcer, quelque chose se fige. Langue qui viole, conduit vers le creux, Culture formelle se figeant.» … il y a des anthroposophes français qui n’y trouvent rien à redire …

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— Steiner a aussi dit que la planète Mars était une „gallertartige masse“ (masse gélatineuse) !

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Comment cela est possible ? Il faut comprendre le contexte de l’époque, dans un fantasme pangermanique de domination spirituelle du monde, baigné de mythes et légendes des peuples du nord … 

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En fait Steiner a peu rédigé, l’essentiel de ses « écrits » (une centaine de livres quand même !) sont des transcriptions des milliers de conférences qu’il a réalisé. Quelques erreurs y ont d’ailleurs été relevées de son vivant …

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Dernière réalisation originale : le « Banque éthique » en Suisse (Bâle) : la Frei Gemeinschaft Bank  … https://gemeinschaftsbank.ch/

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https://www.aether.news/anthroposophie-rudolf-steiner-lennemi-jure/

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Il y a un autre problème, mais avec ses disciples … ceux-ci ne veulent pas évoquer la moindre possibilité de revisiter ou dépasser la pensée du maître ! 

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La tentation matérialiste : 

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Bibliographie

R. Steiner sur youtube (en anglais) :

https://www.youtube.com/watch?v=ks8VwzFTHoM

http://www.youtube.com/watch?v=h591vL3EkhI

http://www.youtube.com/watch?v=Ab9dh1ggM2c

Et beaucoup d’autres sites … https://www.apma.fr/boutique/

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Et même une revue en langue française :

 

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