Print Friendly, PDF & Email

Réussir sa vie de famille

.

Être un héros, le premier besoin de l’homme et de la femme, selon Otto Rank

.

Héros dans son pays, sa ville, sa rue, sa maison, sa famille, sa chambre, ou même simplement dans son imagination : peu importe. Il faut qu’il soit quelque part le héros de quelqu’un. Si vous n’êtes le héros de personne, pas même de vous-même, alors vous vous sentez forcément submergé de sentiments négatifs.

.

Depuis la nuit des temps, les hommes se racontent des histoires, des mythes, où des héros affrontent des monstres, des dragons, des épreuves en tout genre, y compris des épreuves intellectuelles (les énigmes posées à Œdipe par le Sphinx).

Rien n’a changé aujourd’hui. Nous passons un temps incroyable dans notre vie à suivre les histoires de James Bond contre les méchants, de Pinocchio contre la baleine Monstro qui a mangé son père, du Petit Poucet contre l’ogre, de Tom Cruise contre ses ennemis dans Mission Impossible, d’Harry Potter contre Voldemort, d’Indiana Jones contre les pilleurs de tombes, etc., mais aussi les aventures tout aussi fantaisistes de nos politiciens, sportifs, têtes couronnées et célébrités diverses.

Nous nous intéressons à ces histoires, elles font battre notre cœur, nous font tout oublier, parce que nous nous assimilons au héros par l’imagination. Nous sommes dans sa peau et nous menons son combat, de façon imaginaire. Le triomphe du héros, qui transforme une situation désespérée en une victoire, nous procure la joie la plus intense.

.

Petit problème : pour être un héros, il faut avoir un ennemi.

L’ennemi permet au héros d’exister. C’est lui qui va révéler sa force, son habileté, son intelligence, son courage. Hercule ne serait rien sans ses douze travaux. Les ennemis, ou les épreuves, nous sont indispensables pour exister. Sans défis, sans combats, sans défaites, nous aurions tous la psychologie d’un enfant colérique de 3 ans, qui n’a pas encore appris à maîtriser ses émotions, à dominer ses frustrations.

Les épreuves nous construisent et nous permettent de révéler nos forces aux autres, mais aussi, plus important encore, de les révéler à nous-mêmes. Nous faire prendre conscience de notre force et de nos pouvoirs, que nous ignorions. Avoir des ennemis est nécessaire pour nous transformer en héros.

Plus l’ennemi est implacable, plus il nous oblige à puiser dans nos talents cachés, à les exprimer, pour les faire advenir dans le monde réel. L’ennemi, en dépit des apparences, est donc en réalité notre allié. Il nous sert de marchepied, ou plutôt de tremplin, sans lequel nous n’aurions jamais pu triompher.

.

À petit ennemi, petit héros. À grand ennemi, grand héros. Nous avons toute notre vie pour apprendre à mieux combattre. Comme le samouraï qui affronte des ennemis de plus en plus redoutables, comme le karatéka qui passe la ceinture jaune, puis l’orange, la verte, la bleue, la marron et enfin la noire, nous devenons meilleurs dans le combat.

Pour nous préparer au combat… ultime. Celui de la maladie et de la mort. Le philosophe Michel de Montaigne disait avoir passé toute sa vie à se préparer à mourir : « Philosopher, c’est apprendre à mourir. »

Qui peut prétendre y parvenir ? Qui peut réussir comme un autre grand philosophe, Socrate, à être tellement sage qu’il n’a plus peur de rien, qu’il peut affronter la mort sans trembler ? Socrate, raconte-t-on, fut condamné à mort et passa ses derniers moments à réconforter ses amis.

Faisons de notre mieux, mais sans non plus être trop sévères avec nous-mêmes. La personne qui n’a pas connu l’épreuve du feu et n’a pas encore eu le temps de mûrir ne pourra pas, bien sûr, voir le côté « positif » du cancer. Elle se laissera facilement détruire par cet ennemi trop violent pour elle. Mais il est important de savoir, au moins en théorie, que cela est possible, même si cela paraît extrêmement difficile.

Cela permet d’envisager toutes les épreuves de la vie comme, potentiellement, une occasion de progresser. Même quand nous ne voyons aucune lumière au bout du tunnel, il est bon et réconfortant de savoir que c’est peut-être seulement à cause de nos yeux, qui ne voient pas assez bien.

.

.

La maladie …

Selon une étude publiée dans la revue médicale American Journal of Epidemiology, les hommes qui pensent que leur femme ne les aime pas ont trois fois plus de risque que les autres de développer un ulcère d’estomac. (1)

D’autre part, sur mille femmes à qui l’on venait de diagnostiquer un cancer du sein, on a recensé deux fois plus de décès au bout de cinq ans parmi celles qui ont assuré recevoir peu d’affection dans leur vie. (2)

Enfin, parmi les hommes souffrant de maladie cardiaque, ceux qui s’estiment aimés par leur femme présentent deux fois moins de symptômes que les autres, a indiqué une autre étude. (3)

Si vous posez la question à un médecin, il vous donnera des explications scientifiques à ça. Il vous expliquera que notre cerveau et nos émotions jouent un rôle majeur sur notre rythme cardiaque et notre système immunitaire, qui est dirigé par les hormones produites par l’hypophyse, une glande dans le cerveau.

Et c’est vrai : les idées noires, le sentiment de ne pas être aimé, perturbent la réponse immunitaire, mettent les artères sous pression, et entraînent la production d’acides dans l’estomac, qui peuvent favoriser un ulcère . Réciproquement, se sentir bien, et en particulier se sentir aimé (par son conjoint mais aussi par les autres membres de sa famille et ses amis) stimule les capacités d’auto-guérison du corps.

Mais finalement, peu importe, la question urgente, ce ne sont pas les mécanismes, c’est : comment exprimer votre amitié ou votre amour aux personnes qui vous entourent, et en particulier à celles qui souffrent ou qui sont malades, pour les aider à guérir ? Car le problème, bien souvent, n’est pas tant que nous manquons d’amour pour les autres, mais plutôt que nous peinons à trouver les moyens justes de l’exprimer.

.

Les cinq langages de l’amour

Selon le psychologue et thérapeute de couples Gary Chapman, nous n’avons pas tous le même moyen d’exprimer notre amour et cela peut provoquer de dramatiques malentendus. Il existe cinq façons d’exprimer son amour : (4)

— Chez les uns, ce sont les PAROLES VALORISANTES (langage n°1) : « Tu es superbe avec cette tenue » ; « Ton repas est délicieux » ; « Tu es un très bon bricoleur » ; « Je te remercie pour l’aide que tu m’apportes… ».

— Chez les autres, ce sont les MOMENTS DE QUALITÉ (langage n°2), c’est-à-dire des moments où l’on stoppe toute activité pour s’occuper de l’autre, en allant au restaurant ou en se promenant juste à deux.

— Certains sont plus sensibles aux CADEAUX (langage n°3), qui sont bien sûr un excellent moyen de dire « je t’aime ». Les cadeaux n’ont pas besoin d’être onéreux. Cela peut-être un bouquet de fleurs ou le tee-shirt qui lui avait plu dans la vitrine mais qu’il n’avait pas osé acheter. Les enfants n’hésitent d’ailleurs pas à nous montrer qu’ils nous aiment en nous offrant un bricolage fait de leur main ou un bouquet de fleurs cueillies dans les champs.

— RENDRE SERVICE (langage n°4) est une clé qui marche particulièrement bien pour d’autres. Gary Chapman explique : « J’entends par là tout ce qui, à votre connaissance, ferait plaisir à votre conjoint : cuisiner, mettre la table, passer l’aspirateur, nettoyer, changer les couches du bébé, repeindre la chambre à coucher, entretenir la voiture. » (pages 78-79).

— Enfin, le cinquième langage, c’est bien sûr le TOUCHER PHYSIQUE, les caresses, pas seulement à visée sexuelle : main posée sur celle du conjoint au moment du café, être assis l’un contre l’autre en regardant la télévision, s’embrasser à chaque feu rouge…

Pour être sûr que votre amour soit évident pour ceux que vous aimez, vous devez vous assurer que vous utilisez bien le ou les langages qu’ils comprennent !

.

Jeux pour déterminer quel est votre langage, et celui de votre conjoint

LE JEU DU RÉSERVOIR PLEIN :

L’un dit à l’autre, et pour chaque langage (paroles valorisantes, moments de qualité, services rendus, cadeaux, caresses) : « Sur une échelle graduée de 0 à 10, à quel niveau de remplissage estimes-tu ton réservoir émotionnel ? » Après la réponse, demander « que puis-je faire pour faire monter le niveau ? » Inverser les rôles de manière à ce que chacun ait son réservoir émotionnel plein.

.

POUR ALLER PLUS DANS LE DÉTAIL, chacun peut ensuite se poser les questions suivantes :

  • Qu’est-ce qui me blesse le plus dans ce que mon conjoint fait ou omet de faire ?
  • Qu’ai-je le plus souvent réclamé à mon conjoint ?
  • Quelle est ma façon d’exprimer généralement mon amour à mon conjoint ? Si, par exemple, vous choisissez d’habitude de lui rendre service, il est probable que vous estimerez son amour au nombre de fois où, lui aussi, vous a rendu service. Mais n’a-t-il pas plus souvent cherché à exprimer son amour par un des quatre autres moyens, sans que vous n’y prêtiez assez d’attention ? (paroles valorisantes, moments de qualité, cadeaux, caresses ?).

.

Enfin, posez-vous la question : quel serait le conjoint idéal pour moi ? Si j’avais le conjoint parfait, quelles seraient ses qualités ? Le portrait de ce conjoint vous indiquera le ou les langages auxquels vous êtes le plus sensible.

Si vous avez l’impression d’avoir connu des jours heureux avec votre conjoint, et que les choses ont changé, demandez-vous : « A l’époque, qu’est-ce que j’aimais particulièrement chez mon conjoint ? Que disait-il, que faisait-il qui nourrissait mon désir d’être près de lui ? » Ces souvenirs peuvent vous donner une idée de ce qui était le langage d’amour qui vous parlait le plus clairement.

.

Les langages de l’amour s’appliquent aussi aux enfants

LES PAROLES VALORISANTES sont faciles à trouver quand l’enfant est tout petit. Mais la communication entre un adulte et un enfant risque vite de s’appauvrir de façon tragique si l’on n’y prend garde.

  • Ta journée s’est bien passée ?
  • Oui !
  • Tu aimes bien ta maîtresse, cette année ?
  • Ça va.
  • Tu t’es fait des copains ?
  • Oui !
  • Ils sont gentils ?
  • Oui !
  • C’est bientôt les vacances. Tu es content ?
  • Ah oui !
  • Et tu as eu de bonnes notes cette année ?
  • Parfois oui, mais pas toujours.
  • Et tu fais toujours du foot ?
  • Oui !
  • Bon, c’est bien.

.

Cette façon de « communiquer » avec son enfant est évidemment catastrophique à long terme car c’est une fausse communication. L’enfant n’apprend rien, l’adulte non plus. Pas d’échange, pas d’enrichissement mutuel, pas d’émotion qui passe : aucune relation ne se construit, donc.

.

Un moyen beaucoup plus efficace de démarrer la conversation avec un enfant, y compris s’il est tout petit, est de lui faire part en toute simplicité, et bien sûr avec la retenue qui s’impose, de choses intéressantes de votre vie : « Bonsoir Soraya, j’espère que ta journée s’est bien passée. De mon côté, je suis arrivée en retard au travail ce matin parce qu’il y avait un terrible accident sur la route (blablabla…). Au bureau, un client furieux m’a téléphoné : on lui avait livré une plante tropicale à la place d’une perceuse électrique (blablabla…). »

Vous verrez que l’enfant ne perdra pas une parole des « aventures » que vous lui confierez et, très probablement, il se mettra à parler spontanément des choses qui sont importantes pour lui, sans que vous ayez à lui tirer les vers du nez, lorsque vous vous arrêterez.

.

LES MOMENTS DE QUALITÉ : cela peut consister bien entendu, à accepter de faire un jeu avec lui qu’il aime beaucoup, voire faire une sortie avec lui, mais le moyen le plus efficace est de consacrer un peu de temps (et de réflexion…) à lui faire découvrir une chose importante de votre existence, par exemple, votre métier.

Trop d’enfants n’ont aucune idée concrète de ce en quoi consiste vraiment la profession de leurs parents. Pourtant, même si votre activité est particulièrement difficile à concevoir pour un petit (chef de projet webmarketing, par exemple), réfléchissez et vous vous apercevrez qu’il y a malgré tout de nombreuses « petites » choses que vous faites souvent et qu’un enfant peut parfaitement comprendre. Prendre le temps d’introduire ainsi un enfant à cette partie de votre vie est un moyen fantastique de le faire grandir.

.

LES CADEAUX : vous me permettrez de me passer de commentaire sur ce sujet, à une époque où il ne semble pas que les enfants manquent de cadeaux, bien au contraire…

.

LES SERVICES RENDUS : si pour certains enfants les baigner, les habiller, laver leur linge, les aider à faire leurs devoirs, réparer leur vélo, leur préparer le petit déjeuner le matin est normal, pour d’autres, c’est aussi l’expression de l’amour de leurs parents.

.

LE TOUCHER PHYSIQUE : vaste sujet, passionnant. On sait aujourd’hui que les bébés prématurés qui ne sont pas régulièrement caressés ne grandissent pas. Les enfants adorent se blottir, se nicher, se faire gratter et cela fait partie de leurs besoins physiologiques. Le problème se corse à l’adolescence mais, en insistant un peu, vous pouvez parvenir à convaincre votre adolescent des bienfaits du massage dorsal par exemple.

Autant de façons de faire grandir l’amour dans votre famille et votre entourage!

.

Sources
  • J. H. Medalie, K. C. Stange et coll., in American Journal of Epidemiology, 1992, vol. 136.
  • P. Reynolds, P. T. Boyd et coll., in Cancer Epidemiology Biomarkers & Prevention, 1994, vol. 3.
  • J. H. Medalie and U. Goldbourt, in American Journal of Medicine, 1976, vol. 60.
  • Gary Chapman, Les Cinq Langages de l’Amour, Les actes qui disent je t’aime, 1997.

Inscrivez vous à notre newsletter !

Vous appréciez les articles de notre site ?

Vous vous intéressez à la santé naturelle et à la médecine fonctionnelle ?

Laissez nous votre email pour recevoir toutes les semaines des articles, des infos et des conseils