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R. Steiner 

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« Tout ce qui est vivant dégage autour de lui une atmosphère … L’universel et le particulier coïncident : le particulier est l’universel manifesté dans certaines conditions … Avec quelque organe secondaire, la lumière se crée un organe. Celui-ci devient son égal : c’est ainsi qu’il se forme à la lumière, pour la lumière, afin que la lumière interne rencontre la lumière externe … Les choses terrestres et célestes forment un si vaste empire que seuls les organes de tous les êtres ensemble peuvent les saisir … Chaque créature n’est qu’un ton, qu’une nuance dans une vaste harmonie. Il faut étudier cette harmonie dans son ensemble, sinon chaque chose particulière n’est que lettre morte » Goethe.

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A Paris en l’an 2000, la commission parlementaire d’évaluation des sectes (présidée par un député communiste !) rendait son rapport : L’anthroposophie était un « mouvement sectaire à références astrologiques« , mais peu dangereux (sic !), car la seule bizarrerie antisociale relevée de la part de quelques-uns de ses membres était la création du « front de libération des nains de jardin » . Voyons un peu de quoi il s’agit vraiment …

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rudolf-steiner                                                                                                                    Rudolf STEINER (1861-1925)

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Il est né en Croatie et était le fils d’un libre-penseur autrichien, employé des chemins de fer. Dès l’âge de 7 ans, il percevait des impressions subtiles venant d’un monde spirituel, qui se cachait derrière les pierres, les arbres, sensations qu’il cultivait en allant herboriser avec un ami paysan montagnard … Son père désirant en faire un ingénieur des chemins de fer (c’était l’aéronautique de l’époque !), il l’envoya au collège technique supérieur de Vienne, où il étudia la physique, la chimie et la biologie dont il sorti diplômé en 1883.

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Ayant travaillé l’optique et la biologie sur les expériences de Goethe (1749-1832), il découvrit que celui-ci jetait un pont entre la nature et l’esprit. De 1889 à 1996, il fut invité à collaborer à la grande édition des œuvres complètes de Goethe, dont la publication commençait à Weimar. Il s’y installa donc pour étudier les archives goethéennes et y rencontrer les chercheurs, artistes et poètes qui y travaillaient déjà. En 1891, il obtient son doctorat de philosophie pour : « Les bases d’une théorie de la connaissance dans la conception du monde de Goethe« , où il fait un sort à l’approche de Kant.

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Un ingénieur et philosophe bien particulier …

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En 1893, voulant appliquer les méthodes d’observations scientifiques à la philosophie, il publie « La philosophie de la liberté« , qu’il a toujours considéré comme son oeuvre principale. Puis il travaille sur l’œuvre de Schopenhauer.

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Agé de 35 ans, il développe son approche sensible du monde et, au lieu de rester muet, il décida de « dire tout ce qu’il était possible de dire« , car « en tout homme sommeillent des facultés grâce auxquelles il peut acquérir la connaissance des mondes supérieurs« . Sa vision spirituelle est intéressante : d’un côté des « êtres ahrimaniens » (à l’intelligence froide et matérialistes : l’erreur idéologique des défauts de l’AVOIR), de l’autre « les lucifériens » (sentimentaux, ardents et égoïstes : la tentation narcissique des troubles de l’ETRE) et une voie ouverte entre les deux, celle du christianisme (voie de l’amour, non rattaché aux confessions existantes et admettant la réincarnation de l’esprit) ! A partir de ce moment, il développa son activité d’écrivain et de conférencier indépendant.

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Au sein de la société théosophique, dont il est le secrétaire pour les pays de langue allemande, il rencontre le français Edouard SCHURE, auteur de « Les grands initiés, esquisse de l’histoire secrète des religions » et de quelques autres ouvrages intéressants.

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Sa sensibilité était particulière, ainsi à plusieurs reprises il eu conscience de l’exact moment de la mort lointaine d’être chers. Une autre fois, à Londres, il interrompit une ballade pour pénétrer dans une maison proche où un parfait inconnu était en train de mourir !

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C’est à Berlin, au cours de ces conférences « ésotériques » (c’est à dire sur la nature suprasensible de l’homme) qu’il rencontre les membres les plus influents de la « société théosophique« . Ceux-ci lui confient la direction de la section allemande en 1902. Durant les années qui vont suivre, il développa sa vision des choses, qui était une somme de connaissances, présentés sous forme de notions, d’idées, de faits qui peuvent être compris par la simple raison, de sorte que la liberté du lecteur ou de l’auditeur se trouvait pleinement respecté. Les bases de l’anthropo (homme) sophie (sagesse) sont jetées dans « L’initiation » (= purification + illumination) et « La science occulte« . Puis il réalise un premier cycle de conférences sur les Evangiles.

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En 1913, l’anthroposophie (section allemande) se sépare de l’école théosophique (majoritairement anglophone – de Annie Besant) qui mène alors campagne en faveur d’un jeune brahmane hindou : J. Krishnamurti (1895 – 1986), dans lequel les dirigeantes voient une sorte de messie potentiel !

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Entre 1909 et 1911, aux États-Unis, Max Heindel pose les bases de la Rosicrucian Fellowship (« Association rosicrucienne »). L’ouvrage de référence de cette association est la cosmogonie des Rose-Croix, portant sur le mystère du Monde. Max Heindel a fondé son mouvement après un voyage en Allemagne pour rencontrer Rudolf Steiner. Harvey Spencer Lewis fonde « l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix » ou AMORC en avril 1915 aux États-Unis.

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La première assemblée générale de la Société anthropo-sophique a lieu les 2 et 3 février 1913. Le 20 septembre, il pose la première pierre du futur Goethéanum, à Dornach (Suisse), ci-dessous un des rares batiments restant de ces constructions en bois.

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Le développement de l’anthroposophie s’effectue dès lors dans de nombreuses directions et d’abord vers l’art : les « mystères dramatiques » dont le premier fut « La porte de l’initiation » joué à Munich en 1910, suivi de « L’épreuve de l’âme« , « Le gardien du seuil » et « L’éveil des âmes« , quatre pièces qui forment une suite continue. Elles exposent les liens que noue la destinée de différentes personnes, les rencontres avec les êtres de mondes spirituels et leur confrontation avec leurs propres incarnations passées, cheminement douloureux vers la conscience de soi et une communauté de vie plus harmonieuse au service de l’humanité.

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PetitPrince

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Cherchant un théâtre, des membres proposèrent un terrain près de Bâle (en Suisse). Un travail d’architecte commença alors, car il était désireux que les formes de l’édifice parlent un langage nouveau, matérialisé par une double coupole (une petite pour la scène et une grande pour la salle de spectacle, 1000 spectateurs). Chaque pièce unique, représentant les forces cosmiques, était sculptée dans le bois et peinte de couleurs lumineuses.

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En 1914, il se mariait avec Marie de Sivers, d’origine russe, sa compagne archiviste des débuts difficiles. Tous deux en 1915 vont commencer par mettre en scène « Faust » de Goethe, puis développer un cours d’Eurythmie (forme européenne du Qi-cong et du Tai-Qi), alliance de mouvements précis avec des qualités sonores et verbales, destinée au « remodelage psychique ». Ce Goetheanum, qui n’est pas un temple, était conçu comme une symphonie de formes et de symboles.

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La construction du Goetheanum attira plus encore l’attention du public sur le mouvement anthroposophique. R. Steiner n’imposait à personne une tâche : les gens venait à lui et lui demandaient conseil. Il les aidait alors avec joie, mais c’était à eux de prendre les décisions. Voici comment sont nées les réalisations « filles de l’anthroposophie »:

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—> L’anthroposophie politique : Ce mouvement, basé sur la « tripartition du corps social » se développa à l’initiative de quelques disciples dans le contexte des souffrances de la première guerre mondiale et de la révolution bolchevique. Pour lui, la véritable cause de la guerre n’était pas l’agressivité des états, mais la dangereuse confusion des intérêts politiques, économiques et culturels. Rapprocher les peuples dans chacun de ces domaines et travailler sur une réforme sociale, permettraient d’éviter les futurs conflits. Après la guerre (1919), il publia « Le triple aspect de la question sociale » où il proposait l’association des producteurs et des consommateurs au lieu d’une lutte pour un profit immédiat.

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—> La pédagogie : lors de conférences, les ouvriers de la fabrique de cigarettes Waldorf-Astoria entendirent parler de pédagogie, tous désiraient pour leurs enfants une nouvelle sorte d’éducation. Le directeur fournit des locaux et pria R. Steiner de la formation des professeurs. L’école Waldorf développait les sentiments et la volonté, en intégrant dans toutes les matières enseignées un élément artistique (peinture, chant …). En 1925, l’école comptait 900 élèves et de nombreuses « succursales » existaient déjà. Aujourd’hui les enfants sont reçus dans plus de 90 établissements de 20 pays différents.

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—> La botanique et l’écologie : suite à l’approche originale de Goethe, qui met en avant les dysmorphies comme moyen d’étude du monde végétal, ces travaux sont continués par ses disciples (G. Grohmann et W. Pelikan).

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—> La médecine : dans son livre « Physiologie occulte« , il montre que la recherche spirituelle peut apporter une nouvelle perspective du fonctionnement de l’être humain. De 1920 à 1925, il entreprit avec de nombreux médecins de développer des approches thérapeutiques nouvelles : « La maladie nous révèle, comment s’exerce d’une façon anormale (dans le sens d’une intensification ou d’un affaiblissement), ce qui doit agir continuellement dans l’être humain pour que celui-ci puisse vivre en tant qu’être spirituel« . En 1921, il ouvre à Dornach, avec l’aide de la doctoresse Ita Wegman, d’origine hollandaise, un institut clinique et thérapeutique, ainsi qu’un laboratoire pharmaceutique spécialisé dans la fabrication de remèdes complexes en DH (l’actuel Weleda, Wala en Allemagne). L’eurythmie curative, L’art-thérapie (peinture et modelage) y apportent une nouvelle approche psychothérapeutique, reprise actuellement dans plus de 100 maisons spécialisées à travers le monde.

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Voir : https://www.anthroposophie.ch/fr/medecine/sujets/articles/ quest-ce-que-la-medecine-anthroposophique.html

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—> Le mouvement de rénovation religieuse : quelques théologiens demandèrent à R. Steiner s’il pouvait les aider à renouveler le rituel chrétien, il y répondit par quelques conférences éclairant la lecture de l’histoire sainte (Le cinquième évangile) et la célébration des sacrements. Une « communauté des chrétiens » se développa, mais son action et ses buts on toujours été distincts de la société anthroposophique qui n’est pas un mouvement religieux.

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—> L’agriculture bio-dynamique : répondant à la demande d’agriculteurs, il fit une série de huit conférences qui constituent son « Cours aux agriculteurs« , pour une conception nouvelle de la nature et de la coopération entre le sol, l’eau, le rayonnement solaire, la vie animale et la croissance des plantes. Le travail effectué dans les fermes bio-dynamiques est maintenant à la disposition des consommateurs de divers pays sous la marque « produits Demeter« .

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—> L’analyse biologique à visée agricole et humaine) nécessitait des méthodes d’évaluation de l’effet des « forces éthériques ». Un laboratoire fut installé pour développer deux méthodes : « la méthode capillaire dynamique » (L.Kolisko) qui permet de caractériser les solutions métalliques en fonction des passages planétaires et « la méthode des cristallisations sensibles » (E. Pfeiffer), qui explore l’effet organisateur de substances organiques colloïdales (sève, lait, sang …) sur l’évaporation (une dizaine d’heures) de solutions de sels métalliques (chlorure de Cu). La forme des images ainsi obtenues pouvant se révéler hautement évocatrice de maladies particulières.

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AnthroPO

L’incendie du premier Goetheanum (qui eu lieu la nuit du 31 décembre 1922) marque le point culminant des violentes attaques dont son oeuvre était l’objet. L’année suivante fut fondée la « Société anthroposophique universelle« , institution aux portes ouvertes à tous, sans engagement, destinée à encourager l’investigation dans le domaine de l’esprit.

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En 1924, il fit la maquette du second Goetheanum, en ferro-ciment (matériau composite révolutionnaire pour l’époque), sans angle vif ni symétrie … puis, souffrant, il donna sa dernière conférence en septembre 1924, il avait déjà écrit une vingtaine de livres et fait plus de 5900 conférences. Il s’endormit le 30 mars 1925. « L’initié a donc du s’efforcer d’atteindre avant l’heure le but qu’en réalité poursuit toute l’humanité : celui de réaliser une paix entière entre les hommes, une harmonie et une fraternité qui surmonte toutes les barrières » R. Steiner.

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Dans les années qui suivirent, le 3ème Reich s’opposa immédiatement au courant de pensée anthroposophique, fit fermer les écoles Waldorf puis, après une tentative d’attentat contre Hitler par un de ses membres, persécuta l’ensemble des membres de la société anthroposophique, ceux-ci allant rejoindre les premiers juifs allemands et les communistes dans les camps de concentration !

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Les différentes sphères de conscience, de l’homme aux archanges … Schéma de R. Steiner.

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Sur Facebook : Rudolf Steiner – Anthroposophie

Voir aussi : La médecine anthroposophique 

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