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Voici quelques infornations à propos du « plein » et du « vide ». Elles sont tirées de l’ouvrage de : Jean Schatz, R.P. Claude Larre et Elisabeth Rochat de la Vallée (tous éminents sinologues), intitulé « Aperçus de Médecine chinoise traditionnelle« .
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Le VIDE. En occident, la notion de « vide » parle peu à l’esprit. On a le sentiment que, puisque c’est vide, il n’y a rien à dire. Le vide, c’est un peu le néant. Mais les chinois ne partent pas des mêmes impressions que nous. Si quelque chose est « vide » c’est qu’elle a été vidée : ce qu’il y avait dedans a disparu. C’est comme une scène de théâtre qui est vide, à un moment, mais qui va sûrement bientôt se remplir.
Ou alors, dans une perspective où le vide est strictement rempli de ce qui n’est pas perceptible… Il faut reprendre la grande « image » du Ciel/Terre. Entre le Ciel et la Terre se tiennent les « dix mille êtres », où se tient l’Homme.
On peut même aller jusqu’à dire que la Vie, c’est ce qui se passe dans le vide, parce que le reste, ce qui se passe dans le Ciel ou sur la Terre, n’est pas la vie, mais plutôt l’existence du Ciel/Terre.
Ces préliminaires visent à mieux faire entrer dans la notion de vide et à proposer cette équivalence : « le vide est le siège de la vie ».
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Les caractères qui représentent la notion de vide.
L’idée du caractère CHONG est celle d’un fluide qui est chassé violemment.
Ce qui est donné dans les textes chinois, c’est que l’être est adossé au Yin et porte le Yang sur le ventre. Entre les deux, les souffles sont chassés et c’est cela l’harmonie.
Pour un occidental, l’harmonie n’est pas une réalité ; c’est une manière de parler de deux choses qui sont correctement assemblées et qui donnent une impression heureuse. Mais dans la mentalité chinoise, l’harmonie c’est justement la Vie elle-même.
L’idéogramme CHONG est constitué de deux partie à gauche, le caractère de l’eau qui est présent ici en tant que constituant premier de la vie, mais également en tant que fluide par excellence.
La partie droite de l’idéogramme figure une cible carrée et une flèche qui touche le centre de la cible. Ce caractère, Zhong, c’est la flèche qui touche la cible exactement en son centre.
Note : lors d’un concours, celui qui n’a pas touché avec sa flèche le centre de la cible ne peut pas dire qu’il est un « tireur ». Il est tout juste quelqu’un qui lance des flèches ! De même un poète n’est pas celui qui écrit des vers, c’est seulement celui qui le fait avec justesse ; et pour celui qui pratique l’acupuncture seul celui qui touche le centre de la cible obtient le résultat, celui qui n’atteint pas le centre de la cible n’est qu’un « aiguillothérapeute » !
Toucher juste, dans la pensée chinoise, ne veut pas dire avec l’œil, avoir particulièrement bien visé le point à atteindre, c’est plutôt avoir mille fois fait le mouvement de rapporter l’œil au centre de la cible pour pouvoir tirer sans regarder.
Dans de nombreux textes, qui sont présentés comme autant d’anecdotes, on s’efforce de nous expliquer que c’est celui qui a laissé venir à lui, dans son esprit, dans son cœur, une sorte de perception juste des choses, de la réalité, (qui est « devenu un avec la cible ») qui réussit à toucher le centre !
Vous voyez donc ici les notions de Zhong (le milieu, le centre) et de chong, une des manières de rendre l’idée de vide… mais on voit bien que ce vide n’est pas tellement vide. A partir du moment où les Chinois admettent comme réalité fondamentale les « souffles », jamais ce qui est vide ne sera sans souffle ; mais ces souffles seront tellement harmonisés qu’ils vont pratiquement disparaitre.
Nous savons que celui qui est en bonne santé n’en sait rien. C’est lorsque la maladie arrive, se manifeste, (ce n’est plus « vide ») que l’individu prend conscience, s’aperçoit que quelque chose ne va plus. Nous comprenons par là de quelle nature est le vide médical auquel les chinois sont intéressés.
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Être adossé à la Terre, au Yin et faire face au soleil, au Yang, signifie qu’entre ces deux positions qui sont essentiellement corporelles, il y a ce qu’il faut pour laisser passer un souffle léger. Ce souffle prouve que l’individu est vivant et il suffit à la vie de l’individu.
Exhaler un souffle léger est rendu par l’idéogramme Xu. Ce même idéogramme sans la partie gauche (la bouche) c’est = le vide. Ce terme est le plus éloquent et le plus naturellement employé dans les textes médicaux. (Xu est beaucoup plus fréquent et important que Chong)
L’idéogramme décrit une colline dénudée sur laquelle passe le vent, ce haut plateau inculte ne contient rien, mais est propice à la circulation des souffles. La notion importante est donc celle des souffles réguliers, tranquilles plutôt que celle de vide, d’absence totale. Le vide, c’est lorsque les souffles les plus parfaits, faisant le moins de bruit sont là, dans l’organisme, dans le monde.
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Cet idéogramme représente l’arche de la voute céleste ; toit imposant, noble et sacré comme le toit d’un temple. Le son « Kong » en chinois évoque quelque chose de vain, de vidé, au sens ou une pièce est vide quand il n’y a plus personne dedans ; ce qui bien évidemment n’implique pas qu’il y ait une absence totale de souffles : le vide est la demeure naturelle des esprits subtils et légers.
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Les caractères qui représentent la notion de plénitude :
Le caractère « Shi » donne un sentiment de plénitude substantielle, de massif, mais surtout l’idée de la fructification qui arrive à la maturité dans ce qu’elle a de plus profond, de plus interne, du coté de la graine qui va donner le fruit. Shi, c’est ce qui est plein, c’est aussi ce qui est réel, ce qui est vrai, parce que ce qui est vrai c’est ce qui est parvenu à la plénitude de son être.
Dans les textes médicaux c’est le caractère Shi qui est le plus souvent associé au caractère Xu le vide. Xu et Shi forment un couple essentiel pour évoquer la plénitude et l’état de vide. Insérons tout de suite une remarque sur la possibilité de voir dans le vide non pas cette perfection de souffles, mais un manque réel, une asthénie (un manque de cohérence des souffles …)
Toutefois, cet emploi bien attesté et même très fréquent ne doit pas nous amener à généraliser et à enlever au caractère Xu les éléments caractéristiques qui sont du coté de l’écoulement régulier, paisible, parfait, harmonieux, bien joint dont le yin et le yang ne sont que les aspects alternatifs.
La réalité n’est pas Yin ou Yang ; elle est dans ce mouvement, dans ce souffles qui circulent dans le vide et que l’on aperçoit normalement grâce à une vision Yin ou une vision Yahg, selon le système des mécanismes dans lesquels on se trouve. C’est le processus de la pensée chinoise observant le réel. De même que Xu, vide a souvent le sens d’asthénie, de manque, de même Shi, plénitude est souvent utilisé pour désigner une plénitude qui confine au trop plein. Autrement dit, Xu et Shi deviennent facilement péjoratifs quand ils désignent un état au-delà de l’état normal, équilibré. Ce qui est « normal », c’est ce vide Xu qui est bon et cette plénitude Shi qui est bonne.
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L’idéogramme « Man » s’écrit avec le radical de l’eau à gauche (les trois gouttes d’eau) alors que la partie droite évoque une balance à fléau en bon équilibre.
Ce caractère « Man » est à rapprocher phonétiquement d’une situation de luxuriance et de barbarie. Quand les chinois voient des choses touffues, une végétation luxuriante, comme celle des régions du Sud, ils n’en sont pas nécessairement mécontents ; mais ils pensent aussi, par quelque coté que cela manque d’ordre, de clarté et d’organisation. Les gens qui habitaient les régions du Sud de la Chine étaient : « les barbares du Sud », on les désignait par un caractère qui se prononce aussi « Man », parce que ce sont des barbares qui habitent dans des régions touffues.
D’autres Barbares, à l’Est par exemple seront plutôt distingués par leur aptitude à tirer à l’arc et seront désignés par un nom qui rappelle cette qualité. Ces répartitions ne signifient pas que les Chinois ignoraient les différentes ethnies, mais ils préféraient les distribuer ainsi, systématiquement.
La plénitude Man, c’est l’idée de bien rempli. C’est la plénitude de remplissement. C’est quand on remplit une cuve à ras bord ; quand un autobus est complet, bondé. Il peut exister des aspects de la vie qui supposent cette forme de remplissage. Il existera aussi beaucoup de cas où Man désignera un trop plein, une exagération dans la manière de remplir.
La plénitude Man semble plus physique que la plénitude Shi. Elle évoquerait davantage un contenu, plutôt liquidien, dans un contenant.
Une autre façon de comprendre la différence entre Man et Shi :
Il est intéressant de revenir sur la dialectique entre les Zang et les Fu. Les cinq Zang entreposent l’essence, ils n’ont pas d’élimination; Pleins (Man) ils ne peuvent être remplis (Shi); Les six Fu transitent et transforment, ils n’entreposent pas; remplis (shi) ils ne peuvent être pleins (Man)
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Un troisième caractère est utilisé couramment pour rendre compte de la plénitude. C’est SHENG. L’idéogramme est formé avec une partie supérieure qui se prononce cheng et désigne l’accomplissement (si on ce réfère aux quatre saisons, c’est le travail de l’été) et une partie inférieure qui représente un vase.
Il ne faudrait pas interpréter cet idéogramme comme l’image d’un vase achevé. L’étymologie ne se fait pas en additionnant des notions, mais en les composant, suivant des principes exposés par les auteurs. Le caractère Sheng signifie que tout ce que ce vase peut contenir est là avec une certaine abondance ; on ne peut pas en mettre plus, et il y a même un léger débordement, comme quand les tiges et des fleurs débordent d’une jardinière. Le débordement, la luxuriance représentent l’essentiel du caractère Sheng.
C’est encore une autre forme de plénitude qui a quelque chose d’exagéré, de maximum par rapport à la plénitude Shi. Shi, c’est la graine qui donne finalement un fruit, mais on ne va pas plus loin. La plénitude Shi, quand elle n’est pas pathologique, est bien régulée et ne donne pas nécessairement une impression d’exagération, au contraire la plénitude Sheng déborde de toutes parts.
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Ying, c’est avoir en plénitude, excéder. L’idée est de contenir à la manière d’un vase (la partie inférieure de l’idéogramme est un vase) dans lequel monte le niveau du contenu. La progressivité de la plénitude, c’est-à-dire le remplissement graduel, appartient à la notion, sans être toujours explicité. L’image de la lune qui devient pleine le fait bien comprendre.
Notre but est de mettre à disposition des internautes (étudiants, professionnels de la santé et patients) les renseignements disponibles dans le domaine des médecines douces (en anglais, l’on parle de « complementary and alternative medicine »), au sein d’un concept global d’équilibre du terrain, pour qu’ils participent avec nous au débat ouvert sur la médecine de demain … dans une approche systémique de la santé, des symptômes et des remèdes !
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